Affaire Michel Thierry Atangana: Le verdict attendu ce jour

YAOUNDÉ - 04 Octobre 2012
© Henriette Assen | La Météo

Après 11 années d'instruction, 52 jours d'enquête préliminaire, trois ans de prétoire et 15 années de détention, le Français d'origine pourra enfin être fixé sur son sort.

Selon des informations parvenues à notre rédaction à l'heure où nous allions sous presse, Mme Atangana Fannie serait de retour. Magistrate et membre de la collégialité des juges devant connaître l'affaire Etat du Cameroun contre Michel Thierry Atangana. Elle était partie du pays il y a quelques semaines, pour des examens médicaux. Avec son absence, le délibéré du procès a été renvoyé à deux reprises. Bien introduit dans les milieux de la Justice, notre informateur précise: «Le collège des juges sera complet et le verdict sera dit». Il poursuit: «Même si la collégialité n'est pas régulièrement constituée, nous aurons le délibéré, sauf nouvelle immixtion de l'exécutif sur le judiciaire». Et de chuter: «C'est quand même depuis le 17 juillet que le jugement est rabattu. Quatre renvois en deux mois pour lire une sentence? C'est un fait inédit dans l'histoire de la justice camerounaise».


Rappel.

Arrivé au Cameroun au début des années 90, Michel Thierry Atangana, frais émoulu de la prestigieuse Ecole nationale des Finances publiques de Paris, est dépêché à Yaoundé par le Groupe Jean Lefebvre pour la mise en œuvre du chantier de deux autoroutes. L'ambitieux projet associe au sein d'un consortium des sociétés françaises et l'État camerounais. Expert financier, nommé par le président de la République à la tête du comité de suivi et de pilotage dudit projet, il mobilise les fonds nécessaires pour sa réalisation, grâce à un mécanisme de financement spécial. Pendant plusieurs mois, tout va pour le mieux. En mai 1997, ce Français d'origine camerounaise est arrêté. Il est accusé de grand banditisme et de détournement de fonds publics. Au terme d'un procès tenu secret le 03 octobre 1997 à 4 heures du matin, sans la présence de ses avocats, Michel Thierry Atangana est condamné à 15 ans de prison. Détenu dans des conditions particulièrement difficiles, il fait l'objet d'un autre procès. Il s'agrippe à la vie dans une cellule de moins de 8 mètres carrés au sous-sol du secrétariat d'Etat à la Défense (Sed), gardé par des éléments lourdement armés, sans visite consulaire au départ. A cause de l'humidité et du manque de lumière, il souffre de décalcification dentaire et d'une perte progressive de la vue.


Paris.

Du fond de sa cellule, Michel Thierry Atangana a lancé un cri de détresse à ses concitoyens français. Et depuis l'arrivée de Bruno Gain au Cameroun, Paris s'intéresse à l'affaire. Le Franco-Camerounais reçoit des visites consulaires. Le sort de celui que le quotidien Libération appelle «Le sacrifié de la Françafrique» mobilise l'ensemble de la classe politique française. Lors du point de presse tenu le 19 juillet dernier au Quai d'Orsay, le lendemain du rabattement du délibéré, le porte parole du ministère français des Affaires étrangères indiquait: «La France a pris note du report du procès de notre ressortissant... Elle exprime le souhait que la procédure judiciaire puisse aboutir dans les meilleurs délais... Les services du ministère des Affaires étrangères, à Paris comme au Cameroun, demeurent mobilisés...» De ce fait, l'audience de cet après-midi est vivement attendue.


04/10/2012
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