Afrique: Il faut savoir quitter le pouvoir avant que le pouvoir ne vous quitte Spécial
Afrique: Il faut savoir quitter le pouvoir avant que le pouvoir ne vous quitte Spécial
Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police Imprimer E-mail Soyez le premier à commenter! C’est l’épilogue d’une histoire à rebondissements qui a failli faire vaciller l’un des symboles bien ancrés de la démocratie en Afrique, le dénouement d’un type de drame auquel le Sénégal nous a habitués... Sous d’autres cieux, un président qui s’en va, quoi de plus naturel ? Mais sur ce cher continent africain où les oasis de paix et les havres de liberté sont aussi rares qu’un point d’eau dans le désert, le fait mérite de retenir l’attention.
Est-ce au Cameroun de Biya qu’un président admettrait ainsi, juste quelques heures après l’annonce des résultats de la reine des élections, sa défaite ? Ou en Guinée Equatoriale où les effluves de pétrole donnent une nouvelle jeunesse à ce cher Obiang Nguema ?
Pendant qu’à côté, le Mali, considéré jusqu’à récemment comme un parangon de démocratie en Afrique, connaît ses premiers soubresauts depuis vingt et un ans, à la faveur d’un coup d’état aussi malheureux qu’inopportun, le Sénégal relève la tête et prouve à la Terre entière qu’il tient encore – toujours… - son rang.
Pas de scénario à l’ivoirienne. Wade ne s’accrochera pas au pouvoir. Il a peut-être rêvé de mourir au pouvoir et d’avoir droit, le moment venu, à des obsèques (inter)nationales dignes de son rang de chef d’Etat, il va devoir céder son fauteuil.
Dans les mêmes conditions qu’un Abdou Diouf, qu’il avait chassé du pouvoir à l’issue de la présidentielle du 19 mars 2000. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de Dakar, charriés par les idées d’un homme d’exception, Abdoulaye Wade, dont le principal handicap aura finalement été la vieillesse, que d’aucuns, à raison, assimilent à un naufrage.
Le naufrage de Wade aura aussi été de croire, à un moment de sa mandature, qu’il était investi d’une mission divine, d’avoir confondu sa fonction avec une espèce de régence où il était le jeune et le vieux, Karim et Wade. Au point de commettre ce qui, aux yeux du peuple de Guédiéwaye et des banlieues délaissées du Sénégal , s’apparentait bien à un crime de lèse-peuple.
Le pouvoir est un élixir de jouvence.
Bu à petites doses, il permet de surmonter le naufrage de la vieillesse ; à tire-larigot, c’est la recette parfaite de la descente aux enfers. Wade l’aura appris à ses dépens. Wade eût entendu avec sagesse les grondements du Gaïndé – pas Sall, mais la rue – qu’il aurait quitté le pouvoir la tête haute et servi un bon exemple à l’histoire, rendant un fier service à un continent qui en a grand besoin.
Las. Il a choisi les sentiers de la vanité et mal lui en a pris.
Moralité de l’histoire : il faut savoir quitter le pouvoir avant que le pouvoir ne vous quitte... De bien peu historique manière… En témoignent tous les épisodes du Printemps arabe, de Ben Ali à Moubarak, en passant par le bien dramatique cas de Kaddafi.