Affaire Inoni: Place aux accusés ce matin
Écrit par William Bayiha, stagiaire |
Mercredi, 20 Mars 2013 16:03 |
Ephraïm Inoni et Cie sont appelés à donner leur version des faits ce 20 mars à la suite des éléments d’accusation présentés par le procureur.
Un mois exactement après l’ouverture des débats au Tribunal criminel spécial (Tcs), le président Yap Abdou ouvre une page dans ce procès qui oppose l’ancien premier ministre, Jean Marie Atangana Mebara et Otele Essomba au ministère public et à l’Etat du Cameroun.
D’ores et déjà, ils savent ce qui leur
est reproché dans le détail. Le procureur soutenu par les avocats de
l’Etat ont réitéré devant la cour que les prévenus avaient agi en
coaction dans un cadre illégal. En refusant de respecter les normes en
matière de passation des marchés publics, ils savaient qu’ils allaient
en tirer avantage. L’accusation a souligné que la convention d’audit
signée entre la société Aircraft Portfolio Management (Apm) et l’Etat à
hauteur de 287 millions de francs devait faire l’objet d’un appel
d’offres. Au lieu de cela, les responsables de l’époque en charge de ce
dossier ont jugé nécessaire de privilégier Apm dans une procédure de gré
à gré. Pour la partie civile et pour l’avocat général, ces faits sont
d’autant plus fondés que c’est le secrétaire général de la présidence de
la république (Sg/Pr)Atangana Mebara qui a apposé sa signature sur la
convention d’une part. D’autre part, Chief Inoni alors Sg/Pr adjoint et
Otelé Essomba étaient actionnaires d’Apm. Il leur est accusé ainsi qu’au
britannique Kevin Walls, en fuite d’avoir profité de cette procédure
opaque. Des faits en partie corroborés par John Begheni Ndeh, ministre
des Transports à l’époque des faits. Il a dit à la barre qu’il avait
tiré la sonnette d’alarme contre cette procédure mais que la hiérarchie
lui avait forcée la main pour parapher la convention.
Le témoin d’Otelé
Pour ce qui est du second volet de l’accusation, l’avocat général
retient une charge de détournement de deniers publics contre Atangana
Mebara et son adjoint Inoni. La somme querellée s’élève à 1,425
milliards de francs. Cette somme représente selon le procureur le trop
perçu après des transactions entre la Société nationale des
hydrocarbures et la société de location d’avion Ansett Worldwide. Deux
transferts avaient été réalisés à travers la Snh et Standard Chartered
Bank aboutissant à un double paiement et à une rétrocession d’argent à
l’Etat par Ansett en 2003. Des faits corroborés par Martin Atanga,
l’ex-directeur général adjoint de l’établissement bancaire. A travers sa
déposition devant le juge d’instruction lue par le procureur le 15 mars
2013, on apprend qu’effectivement la structure bancaire est intervenue
dans la transaction à travers une standby letter et que l’opération
financière était effectivement au moins chapeautée par Inoni.
Face à la clarté de l’accusation, Yap Abdou s’est résolu à écouter la
version des faits des accusés. Pour le moment, on sait qu’Inoni ne
prévoie aucun témoin dans son argumentaire mais qu’il entend faire sa
déposition sous serment. Une option également choisie par Otelé Essomba.
Mais celui-ci a dit vouloir, de nouveau faire appel au ministre Begheni
Ndeh. Un vœu exaucé par la cour et accepté par la partie adverse.
Atangana Mebara quant à lui reste partagé. Il a demandé au tribunal de
lui laisser un peu de temps pour consulter ses avocats. Quoiqu’il en
soit, il est attendu des différents accusés de justifier leur ligne de
défense. Le 20 février dernier, ils avaient plaidé non coupables.