Affaire du listing : Les 64 personnes visées par Amadou Ali et Dooh Collins

Cameroun - Affaire du listing : Les 64 personnes visées par Amadou Ali et Dooh CollinsEntre 2006 et 2007, une liste comprenant les noms du président du Sénat et son Sg, de nombreux ministres et directeurs généraux de sociétés a été établie.

C’est  un  feuilleton  digne  de  l’affaire Clearstream  en  France  (affaire  relative  à l’existence  d’un  listing  de  personnalités françaises  détenant des comptes bancaires à l’étranger, où figure le nom de nicolas sarkozy),  mais  cette  fois  c’est  «made  in Cameroun». Tous les jours qui passent permettent de voir un peu plus clair. Le  16  septembre  2007,  amadou  ali, alors vice-premier ministre, ministre de la Justice garde des sceaux signe deux lettres de  mission  similaires  d’une  durée  de  six mois  à  Dooh  Collins  Francis,  Cni n°106991164 délivré le 29 octobre 2005 par edgard alain mebe ngo’o  Délégué général à  la  sûreté  nationale  du  Cameroun  à l’époque des faits.

Il donne à celui qui s’est présenté  comme «expert-comptable», «le droit de conduire une enquête d’expertise et investigations financières internationales  contre la corruption et le détournement des fonds de l’Etat du Cameroun»,  auprès  des  établissements  et organismes financiers internationaux basés aux  etats-Unis  d’amérique,  en  grande Bretagne et au Canada.

Paul Biya

Le  vice-premier  ministre  demande par ailleurs à ces chancelleries «d’apporter à monsieur Dooh Collins Françis, l’entraide nécessaire auprès des services d’investigations financières dans leur pays pour lui permettre de réussir sa mission». enfin, il précise clairement  dans  sa  correspondance  que «toutes les informations recueillies par Francis Dooh Collins devront être remises au seul vice-premier ministre». même pas à Paul Biya, chef de l’etat, qui avait pourtant autorisé l’opération.

C’est donc sur la base de cette lettre de mission que Dooh Collins devait conduire ses investigations à l’étranger. Une liste de 64 personnes avait dans un premier temps été établie. Y figure les noms de l’actuel président du sénat, marcel niat njifenji et du secrétaire secrétaire général de la Chambre haute, Michel Meva’a M’eboutou, l’actuel ministre  de  la  Justice,  Laurent  Esso,  le ministre du Travail et de la sécurité sociale, Sébastien Grégoire Owona, Remy Ze Meka, Jean Fouman Akame  ou Louis Paul Motaze. Plusieurs directeurs généraux des sociétés d’etat et parapubliques et des personnalités déjà  incarcérées  dans  le  cadre  de l’Opération épervier sont aussi dans cette liste. Dooh  Collins  avait  également  en  sa possession  les  photos,  signatures  et  éléments  revêtus  d’empreintes  digitales  de toutes ces personnalités ainsi que celles qui ne  figuraient pas sur la liste des 64.

Comment  Dooh  Collins  avait-t-il obtenu cette liste ? La lui avait-on remise, ou elle est seulement le fruit de son génie inventif  ?    Difficile  de  répondre  à  cette question dans un environnement encore fait d’opacité. au  cours  de  son  audition  le  8  mai dernier à la police judiciaire pour les faits de «déclarations mensongères, de diffamation et dénonciations  calomnieuses»,  l’ancien légionnaire a affirmé : «Je n’ai donné  aucun nom et je n’ai fourni aucun compte sur ces personnes. Je pense qu’Amadou Ali peut mieux édifier l’enquête sur la question». est-ce à dire dès lors que toutes les informations sur ces personnalités de la République lui ont été remises  par  l’actuel  ministre  chargé  des Relations avec les assemblées ?

En 2006, soit un an avant qu’il ne soit mis  en  mission,  Francis  Dooh  Collins envoyait déjà à amadou ali, des «notes de synthèse  confidentielles» sur  des  personnes suspectées de crimes économiques. Comme cette note du 23 novembre 2006 sur un certain Roger Tchoufa, recherché pour  détournement, dont Joseph Edou, ex-Dg du Crédit foncier fut présenté comme «complice». Dooh Collins avait également conduit des  enquêtes  sur  la  famille  de  Polycarpe Abah Abah , ainsi que sur ce qu’il a appelé «son réseau».

Noms des suspects économiques
   
Abah Abah Polycarpe  Ngamo Hamani Paul Gabriel
Njankouo Lamere Daniel  Akumshi Awa Peter
 Caroline Dorice Aba’a Aba’a  Meva’a Lucien
 Njomatchoua Justin  Tawamba Charles
 Tawamba Celestin Pascal  Titi Pierre
 Babale Djamila  Nsom Blaise Eugene
 Nkodo Ze Anatole  Nkodo Laurent
 Mongue Nyamsi  Tasong Njukang Paul
 Evo Mekou Dieudonné  Akame Mfoumou
 Mbia Emmanuel  Dang Bayibodio Esther Epse Belibi
 Siyam Siwe Alphonse  Ondo Ndong Emmanuel
 Mendo Ze Gervais  Enam Patricia daisy Epse Melone
 Mongori Elisabeth  Marafa Hamidou Yaya
 Fojindam Zacheus Mungwe  Bokam Nkoumba Jean-Baptiste
 Fouman Akame Jean  Niat Njifenji Marcel
 Kammogne Fokam Paul  Metouck Charles
 Etoundi Oyono Adolphe Emmanuel  Ibrahim Talba Malla Oumaté
 Okouda Martin Aristide Léopold  Atangana Abéga Michel Thierry
 Meva’a m’Eboutou Michel  Ze Meka Remy
 Engo Pierre Désiré  Etonde Ekotto Edouard Nathanael
 Atangana Mebara Jean Marie  Fotso Yves Michel
 Olanguena Awono Urbain  Iya Mohammed
 Edou Joseph  Belinga Giles Roger
 Motaze Louis Paul  Melingui Roger
 Mounchipou Seydou  Owona Grégoire Sébastien
 Nkoto Emane David  Nyodog Perrial Jean
 Mebe’e Ngo Edgard Alain Abraham  Esso Laurent
 Koum Eyoum Maurice  Cavaye Yégiue Djibril
© Mutations : Boris Bertolt


09/07/2013
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