Affrontements entre FDS et des populations d’Abobo - Ce que notre reporter a vu hier sur le terrain...
Affrontements entre FDS et des populations d’Abobo - Ce que notre reporter a vu hier sur le terrain...
(L'intelligent d'Abidjan 13/01/2011)
Des cargos FDS incendiés, 6 policiers tués, des blessés graves et de nombreux disparus. L’opération de pacification lancée à Abobo PK 18 par les Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales au Président Laurent Gbagbo s’est poursuivie dans la nuit du mardi 11 janvier au mercredi 12 janvier 2011. Le bilan de cette opération paraît très lourd du côté des FDS que de la population civile.
PK 18, un des quartiers célèbre de la commune d’Abobo réputé dangereux, est le théâtre ces jours-ci de violents affrontements. C’est là que des fusillades ont lieu entre FDS et des jeunes révoltés. Il était 06 heures 30 minutes du matin lors que nous arrivons dans ce quartier à bord d’un minicar (gbaka), servant de liaison entre Abobo et Youpougon. Tout le long du trajet, c’est-à-dire, à partir de la gendarmerie d’Abobo, une tristesse s’était emparée de tous les occupants. Au fur à mesure qu’on avançait, la tension montait. En réalité, quelque chose tramait : l’angoisse des populations de PK 18 qui n’ont pu dormir ce jour se lisait sur les visages. Durant toute la nuit, soit de 00 H 43 min à 4h du matin, leur sommeil a été troublé par des canons (des tirs de mortiers nourris). Au carrefour Agripac (toujours à PK 18), le conducteur décide de rebrousser chemin. Raison avancée : ‘’Nous ne pouvons plus avancer’’. A peine finit-il de parler, que le minicar est pris d’assaut par des jeunes armés de gourdins qui exigent au conducteur de leur remettre les clés du véhicule. Cette injonction finit par faire comprendre à tous les occupants qui n’étaient pas encore au parfum de ce qui s’est passé dans la nuit, du danger qu’ils encourent en étant dans le car. Dans la débandade, chacun a pu se rendre compte de l’évidence. Car, derrière le pont (à moins 500 mètres), axe Agripac-carrefour N’dotré, se trouve une population angoissée. Il était 8h 00 quand nous avons retrouvé notre guide, Coulibaly O, la quarantaire revolue. «Merci d’être venu sitôt pour t’informer de la situation qu’on a vécue toute la nuit», lance-t-il. Il remercie l’épouse d’un gendarme qui a pris soin de nous garder chez elle, lorsque la présence des FDS avait été annoncée au moment de notre arrivée. Une fois sortie de notre cachette, nous nous retrouvons nez-à nez avec un groupe de jeunes très excités et qui, à les entendre, veulent en découdre avec les FDS qui leur font subir toutes les atrocités. « Nous ne nous laisserons plus faire », avertissent-ils. A peine le contact et la confiance établis entre et nous, notre guide nous conduit à l’endroit où une grenade lancée par des éléments des FDS n’a pu exploser. Puis-je faire une photo ? Un homme, arme au poing, confiant, répond : ‘’Allez-y, n’ayez pas peur’’. Ce que nous faisons, avec une grande prudence, ne sachant à quel moment cette grenade dormante comme un volcan peut se réveiller. Mais sur insistance de l’homme qui rassume que rien ne se passera, nous prenons au moins deux images. Pour nous, c’était suffisant. A environ 100 mètres de l’endroit où la grenade a été lancée, se trouvait un corps sans vie, couvert d’un drap blanc ensanglanté. L’impact des balles étaient visibles sur la dépouille. ‘’Suivez-moi, il y a d’autres corps ici’’, indique notre guide qui nous conduit dans une cour. A l’entrée se trouvent des bananiers. “C’est ici que des gens ont été assassinés’’, nous confie-t-il. On pouvait voir du sang sur des bananiers, mais curieusement pas de corps. “Tous les corps ont été enlevés après leur assassinat’’ soutient-il. Mais, par qui ? Aucune réponse à cette question.
Bilan lourd du côté FDS
Les éléments des FDS ont subi, apprend-on, des pertes dans le combat qui les a opposé à ces hommes qui tiennent en respect le quartier PK 18. En termes de dégâts matériels, près de 3 véhicules appartenant aux FDS ont été incendiés durant cette nuit. Selon des sources policières, au moins 6 éléments des FDS ont été tués y compris des disparus dont on n’a pas encore les nouvelles. Les manifestants, eux, annoncent plusieurs des leurs tués. A cause de cette situation, la circulation a été interrompue, empêchant ainsi les travailleurs de regagner leur lieu de service. Idem pour ces nombreux élèves et étudiants qui ont attendu en vain les autocars de la Sotra.
Droit de l’Homme Bafoué
La scène qui nous a été donnée d’observer hier mercredi montre bien que le Droit de l’Homme n’est plus respecté en Côte d’Ivoire. De part et d’autre, on tue, on assassine sans remord, ni crainte. Nous avons eu la vie sauve grâce à la vitesse de nos jambes hier à Abobo. Pendant la fuite, des femmes, enfants au dos, sont tombés, piétinés par une foule immense qui fuyait les balles. La peur du gendarme, qui est le commencement de la sagesse, est en train de disparaître. La colère ronge et monte chez les FDS qui ne veulent plus tolérer la chienlit. La population se prépare à la résistance et l’autodéfense en constatant qu’en face, les FDS sont aussi vulnérables et mortelles… La crise, elle dure. Elle pourrait dégrader bien de choses ; et pourrait faire autant de victimes, qu’une guerre civile classique, ou autre action militaire. Le temps de la raison est venu pour chacun.
A.T
(L'intelligent d'Abidjan 13/01/2011)
Des cargos FDS incendiés, 6 policiers tués, des blessés graves et de nombreux disparus. L’opération de pacification lancée à Abobo PK 18 par les Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales au Président Laurent Gbagbo s’est poursuivie dans la nuit du mardi 11 janvier au mercredi 12 janvier 2011. Le bilan de cette opération paraît très lourd du côté des FDS que de la population civile.
PK 18, un des quartiers célèbre de la commune d’Abobo réputé dangereux, est le théâtre ces jours-ci de violents affrontements. C’est là que des fusillades ont lieu entre FDS et des jeunes révoltés. Il était 06 heures 30 minutes du matin lors que nous arrivons dans ce quartier à bord d’un minicar (gbaka), servant de liaison entre Abobo et Youpougon. Tout le long du trajet, c’est-à-dire, à partir de la gendarmerie d’Abobo, une tristesse s’était emparée de tous les occupants. Au fur à mesure qu’on avançait, la tension montait. En réalité, quelque chose tramait : l’angoisse des populations de PK 18 qui n’ont pu dormir ce jour se lisait sur les visages. Durant toute la nuit, soit de 00 H 43 min à 4h du matin, leur sommeil a été troublé par des canons (des tirs de mortiers nourris). Au carrefour Agripac (toujours à PK 18), le conducteur décide de rebrousser chemin. Raison avancée : ‘’Nous ne pouvons plus avancer’’. A peine finit-il de parler, que le minicar est pris d’assaut par des jeunes armés de gourdins qui exigent au conducteur de leur remettre les clés du véhicule. Cette injonction finit par faire comprendre à tous les occupants qui n’étaient pas encore au parfum de ce qui s’est passé dans la nuit, du danger qu’ils encourent en étant dans le car. Dans la débandade, chacun a pu se rendre compte de l’évidence. Car, derrière le pont (à moins 500 mètres), axe Agripac-carrefour N’dotré, se trouve une population angoissée. Il était 8h 00 quand nous avons retrouvé notre guide, Coulibaly O, la quarantaire revolue. «Merci d’être venu sitôt pour t’informer de la situation qu’on a vécue toute la nuit», lance-t-il. Il remercie l’épouse d’un gendarme qui a pris soin de nous garder chez elle, lorsque la présence des FDS avait été annoncée au moment de notre arrivée. Une fois sortie de notre cachette, nous nous retrouvons nez-à nez avec un groupe de jeunes très excités et qui, à les entendre, veulent en découdre avec les FDS qui leur font subir toutes les atrocités. « Nous ne nous laisserons plus faire », avertissent-ils. A peine le contact et la confiance établis entre et nous, notre guide nous conduit à l’endroit où une grenade lancée par des éléments des FDS n’a pu exploser. Puis-je faire une photo ? Un homme, arme au poing, confiant, répond : ‘’Allez-y, n’ayez pas peur’’. Ce que nous faisons, avec une grande prudence, ne sachant à quel moment cette grenade dormante comme un volcan peut se réveiller. Mais sur insistance de l’homme qui rassume que rien ne se passera, nous prenons au moins deux images. Pour nous, c’était suffisant. A environ 100 mètres de l’endroit où la grenade a été lancée, se trouvait un corps sans vie, couvert d’un drap blanc ensanglanté. L’impact des balles étaient visibles sur la dépouille. ‘’Suivez-moi, il y a d’autres corps ici’’, indique notre guide qui nous conduit dans une cour. A l’entrée se trouvent des bananiers. “C’est ici que des gens ont été assassinés’’, nous confie-t-il. On pouvait voir du sang sur des bananiers, mais curieusement pas de corps. “Tous les corps ont été enlevés après leur assassinat’’ soutient-il. Mais, par qui ? Aucune réponse à cette question.
Bilan lourd du côté FDS
Les éléments des FDS ont subi, apprend-on, des pertes dans le combat qui les a opposé à ces hommes qui tiennent en respect le quartier PK 18. En termes de dégâts matériels, près de 3 véhicules appartenant aux FDS ont été incendiés durant cette nuit. Selon des sources policières, au moins 6 éléments des FDS ont été tués y compris des disparus dont on n’a pas encore les nouvelles. Les manifestants, eux, annoncent plusieurs des leurs tués. A cause de cette situation, la circulation a été interrompue, empêchant ainsi les travailleurs de regagner leur lieu de service. Idem pour ces nombreux élèves et étudiants qui ont attendu en vain les autocars de la Sotra.
Droit de l’Homme Bafoué
La scène qui nous a été donnée d’observer hier mercredi montre bien que le Droit de l’Homme n’est plus respecté en Côte d’Ivoire. De part et d’autre, on tue, on assassine sans remord, ni crainte. Nous avons eu la vie sauve grâce à la vitesse de nos jambes hier à Abobo. Pendant la fuite, des femmes, enfants au dos, sont tombés, piétinés par une foule immense qui fuyait les balles. La peur du gendarme, qui est le commencement de la sagesse, est en train de disparaître. La colère ronge et monte chez les FDS qui ne veulent plus tolérer la chienlit. La population se prépare à la résistance et l’autodéfense en constatant qu’en face, les FDS sont aussi vulnérables et mortelles… La crise, elle dure. Elle pourrait dégrader bien de choses ; et pourrait faire autant de victimes, qu’une guerre civile classique, ou autre action militaire. Le temps de la raison est venu pour chacun.
A.T
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