Affaire Kaptué Tagne: La version d'Elvis Ngolle Ngolle

Yaoundé, 02 Septembre 2013
© Félicité BANANE N. | Cameroon Tribune

 

Vendredi dernier, l'ex-Minfof s'est exprimé devant le TCS en tant que témoin de l'accusation.

 

 

Elvis Ngolle Ngolle, ancien Ministre des Forêts et de la Faune (Minfof), a été auditionné pour la première fois, vendredi dernier, devant le Tribunal criminel spécial (TCS), en qualité de témoin de l'accusation dans l'affaire Ministère public et Etat du Cameroun (Projet de renforcement des initiatives pour la gestion communautaire des ressources forestières et fauniques, RIGC) contre Kaptue Tagne et autres (employés et ex-employés d'Afriland First Bank). Sans équivoque, il accuse « notamment les responsables de ladite banque et Kaptue Tagne, Directeur général de la société Camdev, d'avoir pensé une manœuvre bancaire pour faire du business avec les fonds publics». Vendredi, dans la suite de cette affaire, l'on a exclusivement eu droit à l'examination-in-chief, du second témoin de l'accusation, cité par l'avocat général. Elvis Ngolle Ngolle explique qu'à sa nomination à la tête du Minfof en 2006, il trouve une vingtaine de projets en cours, dont le projet RIGC qu'il juge particulier, du fait qu'il était régi par une convention tripartite (Minfi, Minfof et société civile représentée par la Société Camdev) et bénéficiait des fonds PPTE à hauteur de 3 milliards de F. L'ex-Minfof affirme également qu'il a constaté que «la société Camdev avait des pouvoirs énormes sur la gestion de ce projet. C'est elle qui recrutait les conseillers techniques et le comptable. Elle avait aussi la responsabilité d'ouvrir le compte du projet dans une banque de la place». Une opération faite en 2005 avec son prédécesseur à la tête du Minfof. Mais Elvis Ngolle Ngolle dit s'être interrogé sur un fait anormal: «Malgré les dispositions de la convention, le compte était dénommé Camdev/Projet RIGC au lieu de Projet RIGC tout court». Mais l'ex-coordonnateur du projet lui aurait assuré que ce n'était pas «réellement un problème». 

Malgré cette assurance, Elvis Ngolle Ngolle affirme qu'il a mis en place un système de management particulier autour du projet RIGC. D'un, il ne devait recevoir le coordonnateur du projet ou le Directeur général de Camdev qu'en présence d'un autre de ses collaborateurs. Aussi, tout document du projet soumis à sa signature devait-il faire l'objet d'une attention particulière au niveau de son cabinet. C'est lui qui nomme Denis Bene, actuel coordonnateur. Lequel ne lui a jamais signalé de dysfonctionnement jusqu'en 2010, cause des chèques qui revenaient impayés de la banque. Dans la foulée, il apprendra que son prédécesseur et le DG de Camdev avaient constitué des DAT sur le compte du projet, ce qu'il s'est attelé à faire tomber. Entre-temps, la police judiciaire, la Beac et la justice sont saisies. Le reste de l'affaire, depuis 2011, «c'est à travers la presse ou par le coordonnateur du projet que je l'ai apprise, vu que je ne suis plus Ministre». 

Dans les échanges avec la partie civile, notamment en ce qui concerne la reconduction des DAT sous son mandat en 2007 puis en 2008, Elvis Ngolle Ngolle parle de fausses signatures. Il regrette aussi la démarche de l'institution financière, affirmant que «pour des fonds aussi importants (près de 2 milliards), en plus, des deniers publics, la banque aurait dû venir rencontrer les responsables de l'Etat ou tout au moins, leur passer un coup de fil pour s'assurer de la conformité des documents». La suite de l'affaire c'est le 5 septembre prochain, avec notamment la réplique de la banque.



03/09/2013
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