Aimons le Cameroun : Disons la vérité à Paul BIYA
S’il y a une image qui m’a frappé lors de la visite papale au Cameroun, c’est bien celle de Paul BIYA, à genou pour se communier. Au-delà du geste à la limite mécanique de l’ancien séminariste, il y a dans cette attitude un message d’un homme d’Etat au faîte de sa puissance : Paul BIYA n’est pas différent d’un roi. C’est le message de la foi et de la soumission à Dieu. C’est aussi le message de l’humilité, de la reconnaissance de sa qualité de pécheur. C’est un mortel, au même titre que nous tous
Au crépuscule de la splendeur matérielle de son pouvoir, alors que le Patriarche envoie des signaux très clairs pour donner une splendeur spirituelle à sa vie, il y a des gens qui s’entêtent à essayer de le détourner de l’itinéraire immatériel qu’il semble résolument avoir décidé d’emprunter. Qu’une telle tentative de déviation provienne d’un agent occidental en la personne de François Mattei, cela ne surprend pas. L’occident est matérialiste ; mais que ce dernier trouve des relais locaux en la personne notamment du Ministre de l’enseignement supérieur, nous avons de réelle raison de nous inquiéter.
Un ramassis d’anecdotes, de cancans et de ragots
J’ai beau me retourner le cerveau dans tous les sens, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi un journaliste sérieux, travaillant dan un organe de presse sérieux (France Soir), dans un pays sérieux comme la France, avec un chef d’Etat original qui mérite d’être décodé ; pourquoi disais-je en ces moments difficile que traverse notre pays, ce monsieur nous « offre » un livre qui s’intitule Le Code BIYA. Un ramassis d’anecdotes, pour ne pas dire de cancans et de ragots. N’importe quoi au moment où la politique des Grandes ambitions marque le pas, face aux effets conjugués de la récession mondiale et de la mal gouvernance. Les Programmes présidentiels éprouvent toutes les difficultés du monde à prendre corps.
Ça nous rappelle le célèbre ouvrage, l’Enfant noire de Camara Laye, à un moment crucial de l’histoire du continent noir, lorsque les nationalistes réclament à corps et à cri les indépendances. C. Laye peint l’Afrique comme un petit enfant insouciant, jouant paisiblement et dangereusement avec un serpent derrière la case de son père. L’Afrique, en proie à des luttes de libération intéressait peu ou prou le célèbre écrivain.
M. François Mattei, votre livre n’est pas le bienvenu. En cette période ou notre pays est menacé par une crise économique provoquée par des occidentaux véreux, au moment où nous cherchons des solutions pour que nos populations, votre œuvre est détonante par son caractère soporifique. Vous voulez distraire et endormir les camerounais ? Après 27 ans de vie commune, vous ne pouvez rien nous enseignez concernant Paul BIYA, notre président. En cette période de crise, il y a une clique de personnes, aidées par leur relais locaux, qui profitent de la fébrilité ambiante pour voler l’argent des contribuables. Les productions comme Le Code BIYA, l’Agenda du Président, Jeune Afrique Economique spécial rentre dans cette communication de la fémania. C’est de la propagande, qui s’achète à coup de milliards. Le Cameroun est la vache à lait de ces promoteurs sans foi ni loi, dont les publications rivalisent en « griotisme », cupidité et escroquerie intellectuelle. Elles se discutent la palme d’or du chantage émotionnel. Combien d’exemplaires vous rachète –t-on ? Quelle est l’enveloppe allouée à ces mensonges qui tiennent lieu de publicités ?
Paul BIYA n’a aucun secret. Le mythe que l’on essaie de bâtir autour de sa personne et qui repose sur une information KILAV, relève tout simplement d’une stratégie de manipulation, avec pour objectif de lui donner l’impression que tout est beau dans le meilleur des mondes. Qu’il est le plus beau, le plus intelligent, le siège de la sagesse. Bref un démiurge, pourquoi pas Dieu le père en personne. « Tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute ». C’est la conclusion d’une fable célèbre d’un ancêtre de Mattei : l’arrière petit fils de Molière a bien compris la leçon du Renard au Corbeau. Cette leçon vaut bien une enveloppe. On le comprend.
Ce que nous ne comprenons pas par contre, c’est l’acharnement que met M. FAME NDONGO, à expliquer ce ramassis d’inepties, concoctées par un journaleux en mal de célébrité tropicale. Une flagornerie parfaitement inutile qui n’a pour unique mérite que de donner l’impression que nous sommes devant un intellectuel défaillant. A moins qu’il n’ait volontairement congédié l’analyse et l’objectivité au profit de la spéculation et des fantasmes. Pour les besoins de la cause. Il n’y a pas deux camps de camerounais, composés de ceux qui aiment Paul BIYA d’un côté et ceux qui ne l’aiment pas de l’autre. Il ne s’agit ni de l’aimer ni de le détester. En ramenant le débat au niveau sentimental et affectif, FAME NDONGO introduit une nébuleuse qui obstrue la voie de la rationalité.
Disons la vérité à Paul BIYA
Aimons le Cameroun. Si nous aimons notre pays, disons la vérité à Paul BIYA. Ce n’est pas un français qui viendra me dire qui est Paul BIYA. J’avais 25 ans lorsqu’il prend le pouvoir en 1982. Je suis déjà père d’enfant. Nous étions tous contents de son arrivée. Tous, sauf peut – être quelques personnes qui sentaient la fin de leurs privilèges. Et puis survint le 6 avril 1984, cette « maudite » tentative de coup d’Etat qui allait complètement chambouler le destin de notre pays. Paul BIYA sera immédiatement pris en otage par les militaires et les gourous. Pendant qu’on se préoccupait à la recomposition des équilibres géopolitiques, survint la fausse crise.
A partir de cette période, le peuple est abandonné à lui-même. Les pontes du nouveau régime s’installent aux commandes stratégiques du pays et chacun privatise son secteur. Commence alors pour le pays un véritable exode économique et sociopolitique qui s’achève par la crise politique des années 90, la dévaluation du FCFA. Et, malheur de tous les malheurs, des programmes d’ajustement structurel porteurs de paupérisations, qui débouchent sur le bradage général de l’économie. On pille. Avec la complicité des gens au tempérament de François Mattei et d’experts du FMI. On prescrit une thérapie qui consiste à brader tout le fleuron économique et industriel légué par le régime des « Certifiés ».
Cette bande de loups qui BIYA n’hésite pas à qualifier plus tard de bandits à cols blancs s’en donnent à cœur joie : comptes se chiffrant en milliards dans les paradis fiscaux, achat de propretés dans les stations balnéaires à travers le monde, châteaux des milles et une nuits à Santa Barbara, Kuweit City, Denver et leurs villages, parcs automobiles de véhicules dernier cri dont le prix d’un seul peut créer 3 ou 4 petites entreprises. Le peuple crie au scandale, Paul BIYA demande des preuves. Le système est tellement bien huilé que le pillage redouble d’intensité. Le peuple trinque. Paul BIYA multiplie les séjours en Europe, y passe beaucoup de temps, parfois à la limite autorisée par la Constitution. Chaque fois qu’il est hors du pays, ses ministres se mettent en « récréation » pour les plus fainéants. Les plus actifs s’occupent de leurs affaires, entourés d’hommes de mains ingénieux.
Une véritable racaille. Les chantiers s’accélèrent, les maîtresses s’amoncellent, les caisses publiques se vident. Le Chef de l’Etat changent sans cesse de gouvernement. Près de 25 fois en 27 ans. Il sent certainement qu’il y a des choses qui clochent mais, la vacuité de patriotisme est telle que les nouveaux venus se donnent toujours pour objectif de faire « mieux » que leurs prédécesseurs. Tous ces gens qui flagornent aujourd’hui étaient pourtant là. Il parait que c’est eux qui rédigeaient les discours que le Président lisait. Ils l’ont trompé. Ils l’ont ridiculisé en lui faisant lire des mensonges. Aidés par leurs amis de la presse occidentale – Jeune Afrique Intelligent et François Soudan-, ils l’ont caressé dans le sens de l’ego.
Lorsque Paul BIYA découvre le pot aux roses, il est trop tard. Les caisses sont vides. Il croit combattre la pauvreté alors qu’il a en face de lui la misère. Il tente un baroud d’honneur avec l’opération épervier mais, c’est sans compter avec la capacité de mutation extraordinaire de la maffia institutionnelle et intellectuelle. On a décidé d’envoûter le Président. On ne lésine pas sur les moyens. On n’hésite pas à lui dire qu’il est infaillible. Pour cela, on fait appel aux sorcières et sorciers blancs : BALM, Mattei pour ne citer que les plus populaires.
M. Mattei, notre Président, nous le connaissons. Vous êtes détenteurs de dons exceptionnels pour décrypter la psychologie de Paul BIYA ? Nous vous suggérons de mettre ces dons à la disposition de votre pays en décryptant le comportement du très bouillant Sarkozy.
Nous avons besoin de cet argent pour relancer notre économie. Nous ne voulons pas d’aide.
Quant à ceux qui soutiennent les actions insidieuses de l’occident, nous leur demandons de dire la vérité au Président. Il doit savoir que les Grandes Ambitions ont du plomb dans l’aile, à 2 années de la fin de son septennat.
© Correspondance de : Joseph Marie ELOUNDOU Journaliste/ Acteur Social
Paru le 25-05-2009 00:34:58