Affaire Michel Thierry Atangana: Paris dépêche un émissaire à Yaoundé
Yaoundé, 26 Novembre 2012
© Henriette Assen | La Météo
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L'Ambassadeur français pour les droits de l'Homme arrive au Cameroun ce jour.
Selon le site web de l'Ambassade de
France au Cameroun, François Zimeray, ambassadeur pour les droits de
l'Homme, séjournera à Yaoundé du 26 au 28 novembre 2012. Il aura des
entretiens avec le ministre de la Justice et le secrétaire général du
ministère des Relations extérieures, sur la situation des droits de
l'Homme au Cameroun. Il évoquera aussi la campagne française pour
l'abolition universelle de la peine de mort. Enfin, il rencontrera les
Organisations non gouvernementales et les membres de la société civile
qui militent, au quotidien, pour le respect des droits humains
fondamentaux.
Libérateur. En sus de ces rencontres avec des officiels camerounais, François Zimerray rendra visite à son compatriote Michel Thierry Atangana, détenu depuis plus d'une quinzaine d'années dans une cellule du sous-sol du secrétariat d'Etat à la Défense (Sed). Ce sera l'occasion pour lui, en sa qualité de «conseil de l'Etat et d'acteur de la coopération internationale», d'asseoir la position de l'Etat français sur le cas de ce Franco-Camerounais que Amnesty International qualifie de «Personne en danger». Nommé ambassadeur pour les droits de l'Homme lors du conseil des ministres du 13 février 2008, son action s'articule autour de plusieurs axes: l'animation de la réflexion française sur les droits humains, la valorisation des conceptions françaises au plan international, le suivi de la négociation et de la mise en œuvre des accords internationaux, la consolidation de la conception européenne, la promotion d'une identité francophone en matière de droits de l'Homme en lien avec l'Organisation Internationale de la Francophonie (Oit. La fonction d'ambassadeur pour les droits de l'Homme a été créée en 2000 afin que la France, «dont le message et la pratique dans le domaine des droits de l'Homme sont tout particulièrement observés, attendus et écoutés», puisse être dotée d'une capacité supplémentaire d'initiative et d'expression. Position. Des sources bien introduites dans les milieux français à Yaoundé affirment à cet effet que, non seulement François Zimerray vient apporter le soutien indéfectible de la France à son ressortissant en détresse au Cameroun, il vient également confirmer aux autorités camerounaises que les déclarations de l'Ambassadeur Bruno Gain à propos de ce procès sans fin sont, ni plus ni moins la position de l'Hexagone. L'on se souvient que le diplomate français accrédité au Cameroun, a assisté aux différentes audiences et s'est fait une idée de l'affaire. Nos sources indiquent qu'il a régulièrement rendu compte au Quai d'Orsay du déroulement du procès, avec les vices rédhibitoires de l'éclatement du collège des juges et du verdict du 04 octobre dernier. Au lendemain dudit verdict, il indiquait d'ailleurs sa déception. Dans une déclaration rendue publique, Bruno Gain disait avoir appris avec «déception» le jugement rendu la veille par le Tribunal de grande instance du Mfoundi. Pour le diplomate français, la peine infligée à Michel Thierry Atangana, (20 ans de prison ferme) était «Particulièrement lourde... ce dernier a déjà purgé une peine d'emprisonnement considérable (15 ans ndlr). Une durée aussi longue est de nature à briser le plus résistant des hommes.» Et de préciser «j'exprime ainsi le vœu instant que Michel Thierry Atangana puisse dès que possible recouvrer la liberté.» La France, par la voix de son ambassadeur au Cameroun, marquait donc son désaccord. Au sein du sérail, l'on apprécie l'arrivée de François Zimeray au Cameroun car, la décision du 04 octobre n'aide pas le Cameroun. La démarche de la France est jugée de pacifique, au regard des enjeux économiques que représente cette affaire dans laquelle l'Etat du Cameroun doit près de 278 milliards FCFA aux entreprises françaises, et surtout au regard des nombreux meurtres perpétrés sur les Français au pays de Paul Biya. |
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