Afrique, Fuite des capitaux : 854 milliards de dollars évaporés
Afrique, Fuite des capitaux : 854 milliards de dollars évaporés
Le montant de la fuite des capitaux africains représente, entre 1970 et 2008, environ quatre fois la dette extérieure. Révélation de Global Finance Integrity à destination des ministres africains des Finances. C’est probablement 1800 milliards de dollars qui ont manqué à l’Afrique, ces 40 dernières années. En 39 ans, entre 1970 et 2008, le continent africain a enregistré la fuite de 854 milliards de dollars (au cours du dollar de l’année 2004), selon un nouveau rapport de Global Finance Integrity (www.Gfip.org) à l’intention des ministres africains des Finances. Ce montant, équivalant à 56% du PIB du continent en 2008, concerne des sommes retracées avec précision. Les auteurs du rapport estiment l’ensemble des fuites illicites en provenance des 53 pays africains à 1 800 milliards de dollars. Les pays d’Afrique de l’Ouest et du centre sont les plus touchés, à cause sans doute du Nigeria.
Le géant pétrolier nigérian en tête du classement avec 89,5 milliards de dollars, suivi de l’Egypte (70,7 milliards), de l’Algérie (25,7 milliards), du Maroc (25 milliards) et de l’Afrique du Sud (24,9 milliards).
Des techniques complexes de blanchiment
En termes de volumes, le rapport classe le géant pétrolier nigérian en tête du classement avec 89,5 milliards de dollars, suivi de l’Egypte (70,7 milliards), de l’Algérie (25,7 milliards), du Maroc (25 milliards) et de l’Afrique du Sud (24,9 milliards). Sur la période considérée, les fuites illicites se sont accrues de 11,9% par an en moyenne. Ce flux est favorisé par l’opacité du système financier international, fragmenté entre des zones règlementées et des paradis fiscaux, des juridictions secrètes et, entre autres, des techniques complexes de blanchiment d’argent. Ce flux impacte les réserves des banques africaines, augmente l’inflation, réduit les recettes fiscales et fausse la concurrence. L’étude de Global Finance Integrity rejoint la position de nombreux chercheurs, à l’instar de Ndikumana et Boyce (2003, 2008), qui estiment que l’Afrique est créditeur net par rapport au reste du monde.
Pétrole et évasion
La mondialisation, qui induit une augmentation des volumes du commerce, a tendance à accentuer le phénomène. Si l’on ne déplorait que 57 milliards de fuites durant la décennie 70, l’on comptait pour 437 milliards d’évasion de capitaux africains entre 2000 et 2008. Cette accélération corrobore certaines thèses qui voient une corrélation entre la fuite des capitaux et la hausse des cours du pétrole, lesquels ont atteint des pics depuis le début de ce siècle. En tout, l’Afrique perdrait en moyenne 29 milliards de dollars par an depuis 1970. Les pays pétroliers sont davantage concernés (10 milliards par pays) que les pays non pétroliers (2,5 milliards).
Avec le montant de 854 milliards de dollars, l’Afrique aurait pu non seulement rembourser sa dette extérieure (250 milliards à fin 2008), mais aussi consacrer 600 milliards de dollars pour des programmes de lutte contre la pauvreté et de développement des infrastructures.
MBF
Total des fuites de capitaux par régions et par groupe depuis 1970 (IFF- Illicite Financial Flows)
en milliards de $
70s
80s
90s 2000-2008
1970-2008
Afrique
57,291
203,859
155,740
437,171
854,061
Afrique du Nord
19,161
72,020
59,813
78,742
229,737
Afrique subsahara
38,130
131,839
95,927 358,429
624,324
Corne d’Afrique
2,354
14,131
5,108
15,603
37,197
Grands lacs
6,925
16,079
4,978
10,285
38,267
Afrique australe 5,894
20,581
31,447
116,828
174,751
Afrique Ouest et centrale 22,956
81,047
54,394
215,712
374,109
Producteurs de pétrole
20,105
67,685
48,157
218,970
354,917
Non producteurs de pétrole
7,867
26,517
22,375
23,342
80,102