Comme annoncée, l'audience était vraiment courue le jeudi 15 avril 2010 à la Cour d'appel du Centre à Yaoundé, dans l'affaire opposant l'ancien ministre de la Défense, Remy Ze Meka à Jacques Blaise Mvié et Charles Nwé, respectivement directeur de publication et rédacteur en chef du journal La Nouvelle Presse.
Le déplacement valait déjà la peine, ne serait-ce que pour la simple raison que la partie civile, en l'occurrence Remy Ze Meka était vivement attendue pour l'ouverture des débats au fond. A la fin, aucune trace de "Bad Boy". Seuls les 2 journalistes, avec à leurs côtés, le maréchal des logis chef Jérémie Doko, vont comparaître libres devant la barre. N'empêche que, l'assistance présente dans la salle d'audience bouillante aura surtout été déçue par le lapin posé par l'ex-Mindef. En début d'audience, le président de la collégialité, Koum Tsala a tenu au respect de la discipline tout au long des plaidoiries, car "quand il s'agit d'une affaire de la République, il faut de l'ordre", dira-t-il d'un ton ferme. Ce qui va permettre à l'avocat général, le lieutenant-colonel Kegne de présenter l'acte d'accusation.
Dans les détails donc de cet acte d'accusation, l'on va apprendre qu'il est reproché à La Nouvelle Presse d'avoir publié en 2007, une série d'informations sur les forces de défense au Cameroun dont certaines étaient classées "secret défense". Certaines de ces informations, a renchéri l'avocat général, avaient trait aux stratégies de défense de l'armée camerounaise. Bien après, a-t-il ajouté, le 25 février 2008, Doko Jérémie sera appréhendé en possession de documents dont il n'avait plus le droit de détenir alors qu'il ne faisait plus partie des effectifs des forces de défense. C'est sur la base du contenu de ces documents correspondant aux informations publiées par La Nouvelle Presse, a-t-il estimé, que les poursuites ont été engagées contre lui. Et l'avocat général de conclure, " Doko Jérémie sera par conséquent considéré comme l'auteur principal de ces faits par le tribunal militaire de Yaoundé et condamné à 4 ans de prison ferme et à 400 000 FCFA d'amende. Mvié Blaise et Nwé Charles, coupables de complicité des mêmes faits et condamnés à 5 ans de prison ferme et à 500 000 FCFA d'amende. Vous les déclarez à nouveau coupables pour ces faits portés devant vous. Suivront par la suite des plaidoiries de Me Guy Charles Mbassi qu'assistait Me Cathy Moundo, conseil de Jérémie Doko qui va justifier l'appel interjeté pour "une mauvaise appréciation des faits de la part du tribunal militaire qui a abouti, inéluctablement, à une mauvaise application de la loi". Pour cela pense-t-il, les poursuites devraient être logiquement abandonnées contre son client. De même, en parlant d'insuffisance de charges, Me Paulin Marie Ndongo, conseil des 2 journalistes a soutenu également à son tour que, ses clients ne sont pas auteurs des articles incriminés, non sans manquer de déplorer au passage le fait que la loi générale ait été visée par le tribunal militaire de Yaoundé au détriment de la loi de 1990 sur la communication sociale au Cameroun. C'est donc fort de ces requêtes de la défense que la Cour va renvoyer l'affaire pour le 29 avril prochain. Il sera question pour les magistrats de délibérer sur les charges retenues contre les 3 prévenus. Une autre audience à ne manquer sous aucun prétexte. |