Afrique, Religion: Le Dieu terroriste des Blancs
Quand
les Européens ont décidé de s’emparer de l’Afrique pour la «civiliser»
et qu’effectivement ils se sont partagés cette dernière lors de la
conférence de Berlin en 1884, ils ont décidé qu’ils étaient la race
supérieure qui allait apporter la civilisation en Afrique. Ils étaient
venus pour rester pour toujours. Le 18 Mai 1879, Victor Hugo, un des
penseurs de la colonisation les a exhorté de s’emparer l’Afrique en ces
termes : « Il est là, devant vous, ce bloc de sable et de cendre, ce
monceau inerte et passif qui depuis six mille ans fait obstacle à la
marche universelle, ce monstrueux Cham qui arrête Sem par son énormité,
l’Afrique. Quelle terre que cette Afrique ! L’Asie a son histoire,
l’Amérique a son histoire, l’Australie elle-même a son histoire, qui
date de son commencement dans la mémoire humaine ; l’Afrique n’a pas
d’histoire ; une sorte de légende vaste et obscure l’enveloppe. Déjà les
deux peuples colonisateurs, qui sont deux grands peuples libres, la
France et l’Angleterre, ont saisi l’Afrique : la France la tient par
l’ouest et par le nord, Angleterre la tient par l’est et par le midi.
Voici que l’Italie accepte sa part de ce travail colossal, l’Amérique
joint ses efforts aux nôtres ; car l’unité des peuples se révèle en tout
; l’Afrique impose à l’univers une telle suppression de mouvement et de
circulation qu’elle entrave la vie universelle et la marche humaine ne
peut s’accommoder plus longtemps d’un cinquième du globe paralysé.
Allez, peuples, emparez-vous de cette terre. Prenez-la. A qui ? A
personne ! Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes.
Dieu offre l’Afrique à l’Europe Prenez-la !... Versez votre trop-plein
dans cette Afrique, et du même coup, résolvez vos questions sociales,
changez vos prolétaires en propriétaires»
Le 28 Juillet 1885, Jules ferry, un autre penseur de la colonisation
encourageait l’Europe en ces termes : « il faut parler plus haut et plus
vrai ! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont
un droit vis-à-vis des races inférieures... si la déclaration des droits
de l'homme a été écrite pour les noirs de l'Afrique équatoriale, alors
de quel droit allez-vous leur imposer les échanges, les trafics ? Je
répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un
devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races
inférieures... Mais, de nos jours, je soutiens que les nations
européennes s'acquittent avec largeur, avec grandeur et honnêteté, de ce
devoir supérieur de civilisation. Est-ce que vous pouvez nier, est-ce
que quelqu'un peut nier qu'il y a plus de justice, plus d'ordre matériel
et moral, plus d'équité, plus de vertus sociales dans l'Afrique du Nord
depuis que la France a fait sa conquête ? Quand nous sommes allés à
Alger pour détruire la piraterie, et assurer la liberté du commerce dans
la Méditerranée, est-ce que nous faisions œuvre de forbans, de
conquérants, de dévastateurs ? Est-il possible de nier que, dans l'Inde,
et malgré les épisodes douloureux qui se rencontrent dans l'histoire de
cette conquête, il y a aujourd'hui infiniment plus de justice, plus de
lumière, d'ordre, de vertus publiques et privées depuis la conquête
anglaise qu'auparavant? Est-ce qu'il est possible de nier que ce soit
une bonne fortune pour ces malheureuses populations de l'Afrique
équatoriale de tomber sous le protectorat de la nation française ou de
la nation anglaise ? »
Tel est l’état d’esprit des européens quand ils vinrent en Afrique pour nous «civiliser». Ainsi inspirés, les occidentaux sont venus en Afrique pour la conquérir et se l’approprier. La mission civilisatrice de l’Europe visera à imposer leurs us et coutumes parmi lesquels leur langue, leur religion. Les missionnaires, comme on appelle ceux dont la mission était de nous évangéliser, nous ont convertis à leur religion chrétienne.
Interrogeons nous sur le mérite de leur religion
aujourd’hui par rapport à notre religion africaine dont ils veulent nous
débarrasser.
Quelles sont nos croyances ? En Afrique, nous croyons en un grand Dieu
appelé Ndem et en d’autres petits Dieux appelé Melem ou fo’o de la même
appellation que le chef, comme le Dieu de la rivière, Fo’o Ndou, le Dieu
Meboukem Toh, Fo’o Ya ou Faya. Il y a aussi les dieux appelé Nsi
auxquels nous construisons les nguia Nsi, de petites maisons pour Dieu
ou Nsi ou temples où nous venons faire les sacrifices, les nourrir avec
de la bonne viande de chèvre, rare, de l’huile de palme et du sel, tous
d’autant plus rares et précieux que nous ne les produisons pas en pays
Bamiléké. En effet le chef était si puissant qu’il était vénéré comme un
dieu, de fait il avait le pouvoir de vie et de mort sur ses sujets.
C’est pourquoi certaines divinités ont le préfixe Fo’o… Notre Dieu
d’Afrique ou Ndem ou Nsi est un Dieu bon qui protège ses enfants et leur
pourvoie ce qui leur manque. Quand un parent meure, il ne fait l’ombre
d’aucun doute qu’il va à la rencontre de Dieu. C’est pourquoi après un
certain temps nous retirons son crâne de la tombe pour lui construire un
temple à couvert dans la maison ou derrière la maison. La nature
reprend ses droits sur le reste du tombeau qui deviendra avec le temps
une terre cultivable. Les morts des chrétiens en revanche, dont on nous
dit qu’ils sont au paradis, occupent les espaces dans les cimetières,
des espaces en béton qui auraient pu servir à l’habitat des vivants
sortis des marécages. A mon avis il faut choisir, s’ils sont au ciel
ils doivent y rester et libérer la terre, ils ne peuvent pas être au
ciel en occupant la terre en même temps.
Si nous n’avons pas trouvé le crâne d’un parent mort dans des circonstances que son corps n’a pu être retrouvé, et c’était le cas pendant la colonisation Européenne où les Blancs pendaient nos Rois et nos vaillants hommes pour asseoir leur pouvoir et les enterraient dans les fosses communes, le crâne de nos parents est donc symboliquement remplacé par une pierre ou un caillou, ramassé au lieu de sa probable disparition. Pour adresser nos prières à Ndem, nous le faisons par l’intermédiaire de nos ancêtres dont nous soutenons qu’ils sont avec Ndem au ciel ou au paradis ou quelque soit son logis. Nous croyons en effet que personne n’est mieux placé que notre ancêtre pour intercéder auprès de Ndem en notre faveur.
Or précisément les blancs impérialistes et conquérants sont venus nous dire que nos croyances sont païennes et que nous ne devions plus adorer les crânes de nos ancêtres. Ici il y a déjà un mal entendu car nous n’adorons pas les crânes de nos ancêtres de la même façon qu’ils prient religieusement, à genoux, devant les statues de Marie ou de Jésus dans leurs églises. Ils sont si contrits dans leur prière et parfois ils vont jusqu’à pleurer et à s’infliger d’atroces douleurs pour montrer leur soumission à leur dieu. Nous frappons à la porte de Nsi ou du lieu où sont conservés les crânes de nos ancêtres et nous adressons à eux comme nous nous adressons à un parent bien aimé. Nous leur expliquons nos tracas en leur demandant d’intercéder en notre faveur auprès de ndem. Qui mieux qu’eux peut effectivement prendre notre défense auprès du bon Dieu Ndem ? Qui mieux que nos ancêtres peut demander auprès de ndem la bénédiction pour nous même et pour notre famille. Ndem est bon et doit s’occuper de tout le monde, il peut arriver qu’il soit trop occupé ailleurs à aider d’autres familles, qui mieux que notre ancêtre peut attirer sa haute attention sur nous et notre famille si ce n’est notre ancêtre qui est avec dieu au paradis. Ici tout le monde ne donne pas l’huile ou le sel aux ancêtres, il y a un prêtre sacrificateur dans chaque famille et c’est souvent le successeur qui joue ce rôle car le successeur est le représentant du défunt sur terre : Posant la terre sur la tête du bénéficiaire de l’intercession, le successeur prêtre dira en substance : Maah leh ou Mooh leh, demandez au dieux de veiller sur cet enfant, guidez ses pas et protégez le dans la vie, donnez lui l’intelligence pour passer ses examens, donnez lui la santé et l’argent pour regarder sa famille, faites en sorte que les méchants ne lui jettent pas un mauvais sort, aveuglez les lors de son passage et si une chenille monte sur sa tête que cette dernière tombe avec fracas…»
Or c’est précisément cette croyance que la
religion chrétienne nous demande d’abandonner en nous menaçant de
l’enfer si nous ne le faisons pas ! La religion chrétienne est fondée
sur la violence d’un dieu jaloux et méchant, qui vous envoie bruler en
enfer si vous ne le suivez pas. La religion chrétienne est fondée sur la
terreur et le terrorisme pour terroriser les africains. Si tu ne crois
pas au dieu des chrétiens, jésus en l’occurrence, tu vas griller en
enfer. Leurs prêtres nous menacent des foudres de la colère divine si
nous n’obéissons pas. Ainsi nous avons fini par croire à un dieu sévère,
très sévère même qui peut nous prendre la vie sur le champ et nous
envoyer bruler vif en enfer. Beaucoup d’africains ont fini par croire en
ce dieu là plus par peur que par conviction, la peur de mourir surtout,
ils veulent vivre 100 ans, la peur de bruler en enfer, aïe çà fait mal.
Dieu est brandi sur les africains comme une épée de Damoclès pendue sur
sa tête, prête à lui couper la tête. C’est un dieu espion qui, tapie
dans l’ombre, épie chacun de nos faits et gestes, prêt à nous frapper à
tout moment, ils disent qu’il est omniscient et est partout à la fois,
il voit tout, entend tout. Avec ce dieu là il n’y a aucune liberté car
il est pire qu’une camera de surveillance. En tout cas c’est ainsi que
je l’ai ressenti pendant toutes ces années de catéchèse depuis la classe
du cours préparatoire à l’âge six ou sept ans jusqu’au baptême au cours
moyen deux, il y a donc longtemps, longtemps que je vis dans la peur
d’être foudroyé par dieu si je m’écarte du droit chemin, si je pêche en
pensée , en parole, par action ou par omission.
Or je remarque que ce dieu là est différent du Dieu de nos pères qui est
paternaliste et jamais méchant ni prêt à tuer. Le dieu des blancs est
capable de tuer si on ne lui obéit pas. Tous les croyants chrétiens
africains le savent, ils ont tous peur que dieu abrège leurs jours sur
terre. Or un dieu tueur qui peut abréger la vie d’un homme sur terre est
un dieu terroriste, il ne mérite pas notre croyance et je préfère
bruler en enfer que de croire en ce dieu là en oubliant le mien.
Ils nous accusent d’adorer les statues or la pratique religieuse du christianisme consiste aussi à l’adoration des statues dans les églises, particulièrement celle de Jésus sur sa croix et celle de marie, la soi disant vierge. Il y manque curieusement celle de Dieu Ndem. Ce sont aussi autant de symboles que les crânes dans nos maisons. Pire la pratique de la charité chrétienne est bizarre lorsque les prêtres invitent à partager le repas du seigneur, la communion, les chrétiens sont si radins qu’ils la prennent entre eux sans donner aux autres dans la salle, contrairement aux prêtres sacrificateur qui partagent à tous ceux qui passent là où il fait la cérémonie de sacrifice près des Nguia Nsi, temple de la divinité. Les premiers, comme la race supérieure, se croient supérieurs à ceux qui ne communient pas. Les seconds ont l’esprit du partage africain, quand il y en a pour un il y en a pour tous.
Ils ont parlé du ciel, quel ciel même ? Quand ils
envoient leurs fusées dans l’espace, elles vont jusqu’à la lune sans
trouver le ciel. Quand je prends l’avion pour aller en Europe ou en
Amérique, je ne vois pas de paradis au ciel, seule l’immensité bleue de
l’espace m’accueille. Le ciel est une illusion comme le paradis pour
tromper les africains naïfs.
Par Jean de Dieu Momo et bientôt, pour réclamer mon bon droit à devenir
chrétien tout en gardant mon nom africain et non être obligé de
m’affubler d’un nom chrétien, Jean de Dieu en l’occurrence, je
deviendrai, lors de mon intronisation prochaine :
Fo’otchou Ndio’olah*
*Fo’otchou étant de la lignée paternelle de mon père mon ancêtre direct
le chef Bafou dont Tsuete Fo’otchou était le second successeur et
Ndio’olah étant de la lignée maternelle de mon père, l’un des
prestigieux pères Co-fondateurs du Royaume Bafou avec le chef Bafou.