Affaire SODECOTON: Les Temoins blanchissent Iya Mohammed au TCS - Ce que le DG et le DGA ont dit au Tribunal

Yaoundé, 18 Novembre 2013
© René Atangana | La Météo

Il aurait été demandé à Abdou Namba et Henri Clavier, respectivement directeur général et directeur général adjoint, de se constituer partie civile dans l'affaire opposant l'ancien Dg à l'Etat.

Le directeur général de la Société de développement du coton (Sodecoton) et son adjoint, Abdou Namba et Christian Clavier respectivement, ont été auditionnés le 1 er novembre 2013 par le juge d'instruction du Tribunal criminel spécial (Tcs), Ekanga Evouh.

Ils y étaient convoqués dans le cadre des malversations financières commises au préjudice de cette entreprisse par son ex-patron, Mohammed Iya et certains de ses collaborateurs, sous mandat de dépôt depuis mi-juin dernier. Nommé le 25 juin dernier et installé trois jours plus tard, Abdou Namba était invité, selon nos sources, à expliquer s'il avait été informé des faits reprochés aux mis en cause. Nouvellement arrivé à la tête de l'entreprise constituée de trois actionnaires que sont l'Etat du Cameroun (59%), Geocoton (30%) et la Société mobilière d'investissement du Cameroun (11%), il a naturellement refilé le dossier à son second, qui en même temps reste en contact étroit avec la Commission nationale anti-corruption (Conac), également intéressée par la procédure en cours. Le Dg de la Sodecoton serait toutefois disposé, indique-t-on, au nom de la société, à se porter partie civile dans cette affaire pour exiger des dommages et intérêts.

Plus disert aura par contre été le Dga Christian Clavier, en poste depuis mi-octobre 2007. De nationalité française, l'homme a longtemps travaillé sous les ordres directs de Mohammed Iya et ne peut, de ce fait, ignorer les multiples «manquements» mis sur le dos de son ancienne hiérarchie, dont les actes de gestion étaient validés et étroitement contrôlés par le conseil d'administration.

Or, M. Clavier aurait marqué sa stupéfaction, face aux questions du juge d'instruction liées aux prétendues malversations à savoir, le fonctionnement courant de l'entreprise, la vente de logements à Kaélé, le financement de l'équipe de football Coton sport de Garoua et autres sorties d'huile sans contrepartie, dont est accus Mohammed Iya.


Quitus

Entreprise d'économie mixte, la Sodecoton est censée disposer de statuts supranationaux, conformes à l'Organisation pour l'harmonisation du droit des affaires en Afrique (Ohada). Selon les dispositions de cette entité, sauf dispositions contraires du conseil d'administration en charge de la stratégie ou encore du contrôle, le directeur général, dont les actes de gestion sont par ailleurs sanctionnés dans des audits des commissaires aux comptes, dispose des pouvoirs les plus étendus reconnus par les textes organiques et les conventions internationales.

A plusieurs reprises, et alors qu'il se trouvait encore en liberté, Mohammed Iya a régulièrement martelé ces évidences. La période de gestion 2005-2010, qui lui a valu les représailles du Contrôle supérieur de l'Etat (Consupe), lui vaut aujourd'hui d'être jeté en pâture et de connaître les douceurs du cachot, a été étudiée par le conseil d'administration qui lui a régulièrement décerné des quitus de bonne gestion.

Sur le financement du club de football Coton Sport de Garoua, Christian Clavier a, depuis le début de «l'affaire Iya Mohammed», martelé qu'il intervient dans le cadre des actions sociales approuvées par le conseil d'administration, qu'il n'y a donc rien d'illégal. Quant aux sorties de cartons d'huile et de tourteaux, qui semblent avoir ému les enquêteurs du Constipe, le Dga ne cache non plus sa «surprise», ce type d'opérations étant du ressort de la direction des ventes de la Sodecoton.

Rouleau compresseur. Face aux interrogations du juge d'instruction qui tentait de savoir si Mohammed Iya n'avait posé aucun acte préjudiciable à l'entreprise, Christian Clavier est resté inflexible, se bornant à rappeler que les faits reprochés à son ex-Dg n'avaient fait l'objet d'aucune observation des commissaires aux comptes, ni du conseil d'administration.

Au terme de ces deux auditions, considérées comme capitales par certains, point n'est besoin de comprendre que Iya Mohammed a été blanchi aussi bien par son successeur que par son ancien second. Si le premier s'en est tenu aux choses entendues, s'en remettant à la sagacité de son adjoint, le Dga ne s'est pas encombré de la langue de bois pour, de manière indirecte, décrier la persécution dont est victime le non moins ex-président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot). Du coup, ceux qui crient au lynchage et au règlement de comptes politique ne manqueront pas de se sentir rassérénés. Les deux témoignages sus-rapportés suffiront-ils à stopper des poursuites souvent décriées par certains. Rien n'est moins sûr, le «rouleau compresseur» semblant avoir perdu ses freins. Sos, procès kafkaïen en vue?


18/11/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres