Affaire du corps disparu :L’hôpital Laquintinie traîné à la barre

Écrit par Bernard Tchami   
Jeudi, 02 Février 2012 09:18

Vingt six jours après la disparition du corps de Jeanne Seppi Ndongo, de la morgue de cette institution hospitalière, la famille de la défunte vient de porter plainte devant le tribunal de grande instance de Bonanjo.L’histoire remonte au mois de janvier de l’année en cours, où la dépouille de la

nommée Jeanne  Seppi Ndongo, âgée  de 34 ans,  est restée introuvable dans la morgue de l’hôpital Laquintinie. A l’époque des faits, la direction de l’hôpital et les morguiers étaient accusés. La famille Itongolo Bito durement éprouvée après le décès de leur fille, n’a pas jusqu’ici effectué les rites funéraires en mémoire de cette dernière. La tombe creusée au bois de singes reste vide jusqu’à ce jour, le corps ayant pris une destination inconnue depuis le samedi 6 janvier 2012. La famille consternée ne sait plus à quel saint se vouer. Où chercher ? A qui s’adresser?  Sorcellerie ? Simple confusion de corps, ou alors, acte crapuleux d’un réseau ?
Brigitte Itongolo Bito, la mère de la défunte et Betomi épouse Carrit Sophie, sœur aînée,  soutenaient dans leur requête que le corps de leur fille et sœur décédée le 10 décembre 2011 des suites d’une longue maladie à l’hôpital Laquintinie de Douala, a été mis par leurs soins à la morgue de cette même institution hospitalière, en attendant d’élaborer le programme du deuil. C’est alors que le programme a été fixé avec la levée de corps prévue pour le 29 décembre 2011. Quelle  ne fut pas leur surprise de constater que la fille de la défunte et Mimi Véronique l’autre sœur aînée de la défunte, s’y opposent énergiquement sans motifs légitimes, en ce sens qu’elles avaient prévu leur levée de corps pour le mercredi 21 décembre 2011.

S’entendre à tout prix

Dans le but de trouver un terrain d’entente le 7 janvier 2012, une concertation avait eu lieu entre parties en désaccord. Et unanimement, il a été convenu que l’inhumation de Jeanne Seppi Ndongo devrait avoir lieu après la levée du corps arrêtée, cette fois-ci le lundi 9 janvier 2012. Entre temps, précise le procès-verbal dressé par Me René Embolo, huissier de justice après la disparition dudit corps, «chacune des parties en désaccord a procédé à la levée de sa lettre d’opposition auprès du directeur de l’hôpital Laquintinie». Malheureusement en date du 9 janvier 2012, faisant un tour à la morgue comme convenu, Brigitte Itongolo Bito, la mère de la défunte et Betomi épouse Carrit Sophie ont été surprises de constater que le corps de Jeanne Seppi Ndongo avait été levé le samedi 7 janvier 2012 sans qu’elles ne soient avisées.

Enterrée au cimetière de Deido

Après les renseignements recueillis auprès de certains membres de la famille notamment Véronique, la dépouille de Jeanne Seppi Ndongo avait été inhumée le 7 janvier au cimetière de Deido, alors qu’elle a été prévue au cimetière du bois de Singes, en l’absence des responsables légitimes, Brigitte Itongolo Bito et Sophie Betomi épouse Carrit.
Véronique Mimi, la principale mise en cause dans cette affaire, jointe au téléphone, menaçait plutôt. «On est venu vous voir, faites votre travail et laissez-moi tranquille», tranche-t-elle, sans aucune retenue.

Interpellation

Transporté à l’hôpital Laquintinie en compagnie des plaignantes, l’huissier de justice avait soumis Narcisse Nouck, coordinateur de la morgue de l’hôpital Laquintinie à un interrogatoire, pour avoir des informations à propos du corps levé. Ce dernier l’avait renvoyé auprès du major de la morgue. Sur interpellation, le major de la morgue qui refusait de décliner son identité lui déclarait : «Le corps de la regrettée Jeanne Seppi Ndongo a été levé le samedi 7 janvier 2012. Je n’ai pas retenu le nom de la personne à qui on a remis ce corps. Je sais seulement que c’est le morguier Pharaon qui s’est occupé des formalités de sortie. Toutefois, la décharge de la sortie de ce corps est fermée dans le bureau du coordinateur de la morgue».
Pharaon contacté par téléphone, niait en bloc les allégations portées contre lui, en indiquant qu’il n’avait agi que sur ordre de sa hiérarchie et du parquet. Des tentatives pour rencontrer le directeur de l’hôpital Laquintinie, Dr Gérémie Sole, afin d’obtenir sa version des faits, étaient restées vaines. Pourtant la réglementation en la matière prévoit que le corps n’est remis qu’à la personne qui l’a déposé à la morgue et qui a signé la fiche d’admission. Dans le cas d’espèce, la facture de la morgue porte le nom de Betomi épouse Carrit, laquelle a versé en guise de dépôt du corps, la somme de 95 000 Fcfa. Brigitte Itongolo Bito, la mère de la défunte, réclamait de tous ses vœux que l’on lui retourne le corps de sa fille afin qu’elle effectue elle-même son enterrement.  Elle lance un appel en direction des autorités administratives de la Région du Littoral, afin que la vérité soit établie. La maman de la défunte, sa sœur aînée, consternées, attendent toujours que le corps de Jeanne Seppi Ndongo leur soit remis, afin procède à l’inhumation au bois de Singes.
L’affaire est donc portée au Tribunal et l’hôpital Laquintinie doit répondre de ses actes devant la juridiction. Il faut dire tout de même que l’attitude des responsables de ce centre hospitalier, cache la gestion approximative ou tout au moins, un laisser-aller qui dépasse l’entendement. On ne peut le dire autrement, en regardant de près cette sordide histoire.



 




02/02/2012
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