L’avocate française est accusée d’avoir gardé par devers elle une partie de la somme recouvrée au nom de l’Etat du Cameroun dans un contentieux qui l’opposait à une BANQUE camerounaise. L’ex-ministre de l’Economie et des FINANCES , Polycarpe Abah Abah et l’huissier de justice Baleng Maah sont quant à eux coupable, selon l’accusation, d’avoir facilité cette distraction de fonds. Le PARQUET a requit l’ARRÊT des poursuites contre feu Henri Engoulou.
Tous coupables. C’est ce qui ressort DES R équisitions du ministère public présentées à l’audience du 15 juillet dernier au Tribunal criminel spécial (Tcs) du Cameroun (qui connait des faits de détournements de 50 millions de F CFA et plus) dans l’affaire qui oppose l’Etat du Cameroun à l’avocate franco-camerounaise, Lydienne Yen Eyoum, l’ex-ministre de l’Economie et desFINANCES , Polycarpe Abah Abah et l’huissier de justice Me Baleng Maah. Ces personnes sont accusées de co-action de détournement de plus de 1 077 000 000 de F CFA dans le CADRE du recouvrement auprès de la Société générale de BANQUE au Cameroun (Sgbc) des créances dues par ladite banque à la liquidation de l’ex-Office national camerounais des produits de base (Oncpb).
Revenant sur la RESPONSABILIT é de chaque accusé dans cette affaire, le ministère public a fait remarquer, au sujet de Me Lydienne Eyoum, qu’elle a reçu, mi-décembre 2004, un pouvoir spécial du ministre de l’Economie et des Finances de l’époque, Polycarpe Abah Abah, de recouvrer au nom de l’Etat du Cameroun (dont de la liquidation de l’ex-Oncpb) plus de 2, 2 milliards de F Cfa des comptes de la Sgbc à la Banque des Etats de l’Afrique CENTRALE (Beac). En réclamation du reliquat de ses honoraires, Me Eyoum a viré une partie de cette somme (soit plus de 1 077 000 000 F Cfa) dans son compte personnel à la Standard Chartered Bank « et non dans son compte cabinet comme l’exige la loi qui réGIT la profession d’AVOCAT », a souligné le parquet. C’est en mai 1998 que Me Lydienne Eyoum a été constituée comme avocate du ministère des Finances.
Le cas Henri Engoulou
Pour ce qui est de l’ex-ministre de l’Economie et des Finances, Polycarpe Abah Abah, l’accusation a indiqué qu’il est complice du détournement de deniers publics imputé à Me Eyoum. Selon le ministère public, en accordant ce pouvoir spécial à Me Eyoum, Abah Abah n’a pas veillé à ce que la totalité de cette somme soit reversée au Trésor public. Quant à Me Baleng Maah, il est accusé d’avoir en juillet 2004 procédé à une seconde saisie attribution des comptes de la Sgbc à la Beac sur recommandation de Me Eyoum, alors qu’un protocole d’accord entre l’Etat du Cameroun et l’institution bancaire, intervenue quelques mois plutôt, est venue clore le contentieux entre les deux parties.
Malgré le décès de l’ex-ministre délégué au Ministère des Finances (Sg de ce ministère à l’époque des faits), Henri Engoulou, le 8 mai dernier, ce dernier a été cité comme étant celui dont les actes pris à l’insu de son supérieur hiérarchique ont favorisé cette distraction de fonds. Mais pour ce cas, le ministère public a requis l’extinction de l’action publique (il ne doit plus être poursuivi) comme l’exige la loi.
Feuilleton judiciaire
C’est depuis le 11 janvier 2011 que sur ordre de la présidence de la République, après suggestion du ministère de la Justice de l’époque, Amadou Ali, Me Lydienne Eyoum, feu Henri Engoulou et Me Célestin Baleng Maah ont été placé sous mandat de dépôt à la prison CENTRALE de Yaoundé pour « détournement de deniers publics en co-action ». Ils ont rejoint dans ce pénitencier Polycarpe Abah Abah qui s’y trouvait depuis le 31 mars 2008 dans le CADRE d’une autre affaire.
Les faits remontent à 1994. Le groupe français Barry rachète des ACTIONS de l’ex-Oncpb à hauteur de plus de 3 milliards de F Cfa. Le produit de la VENTE est viré dans les comptes de l’ancien Office à la Sgbc. Mais cette DERNIÈRE se souvient que l’ex-Oncpb lui est redevable d’une somme d’argent et décide de saisir les 3 milliards de F Cfa. Alors s’ensuit un long feuilleton judiciaire au cours duquel la filiale camerounaise de la Société Générale française sera déboutée aussi bien au Tribunal de grande instance de Douala que par la Cour d’Appel du Littoral entre 1998 et 2001. La Sgbc a par conséquent été sommée de reverser cette somme, intérêt inclus, à l’Etat du Cameroun et c’est Me Eyoum qui a été chargée d’en procéder au recouvrement.