Affaire Polycarpe Abah Abah: Les avocats de l'accusé dénoncent la parodie de Justice

DOUALA - 26 Juin 2012
© Souley ONOHIOLO | Le Messager

Ils ont tenu à restituer les faits tels qu'ils se sont passés au tribunal le 19 juin 2012 dernier et décrié avec véhémence, la condamnation de leur client à six ans de prison.

Pour le pool des avocats de la défense de Polycarpe Abah Abah, ancien ministre de l'Economie et des finances, le jugement rendu en date du 19 juin dernier, par le tribunal de première instance de Yaoundé Ekounou contre leur client, traduit en Justice pour les faits «d'évasion aggravée» ressemble étrangement à un procès kafkaïen. A les croire, l'audience a été émaillée d'incidents dont l'issue n'a pas permis le rendu d'une décision de justice équitable, au moment où d'une part les instances ordinales les plus officielles sont interpellées sur l'indépendance de l'institution judiciaire au Cameroun, tandis que d'autre part, certaines personnes, plutôt que de s'en remettre à cette Justice recourent à l'opinion publique, avec des déclarations et révélations qui pourraient nuire à la cohésion sociale. «Il y a eu environ, 12 heures de débat au cours duquel, toutes les possibilités de recours, nous ont été refusées. On aurait dit que le magistrat juge, était en mission commandée. Sinon comment comprendre son entêtement et sa détermination à juger une affaire alors même qu'il a été récusé. Il a refusé de statuer sur les exceptions que nous avons soulevées. Tout en refusant de permettre aux avocats de la défense d'organiser leur stratégie, il a rendu sa décision avec une rapidité étonnante» explique Me Jean Calvin Bilong.

Ses collègues du pool de la défense de l'ex-Minéfi, Antoine Marcel Mong, Marion Nko'o, Me Nouga, sont également retournés contre le juge, car selon eux, tout a été mené dans le sens de la diabolisation de leur client, le juge ayant eu l'attitude d'un homme chargé d'exécuter une certaine sentence. «Cette situation révèle la faillite d'une institution que l'avocat, réputé chien de garde de la démocratie, est obligé de révéler pour la dénoncer et en appeler aux autorités ordinales» lit-on dans leur lettre de protestation.


Tordre le cou à l'instrumentalisation

L'adresse des avocats de la défense à la presse participe d'une volonté de dénonciation et de prise à témoin d'une opinion publique dont on espère qu'elle détermine les instances de décision. Il entend éclairer sur ce que la plus part des observateurs ont appelé sans excès «la mascarade du 19 juin 2012 devant le tribunal de première instance de Yaoundé Ekounou». Après avoir donné les faits qui ont généré ce procès d'un genre particulier, à les croire, le déroulement de l'audience, n'a pas permis d'apprécier la pertinence des revendications d'une justice équitable ainsi que celle des déclarations sur l'indépendance de l'institution judiciaire au Cameroun. «Convaincus qu'un magistrat ne peut se permettre des attitudes telles qu'observées au tribunal d'Ekounou le 19 juin dernier, sauf s'il se sait couvert par une impunité garantie, à l'instar des agents qui ont procédé à l'arrestation de notre client et de ses geôliers, les avocats de la défense dénoncent: l'instrumentation de certains magistrats et des forces du maintien de l'ordre, par d'autres forces occultes tapies dans les services gouvernementaux très haut placés, exige que soit garantie à leur client comme à tout justiciable, une justice équitable et indépendante ainsi que la sécurité personnelle qui convient à toute personne détenue ou non, affirme que le respect du aux cours et tribunaux n'a de signification que si les magistrats de tout grade et de toute instance, s'appliquent au respect et à l'application des lois et des règlements qui assurent par leur impersonnalité l'équité qui convient à l'institution judiciaire, exige la sanction des juges qui n'ont cures des lois...» Concluent-ils.




26/06/2012
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