Afrique,50 personnalités influentes en 2010: Jeune Afrique règle ses comptes au pouvoir en place au Cameroun

Afrique,50 personnalités influentes en 2010: Jeune Afrique règle ses comptes au pouvoir en place au Cameroun

Jeune Afrique:Camer.beLa surprenante absence de Paul Biya dans un classement, certes subjectif et à l'effet discutable, vient remettre au goût du jour, la querelle ayant opposé l'Etat à ce média au sujet de 650 millions Fcfa, de facture non réglée. Le journal de Béchir Ben Yahmed avait une dent contre le palais de l'Unité, qui ne s'y serait pas pris autrement. Pas de Paul Biya dans son ''classement des 50 personnalités africaines en 2010''. Défiant tout bon sens, Jeune Afrique (J.A.) a exclu de son palmarès, l'une des voix africaines les plus écoutées sur la scène internationale au cours des douze derniers mois. ''Je ne trouve pas d'explications qui tiennent à la non présence du chef d'Etat Camerounais. S'agit-il d'une cécité de la part de la rédaction de  J.A. ω Je ne pense pas, car Paul Biya aurait été à la fois présent et actif sur la scène francophone, onusienne et africaine en 2010. A chaque fois, il a pris la parole pour le compte de l'Afrique ou de la Cemac. Je trouve son absence injustifiée quelque soit l'angle de ce journal. Ce classement me semble intéressé'', fulmine sous anonymat, un diplomate étranger, exerçant à Yaoundé.

D'abord passé inaperçu en territoire camerounais lors de sa sortie le 26 décembre 2010, l'édition de J.A,  rencontre de plus en plus l'attention courroucée d'une bonne frange de la classe intellectuelle camerounaise. ''C'est du n'importe quoi ce classement. Comment peut-on réduire le président Biya, au point de compter pour quantité négligeable, son influence ne fût-ce qu'en  zone Cemac. C'est inadmissible ! Le Cameroun reste quand même l'unique coq de la basse cour sous-régionale. Les présidents Sassou et Obiang Nguema ont été choisis, c'est bien,  et Biya pas. C'est trop fort çà !'', s'emporte Dominique Kengne, étudiant à l'université de Yaoundé II. Et ce dernier de rappeler le franc succès qu'a rencontré Africa 21, organisé en mai dernier à Yaoundé sous l'égide du président Biya, avec la présence effective d'une pléiade de chefs d'Etat d'Afrique et de hautes personnalités du continent et du monde. Concept dont un grand nombre de pays d'Afrique subsaharienne s'en inspire en toute modestie.

Interrogé, un journaliste d'un média privé camerounais a fustigé le traitement de faveur que le gouvernement réserve toujours  aux médias étrangers, généralement en contraste aux cacahuètes allouées à  la presse privée nationale sur toute l'année. (150 millions à partager entre près de deux cents titres, Ndlr). ''Si seulement le coup de poignard de J.A pouvait donner des leçons au régime'', souhaite ce confrère.

Face à la furie généralisée, le mémo de François Soudan, directeur de la rédaction de J.A, selon lequel : ''il va de soi que l'exercice a quelque chose de subjectif et qu'il sera loisible à chacun de le contester'', n'y change rien. ''C'est le baiser de Judas'', schématise Martin Tonye, homme de culture.

Le sentiment dominant chez tous ceux qui condamnent J.A. est que Paul Biya a fait les frais de représailles médiatiques, en raison de l'hésitation gouvernementale à signer un chèque de 650 millions Fcfa à J.A.

650 briques ou le coup de gomme

Contacté en fin de semaine dernière pour davantage d'éclairage, un cadre de la Primature s'est retranché derrière le devoir de réserve. Mais selon nos enquêtes, le classement de J.A ne laisserait guère indifférent dans les sphères de décision. Sous cape, un haut fonctionnaire confirme l'hypothèse d'un règlement de compte de l'empire de Béchir Ben Yahmed à l'encontre des autorités de Yaoundé. Moins que Paul Biya, c'est Philemon Yang, le Pm, qui serait visé. ''En novembre dernier dit-on, la Primature s'est montrée peu encline à  payer une facture de 650 millions de francs Cfa. Cette somme, reconductible chaque année depuis quatre ans au moins, est versée au groupe de Béchir Ben Yahmed. En contrepartie, la rédaction de J.A produit des articles "kilav"  pour informer l'opinion internationale sur les efforts que fournit le Cameroun pour s'arrimer à la modernité et pour le bien être des Camerounais", révèle une source crédible. François Soudan aurait donc opté pour la stratégie qui consiste à frapper le maître pour mettre au pas l'élève. Conséquence, Paul Biya est évincé du classement, certes à la portée ronflante, d'un journal qui curieusement, par trois fois au cours de l'année 2010, lui a offert sa une. J.A a pourtant consacré 9 pages au Cameroun pour ses 50 ans d'indépendance : trois détentes ont été rédigées : "Paul Biya de A à Z", "Que reste t-il d'Ahidjo" et "paroles des Camerounais". L'une des récentes livraisons, consacrée à l'Opération Epervier, faisait du chef de l'Etat tout simplement "M. Propre", s'en rappelle un chroniqueur.

" J.A. donne le mauvais exemple type du journaliste où tout se joue dans l'arrière-boutique. Les divorces de la nuit se règlent  en plein jour dans les colonnes. C'est scandaleux'', s'indigne un observateur.

Un classement de salon

Les distinctions médiatiques dont J.A accoutume ses lecteurs à l'intersection de deux années chrétiennes, n'auraient de valeurs que celles qu'on leur prête. ''C'est des articles pour satisfaire l'ego de la politicaille africaine'', martèle Judith Atangana, bibliothécaire. ''Je doute fort, tranche-t-elle, que le bas peuple approuve les choix de J.A.''. Paul Biya dont l'engagement ''à changer d'époque'' a été renouvelé le 31 décembre 2010, va-t-il se laisser entraîner dans une douteuse aventure de prestige personnelle ω ''Le président de la République pourra privilégier le jugement de son peuple. C'est pour lui qu'il travaille. Et c’est pour lui a toujours travaillé'', conclut péremptoire, un conseiller à la présidence.

© Correspondance : Thierry Djoussi, à Yaoundé/ Cameroun


17/01/2011
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