Afrique : Continent cherche bonne gouvernance désespérément
Afrique : Continent cherche bonne gouvernance désespérément
La fondation de Mo Ibrahim qui récompense le bon exercice du pouvoir sur le continent africain n’a pas davantage qu’en 2009 attribué son prix cette année. Le milliardaire d’origine soudanaise s’explique.
La manière dont les pays africains sont gouvernés est une préoccupation prioritaire. C’est précisément pour encourager une gouvernance de qualité et l’excellence en matière de leadership que j’ai mis en place le prix Ibrahim il y a quelques années. Avec les ressources nées de l’investissement dans la téléphonie mobile en Afrique, ma fondation est en mesure de décerner annuellement le prix le plus élevé qui soit : 5 millions de dollars [environ 4 millions d’euros] sur dix ans. Ce prix est décerné à d’anciens dirigeants africains ayant bien gouverné leur pays, respecté leur Constitution nationale et quitté le pouvoir en laissant le pays dans un état meilleur que celui où ils l’avaient trouvé.
Les deux premières années, deux lauréats ont été
retenus : Joaquim Chissano, l’ancien président du Mozambique, et Festus
Mogae, ancien président du Botswana. Peu connus à l’extérieur du
continent, ces deux dirigeants se sont révélés de remarquables hommes
d’Etat et ont mérité leur victoire. En rendant hommage à leur
excellence, la fondation a démontré que l’image caricaturale réservée
aux dirigeants africains était erronée. Cette année, comme l’année
dernière, le comité d’attribution du prix, indépendant du conseil
d’administration de la fondation et présidé par Kofi Annan, n’a pas
désigné de lauréat. Est-ce à dire que cette fondation, créée pour rendre
hommage à la bonne gouvernance, n’a finalement prouvé que
l’impossibilité de celle-ci en Afrique ?
Bien évidemment non. Avec ou sans lauréat, l’objectif de la fondation
est de stimuler le débat, en Afrique et au-delà, sur ce qui constitue
une gouvernance d’excellence.
Les critères fixés pour remporter le prix sont exigeants et, chaque année, le nombre de candidats éligibles est restreint. Il n’est donc pas inattendu qu’il y ait des années sans prix. De nombreux pays africains ont accompli des progrès importants, non seulement sur le plan économique, mais aussi en termes de gouvernance. Même s’il reste d’énormes progrès à faire, la gouvernance s’améliore en Afrique.
La fondation a décidé d’affecter cette année les fonds réservés au prix au financement d’une initiative complémentaire en faveur de la gouvernance de qualité. Nous sommes en train de monter un programme de bourses d’excellence visant à identifier et à former des représentants de la future génération de dirigeants africains.
Le programme visera à identifier chaque année quelques cadres déjà hautement qualifiés, dont le cœur de métier est d’améliorer les perspectives économiques et sociales des Africains. Loin d’être désespérante, l’Afrique regorge de potentiel et d’espoirs, davantage sans doute qu’aucun autre continent aujourd’hui. L’enjeu consiste à faire en sorte que ce potentiel soit utilisé de façon optimale. Voilà ce à quoi nous souhaitons contribuer, en mettant à la disposition des Africains les éléments permettant d’évaluer les performances des gouvernements, en honorant les dirigeants d’exception et en aidant les plus brillants espoirs du continent à acquérir des compétences. Tel est, fondamentalement, le vrai prix sur lequel se concentre la fondation.