Agriculture: Les cacaoculteurs camerounais paieront désormais l’impôt sur le revenu

YAOUNDE - 04 AVRIL 2015
© Patrick DONGO | Cameroon-Info.Net

 

L’on assiste à une levée de boucliers dans la filière cacao depuis la volonté du gouvernement camerounais à travers la Direction générale des impôts (Dgi), de prélever désormais l’impôt sur le revenu des acteurs du secteur.

 

 

«Le producteur de cacao supporte toutes les charges de la filière, de la production à l’exportation. Il y a la redevance à l’exportation qui est passée en fin d’année de 54 F, à 150 F le kilogramme. Alors que le prix du cacao lui-même vient d’atteindre 1 380 F le kilogramme. Avec toutes les charges, si en plus on doit payer un impôt dont on ignore la source, c’est une pression de trop sur le paysan», assure Emmanuel Baleba. Représentant des producteurs, producteur lui-même et par ailleurs président du conseil d’administration de la Société coopérative des producteurs de cacao du Nyong-et-Kellé. Ce dernier est rejoint dans ses positions par quasiment tous les producteurs de caco au Cameroun, à l’instar de Timothée Belebeni, cacaoculteur installé à Bokaga près de Bafia, qui se dit désolé que l’état choisisse l’année où il est question de relancer la filière cacao avec le renouvèlement des centaines de milliers de plants dans le pays, pour exiger cet impôt.

Même son de cloche du côté du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (Cicc). Ici l’on reconnaît le droit pour l’état de réclamer l’impôt sur le revenu aux cacaoculteurs, mais pas en ce moment où la question de la relance de la filière est une préoccupation de premier ordre.

Un inspecteur des impôts approché, Monsieur Abu Simplice, est formel quant à la décision prise par sa hiérarchie et déclare «La loi c’est la loi et même si elle est dure, il faut l’appliquer. Dans tous pays, toute personne qui exerce une activité quelconque dont elle tire un revenu est assujetti à l’impôt sur le revenu. Et pour le cas d’espèce du Cameroun et des cacaoculteurs, l’Etat aurait pu exiger cet impôt depuis belle lurette. En revanche, cette mesure n’est pas encore appliquée pour l’instant, et aucun planteur n’a pour l’instant payé cet impôt».

Faute de communication donc, de nombreux planteurs et autres acteurs de la filière cacao au Cameroun ne sont au courant de cette mesure qui finira pourtant un jour par s’abattre sur eux comme un coup de massue. D’ici-là le débat et les échanges avec le gouvernement promettent d’être rudes, certains paysans n’étant pas contre tant qu’il ne s’agit pas de cette année 2015.

Patrick Dongo

 



05/04/2015
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