Ce mois de novembre comme chaque année, on pensera à lui 2 fois. D’abord le 4e jour du mois. C’est ce jour là, en 1982, qu’il démissionna de ses fonctions de président de la République du Cameroun. Enfin, le 30e jour. C’est en ce jour de 1989 qu’il rendit l’âme à Dakar au Sénégal où sa dépouille repose jusqu’à ce jour. Il, c’est Ahmadou Babatoura Ahidjo, le premier président du Cameroun indépendant. vendredi le 4 novembre 2011, cela fera exactement 29 ans qu’il a pris la décision historique de quitter ses fonctions de président de la République. Un acte si rare en Afrique – car il fut après le sénégalais Senghor, le deuxième président africain à démissionner volontairement et à 58 ans seulement. D’abord ovationné il fût discrédité par la suite.
Loin de vouloir ouvrir les plaies d’une période encore mal cicatrisée, Emergence a décidé de reconstituer cette fameuse journée du 4 novembre 1982. Grâce aux témoignages d’acteurs majeurs de l’époque dont certains sont aujourd’hui décédés. A travers des livres, des interviews et diverses sources documentaires qui ont souvent relaté le moment. Il ne s’agit pas de faire des révélations extraordinaires sur ce qui poussa le « père de la Nation » à se débarrasser de la charge suprême (lui-même en a précisé les motivations dans une déclaration que vous retrouverez dans ce dossier), mais de livrer la mémoire de la jeune génération et de ceux qui n’ont pas souvent eu l’occasion d’en apprendre sur cette journée inoubliable, quelques éléments de compréhension. Car, et il faut l’avouer, dans sa discrétion légendaire, Ahmadou Ahidjo avait réussi à maintenir le brouillard sur sa volonté de jeter l’éponge.
Le 4 novembre 1982 au journal de 20 heures, Ahmadou Ahidjo prononçait ce discours.
«Camerounaises , Camerounais, mes chers
compatriotes, J’ai décidé de démissionner de mes fonctions de Président
de la République du Cameroun. Cette décision prendra effet le samedi 6
novembre à 10 h. En cette circonstance capitale, je voudrais du fond du
coeur remercier toutes celles et tous ceux qui, depuis bientôt 25 ans,
m’ont accordé leur confiance et apporté leur aide dans l’accomplissement
de mes lourdes tâches à la tête de l’Etat. Je voudrais tout
particulièrement remercier les militantes et les militants de notre
grand Parti national, l’U.N.C. de leur soutien total, constant et
inébranlable. « S’il reste beaucoup à faire dans la grande et longue
oeuvre de construction de notre cher et beau pays, nous avons ensemble
accompli après l’indépendance, la Réunification et l’Unification, des
progrès considérables dans tous les domaines. Notre pays dispose
d’atouts importants. L’unité nationale consolidée, des ressources
nombreuses, variées et complémentaires, une économie en expansion
continue, des finances saines, une justice sociale en amélioration, une
population laborieuse et une jeunesse dynamique, de solides et
fructueuses relations d’amitié et de coopération en Afrique et dans le
monde. « J’invite toutes les Camerounaises et tous les Camerounais à
accorder, sans réserve, leur confiance et à apporter leur concours à mon
successeur constitutionnel M. Paul Biya. Il mérite la confiance de
tous, à l’intérieur et à l’extérieur.
« Je vous exhorte à demeurer un peuple uni, patriote, travailleur, digne
et respecté. « Je prie Dieu Tout-Puissant afin qu’il continue à assurer
au peuple camerounais la protection et l’aide nécessaires à son
développement dans la paix, l’unité et la Justice. « Vive le Cameroun ».