Affaire Lapiro: L’Onu exige des excuses au Gouvernement

Le Haut commissariat aux Droits de l’homme estime que la détention de l’artiste musicien a été arbitraire.

Les avis et recommandations du «Groupe de travail sur la détention arbitraire» sont clairs. Cette instance des Nations Unies exige du gouvernement camerounais, dans une correspondance à lui transmis le 26 janvier 2011, qu’il décide d’«une réparation pour les dommages causés par les arbitrarités décrites dans cet avis ; une immédiate amnistie ou pardon ou un autre moyen pour empêcher une nouvelle détention pour les mêmes faits, en raison du non paiement de l’amende imposée ;  des mesures de protection en faveur de M. Lapiro de Mbanga pour garantir son droit humain à la sécurité».

Dans cette lettre de huit (08) pages et datée du 08 février 2012, cet organisme revient sur l’arrestation de Lapiro de Mbanga. Une arrestation qu’il juge arbitraire au regard des éléments qui entourent les évènements de février 2008 pour lesquels l’artiste musicien a été arrêté puis condamné à trois ans de prison ferme pour «complicité de pillage en bande ; destruction de la propriété publique ; obstruction de la voie publique ; atteinte à la propriété publique et réunion illégale». Or, pour les Nations Unies, ces émeutes de la faim proviennent de l’annonce du président Paul Biya de modifier la constitution afin de proroger le mandat présidentiel et de prolonger l’immunité présidentielle.

Constitution constipée 
Cette proposition aurait motivé des émeutes…, stipule la correspondance qui relève qu’il s’agit d’un «procès politique». Ce d’autant plus que, «en mai 2008, le président aurait accordé une amnistie à des centaines de personnes poursuivies pour leurs participations aux manifestations de février 2008 (…) M. Lapiro n’aurait pas bénéficié de cette amnistie car, il n’était pas encore jugé à ce moment là», informe la note. Ladite correspondance indique par ailleurs que, «Ndinga Man» n’a pas bénéficié du droit à un procès équitable. Car, «Lapiro aurait été condamné sur la base des complicités pour avoir participé aux émeutes (…) Alors que la plupart des organisateurs des émeutes auraient été condamnés à 18 mois d’emprisonnement et auraient ensuite été libérés, Lapiro de Mbanga aurait été condamné à trois ans de prison».

Dans ses délibérations, le Groupe de travail sur la détention arbitraire note qu’il apparaît clairement que Lapiro de Mbanga est un artiste camerounais, défenseur des droits de l’homme, militant du Sdf, compositeur de chansons à «contenu politique». Le titre d’une de ses chansons, «constitution constipée», a d’ailleurs incité plusieurs personnes à s’opposer à une modification constitutionnelle proposée par le gouvernement. Ce qui, à en croire le Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, est la véritable raison de son arrestation.

Blaise Djouokep



13/02/2012
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