Affaire Titus Edzoa-Thierry Atangana: Amadou Ali et Akame Mfoumou font perdre 278 milliards à l'Etat

YAOUNDÉ - 06 Juillet 2012
© Olivier A. Ndenkop | L'Actu

Cette somme représente les créances à verser aux entreprises européennes engagées dans le Comité de pilotage des travaux routiers Yaoundé-Kribi et Ayos-Bertoua.

278 514 171 852 F Cfa, c'est le montant que l'Etat du Cameroun devra débourser pour honorer ses engagements vis-à-vis des sociétés occidentales invitées à participer au Comité de pilotage et de suivi des Travaux routiers (Copisur). Des chiffres qui donnent le tournis, mais que «les entreprises du CAC-40 sont résolus à récupérer quelque soit les moyens», révèle une source bien introduite.

L'affaire remonte à l'année 1992. Paul Biya est engagé dans sa première élection présidentielle pluraliste. L'opposition a le vent en poupe. Le président en exercice fait des promesses populations qu'il voit d'abord comme potentiel électeur. Aux milliers d'électeurs de l'Est par exemple, il annonce le bitumage de l'axe routier Ayos-Bertoua, qui viendra les sortir du désenclavement.

Seulement, le Trésor camerounais, qui ne s'est pas encore remis des contrecoups de la dévaluation du Franc Cfa survenu au début de l'année 1994, ne peut pas supporter ces lourds investissements. Les sociétés françaises telles que l'Entreprise Jean Lefebvre et France Télécom réclament plusieurs milliards de Frs. Cfa au Cameroun, et ont rompu tout contrat avec le Cameroun. Pour inciter ces firmes étrangères à réinvestir chez lui, Paul Biya créé le Copisur en mai 1994. Michel Thierry Atangana est nommé comme cadre de l'Entreprise Jean Lefebvre, au sein de ce consortium qui devrait aussi construire l'axe Yaoundé-Kribi.

Le Franco-camerounais Thierry Atangana, expert financier, réussi à rassurer les sociétés françaises à travers un mécanisme de financement innovant. Lesquelles acceptent de mobiliser les fonds nécessaires pour la construction des routes promises par Paul Biya. Les conventions de cession et de compensations sont signées à cet effet avec le Groupement professionnel des pétroliers (GPP). Les travaux démarrent sur les chapeaux de roue. Le matériel de travail est acquis, les études techniques et géotechniques engagées.

En 1997, Titus Edzoa qui assurait la tutelle du Copisur à sa création, démissionne de son poste de ministre de la Santé publique, et annonce sa candidature à la présidentielle de cette année-là. Panique dans le sérail. Le «Rouleau compresseur» se met en branle pour broyer Edzoa et compagnie. Les résultats sont immédiats: condamnation de Titus Edzoa et Michel Thierry Atangana à 15 ans de prison ferme. Mais, les deux proches collaborateurs de Paul Biya, respectivement ministre des Finances et de la Défense, auraient dû demander au président de la République de signer un décret pour dissoudre le Copisur; question de mettre un terme aux contrats signés avec les sociétés occidentales. Ils ne l'ont pas fait.

Négligence, ignorance ou complot? Difficile de répondre. Toujours est-il que jusqu'aujourd'hui, le Copisur n'a jamais été dissous. Conséquences, les contrats signés avec Dumez, Socamat-EJL+ETPC+TRT... courent toujours. «Suivant le parallélisme de forme, seul un décret présidentiel mettrait un terme à ces contrats. Et en maintenant Michel Thierry Atangana en prison, l'Etat du Cameroun ne fait qu'alourdir sa dette». Des explications enterinées par plusieurs ingénieurs financiers et juristes chevronnés.



07/07/2012
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