Affaire du Tpg : Vers une justice à double vitesse

Affaire du Tpg : Vers une justice à double vitesse 

Cameroun,Cameroon - Affaire du Tpg : Vers une justice à double vitesse Plusieurs intervenants de la chaîne impliqués dans l’affaire des frais de justice militaire restent intouchables pour le moment, tandis que l’ancien Trésorier payeur général (Tpg) de Yaoundé et d’autres suspects doivent répondre publiquement de «complicité de détournement de deniers publics».

Ceux qui suivent de près, depuis plusieurs mois déjà, l’affaire des frais de justice militaire en sont convaincus : la machine judiciaire veut épargner les magistrats et militaires, acteurs principaux des présumés malversations financières. En tout cas, analystes et observateurs ne sont pas loin d’assimiler tout cela à un procès à tête chercheuse.  

En effet, alors que plusieurs responsables et personnels de la Trésorerie générale de Yaoundé, leurs collègues  d’Ebolowa, ainsi que d’anciens responsables du Trésor dans les villes de Kribi et de Monatélé, sont poursuivis pour «complicité de détournement de deniers publics », une liste comprenant magistrats militaires et civils, et personnels militaires n’a jamais été inquiétée, alors qu’il est prouvé que ces derniers ont bel et bien déchargé d’importantes sommes au Trésor public, soit un total 4,6 milliards de francs Cfa.

Décharge.

De manière circonstanciée, on cite notamment le capitaine de gendarmerie et greffier de formation, chef de bureau des moyens généraux au tribunal militaire de Yaoundé, Fidèle Tafochou, qui, selon l’accusation, doit répondre de 2,8 milliards de francs. Idem pour le capitaine de l’armée de terre, greffier en chef du tribunal militaire de Yaoundé, Martin Tchinda, qui a déchargé un peu plus de 510 millions de francs. Quant à Moïse Ntyam Minla’a, il doit répondre de 205 millions de francs. Dans la même veine, Isaac Tchouta, Simon Bella, Cyrille Guemo Atongfack, Joachim Mebenga, Mouchili Adayirou, ainsi qu’Aboubakar Minabou devraient pouvoir répondre respectivement de 695 millions de francs, 240 millions de francs, 1,5 milliard de franc, 250 millions, 68 millions de francs et de 93 millions de francs. Voilà pour les faits.

Cependant, il est étonnant que c’est lorsque le procureur général près le Tribunal criminel spécial (Tcs), décide de classer le dossier et remettre l’ancien Tpg de Yaoundé en liberté, qu’une curieuse «instruction gouvernementale» va changer la donne, sans toutefois clarifier les choses. Et dans le même temps, épargner plutôt les bénéficiaires respectifs des frais de justice, malgré une instruction du président de la République qui aurait, dit-on, ordonné que toutes les personnes mises en cause dans cette affaire, soient jugées.

D’où le sentiment d’une justice à double vitesse autour de ce bourbier judiciaire. Depuis l’interpellation d’Emmanuel Mbia Enguene, les observateurs y vont de leurs analyses sur les raisons qui ont guidé les autorités judiciaires à cibler uniquement les fonctionnaires du Trésor public. «Il n’est pas exclu que, pour ses liens avec l’ancien ministre des Finances Abah Abah, Emmanuel Mbia Enguene soit victime d’un délit de proximité. Car dans le cadre de l’affaire des frais de justice, rien ne justifie qu’il soit la première et principale cible à répondre de ces actes. C’est la raison pour laquelle son arrestations agite l'actualité », commente une source introduite au ministère des Finances. 

© Source : La Météo


21/08/2014
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