Affaire Metouck et Cie : Talba Malla enfonce John Ebong Ngolle

Cameroun - Affaire Metouck et Cie : Talba Malla enfonce John Ebong NgolleDans ses dépositions devant le tribunal, le nouveau DG a fait savoir que son PCA était bien le signataire du document brandi par l’ex–Dg comme étant l’autorisation qui lui avait permis de se rendre à la Sonara après son limogeage. En attendant, le «Bail» lui a été refusé.

C’est une salle d’audience n°1 du Tribunal de 1ière instance de Limbe particulièrement bouclée par un impressionnant déploiement des hommes armés du GMI n°5 et des agents de renseignement en civil qui a accueilli vendredi dernier la très attendue audience dont le point focal était la réponse du président de cette juridiction, Theophilus Tassi à la demande de liberté sous caution formulée quelques jours plus tôt par la défense de l’ancien directeur général de la Sonara Charles Metouck. Une audience qui a connu une forte mobilisation des populations venues de tous bords, des familles et amis des accusés, et la presse qui n’a pas voulu manquer une seule articulation de ce rendrez-vous. A la barre, Charles Metouck, ex – Dg de la Sonara qu’entourent ses anciens collaborateurs Eddinguelle Eddinguelle Jean Jules qui officiaient comme chef de service juridiques, et Ngalle Mouelle Noe, jusqu’ici directeur commercial. Le banc de la défense se verra grossir par de nouveaux avocats adjoints à ceux qui ont été commis depuis l’interpellation des mis en cause.

Pas de bail pour Charles Metouck et Cie

D’entrée, le président de Tribunal ne fera pas attendre longtemps le suspens autour de sa décision. A la demande liberté provisoire de la défense des mis en causes, Théophilus Tassi estimera que les avocats n’avaient pas été assez explicites sur la nature de la demande qu’ils sollicitaient, s’il s’agissait d’une liberté sans caution ou d’une liberté sous caution. Plus encore, il fera valoir que ceux – ci n’ont pas présenté les garanties qu’ils proposaient. Et par conséquent, «pas de bail pour Charles Metouck et Cie». Une décision qui ne sera pas du tout la bienvenue pour la défense de Charles Metouck et autres qui n’hésiteront pas à décrier la partialité du juge.

La défense répondra en fait que la demande a été assez clairement formulée, qu’elle avait sollicité une liberté sous caution pour ses clients et qu’il revenait au juge de fixer le montant de la caution à pourvoir. Sur ce, le juge rétorquera qu’en plus de cela, les charges retenus contre Charles Metouck sont assez graves pour lui accorder une liberté sous caution, déclaration qui suscitera le courroux de la défense qui prendra le juge au mot, lui qui avait auparavant signifié qu’il n’était pas encore question pour eux de rentrer dans le fond du dossier pour toucher des charges qui ne doivent être touchés que lors des débats contradictoires, et «qui revient le premier prendre une sanction contre notre client en usant des charges retenus contre lui comme argument». Une attitude que vont décrier les avocats de la défense qui vont d’ailleurs dénoncer vigoureusement que «le tribunal est très favorable à l’accusation. La motivation du juge ne nous satisfait pas», avant de confier : «nous estimons que le tribunal se ressaisira». Par la suite, les parties se diront prêtes pour l’ouverture des débats au fond, et sur ce, le juges ne fera pas attendra pour ouvrir les débats.

Premier à la barre ; Ibrahim Talba Malla, nouveau directeur général de la Sonara, aux cotés de neufs autres témoins de l’Etat parmi lesquels des cadres de la Sonara, et deux hauts fonctionnaires de la police, les commissaires principaux de Police Jules Ngoumedje et Denis Ntoh respectivement chef de la division régionale de la police judiciaire et chef de la division régionale du contrôle des services (police des polices). A ceux-ci, le président commencera par attirer leur attention sur les responsabilités qui sont les leurs à dire la vérité et rien que la vérité. «Si quelqu’un vous a donné de l’argent, dites – le moi et je vais le faire arrêter. Je ferai usage du code de procédure pénale et du code pénal», menacera le juge. 11h30min. le premier témoin est dans le box; Ibrahim Talba Malla lève la main droite et reprend après le greffier : «je jure de dire la vérité et rien que la vérité», aidé de son interprète. Commencera alors la  longue déposition qui va durer  plus de 3heures d’horloge sous le regard attentif et les oreilles grands ouvertes de la cour et des mis en cause au banc des accusés.

Cette lettre a été signée par le PCA

Après la pause, la cross examination ; les avocats de la défense prendront tour à tour la parole pour extirper du DG de la Sonara, principal plaignant, les informations les plus nécessaires pour le procès. C’est alors qu’il lui sera posé la question de savoir s’il était au courant de l’existence de la note brandie par l’ex – Dg comme étant l’autorisation qui lui a été délivrée par le Pca John Ebong Ngolle, et s’il s’avait si oui ou non le Pca l’avait signé. Pas besoin de trop de temps pour répondre. L’inspecteur principal des impôts, tout méticuleux, admettra qu’il était bel et bien au courant de cette note.

Et plus, il affirmera que cette lettre a bel et bien été signée par le PCA qui le lui en avait parlé. Cependant, il fera relever que la mention portée dans cette autorisation suivant laquelle ceci a été fait avec son consentement ou approbation était fausse, et qu’il n’avait jamais donné son aval. Sur les raisons de la délivrance de cette autorisation à l’ex – Dg, Talba Malla confiera à la cours que son PCA John Ebong Ngolle lui avait fait valoir qu’il était question de permettre à l’ex – Dg de préparer les dossiers et documents pour la passation technique, avant de relever «qu’il n’était nullement question pour l’ex – Dg de détruire des documents et d’emporter d’autres». Le juge le fera reprendre cette affirmation plusieurs fois. Et sur ce, il lui sera présenté le document en question, en copie originale pour qu’il reconnaisse son authenticité.

Après avoir pris le soin de l’observer, Talba Malla confirmera qu’il s’agit bel et bien du document qu’avait signé le Pca. Une confirmation qui confortera visiblement l’ex-dg qui suivait impatiemment assis dans le box des accusés. Avant ces échanges, la défense avait au préalable sollicité du président du tribunal que soit  convoqué le Pca John Ebong Ngolle comme témoin de l’ex-Dg Charles Metouck. Une demande que recevra le juge Theophilus Tassi qui fera s’avoir qu’il ne revient pas qu’à lui de le convoquer dans ce contexte, expliquant que dans le cas d’espèce, la défense peut se donner le droit de le convoquer ; cependant, précisera-t-il, «je le ferai dès que je jugerai opportun et nécessaire». La séance sera renvoyée aux environs de 18 heures au lundi 04 mars pour la suite des comparutions des témoins après l’audition de deux autres témoins, notamment dame Erika, cadre commercial à la Sonara qui a suffisamment chargé son directeur commercial Noé Ngalle Mouelle, et dame Kengne la trésorière.

© La Nouvelle Expression : Pierre – Alexis Kaptchouang


05/03/2013
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