Afrique : Ces présidents tant aimés par leur peuple !
Obiang Nguéma, le président de la Guinée Equatoriale avait prédit un score de 97% de suffrages lors de l’élection présidentielle du 29 novembre dernier. Le peuple Equato-guinéen acquis à sa cause avait trouvé mieux de lui donner un score de 96,7% de suffrages. Un hold up qui émanait donc de la réelle volonté du peuple. Pourrait-on dire.
Au Gabon, le peuple a fait confiance au fils du président défunt Omar Bongo en lui donnant un pourcentage de plus de 40% de suffrages. Prêtant serment en octobre dernier, Ali Bongo, le quatrième président de la République du Gabon avait déclaré urbi et orbi : « je ne serai heureux que si je sais que le peuple gabonais est heureux, je ne serai fier de ma politique que si je sais qu’elle apporte à chacun et à tous un mieux-être dans son quotidien, je ne serai en paix que si je sais que le pays vit en paix et dans la sécurité ».
En Guinée Conakry, le peuple avait applaudi quand Moussa Dadis Camara avait pris le pouvoir. Pour les guinéens, s’étaient un ouf de soulagement après tant d’années sous le règne de Lansana Conté. Tous les espoirs reposaient donc sur ce jeune capitaine porté à la tête de la Guinée sans effusion de sang. Mais très vite, Moussa Dadis Camara s’est distancié de ce même peuple qui lui avait fait confiance pendant que la communauté internationale lui demandait de rendre le pouvoir aux civils. Un malheur ne venant jamais seul, le fameux évènement du 28 septembre au stade de Conakry avec ses supposés tueries était venu compliquer la situation de Dadis Camara. Mais ce dernier continuait de clamer sur RFI (Radio France Internationale) qu’il est « l’homme du changement » et que « le peuple (le, Ndlr) soutient ». Le jeune capitaine de 44 ans arguait ensuite: « je ne suis pas un assoiffé du pouvoir (…) le pouvoir c’est très agonissant ». Le même Dadis hospitalisé au Maroc après avoir échappée à la mort, suite a une balle reçue de son aide de camp en début décembre dit déjà vouloir rejoindre la Guinée et son peuple. Le même peuple qui malgré ces évènements malheureux a gardé son calme. Une preuve de confiance non ?
Au Niger, Mamadou Tandja a amendé la constitution le 4 août dernier. S’exprimant dans les colonnes du quotidien français Libération en début d’année, Tandja avait ouvertement indiqué son intention d’organiser un referendum afin de répondre à « l’appel du peuple ». Le même Tandja, rendant visite à Nicolas Sarkozy, le président français en mars dernier avait déclaré : « grandir, pour moi, est de partir la tête haute. Quand la table est desservie, il faut partir. Ne pas chercher à radoter pour chercher un autre mandat. (…) Je ne le ferai jamais ». Quelque mois après, le discours tenu à l’Elysée avait changé de ton. C’est au nom de « son peuple », que Tandja dont le mandat s’est achevé hier (22 décembre) dirige toujours le Niger. Il avait à travers le projet référendaire eu une rallonge de trois petites années pour parachever les grands chantiers engagés. Des chantiers pour le peuple ?
Pour se livrer au même exercice (celui de l’amendement de la constitution pour faire sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels) en 2008, le président du Cameroun, Paul Biya s’était également appuyé sur son peuple. Lors de son discours du 31 décembre 2007 à la nation, Paul Biya avait donné le signal en ce qui concernait déjà la modification de la constitution. « De toutes nos provinces, de nombreux appels favorables à une révision me parviennent. Je n’y suis évidemment pas insensible » avait indiqué le chef de l’Etat camerounais, avant de poursuivre que : « les dispositions de notre Constitution (…) mériteraient d’être harmonisées avec les avancées récentes de notre système démocratique afin de répondre aux attentes de la grande majorité de notre population. » En 2008, cette constitution a été amendée « afin de répondre aux attentes de la grande majorité » de la population. Et le verrou de la limitation de mandat a sauté selon les attentes de la population ?
Concernant la prochaine élection présidentielle au Cameroun, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le président Paul Biya sera de la partie. D’ailleurs la loi amendée selon « les attentes de la population » le lui permet. Mais pour que ça ne gêne pas les chefs d’Etat occidentaux souvent jaloux des pays africains où les peuples aiment leurs présidents, le pouvoir d’Etoudi a opté pour la continuité en ce qui concerne la « stratégie du peuple ». Une stratégie d’ailleurs en vigueur partout en Afrique. Réunis lundi dernier (21 décembre 2009) autour du premier ministre Philémon Yang, tous les membres du gouvernement sont venus participer à la cérémonie de présentation du livre « Paul Biya, l’appel du peuple ». Un livre constitué de 169 motions de soutiens et déclarations compilés sur 336 pages par le quotidien national Cameroon-tribune. Avec une idée phare du peuple camerounais qui appelle de tous ces vœux le chef de l’Etat Paul Biya à se représenter à la prochaine élection présidentielle. Ce sera la grande annonce de son traditionnel discours de fin d’année à la nation le 31 décembre prochain. Rien de mauvais non ?
Rendant visite à Mamadou Tandja, au moment le débat sur l’amendement de la constitution était en ébullition au Niger, le président Libyen Muammar Kadhafi avait déclaré qu’ « il faut que le peuple choisisse celui qui doit gouverner, même pour l’éternité ». Mais pour quelle contre-partie ?