Affaire du bébé volé: Vanessa Tchatchou menace de «s’immoler par le feu»

YAOUNDÉ - 09 Février 2012
© Nadine Bella | La Météo

Ses proches, qui sont à l'origine de cette nouvelle, disent que depuis la séquestration de la jeune mère dans un laboratoire de l'hôpital pour la contraindre à passer le test Adn, elle ne répond plus de ses actes. Et pour beaucoup, «la reconstitution des faits qui a eu lieu hier en présence du procureur général, Jean Fils Ntamack, n'est que du cinéma». Et si c'était du mauvais cinéma?

Affaire du bébé volé: Vanessa Tchatchou voudrait «s’immoler par le feu»

«Le procureur de la République près le tribunal de grande instance du Mfoundi vient comme le Mincom Issa Tchiroma, de rater une occasion en or de se taire, ses propos hier au lieu du crime choquent et révoltent. Ce magistrat sait-il qu'il a aussi une famille et que Dieu n'est pas encore mort?» S'est exclamé, larmes aux yeux, un président de sous-section Rdpc de la capitale hier après avoir suivi le magistrat. Et de poursuivre que «le sieur Ntamack se fend enfin en déclarations sataniques pour montrer le vrai visage de notre Justice, M. le procureur, on vous connaît», a conclu ce responsable de base du parti de Paul Biya. Peut-on en réalité s'en prendre si violemment au procureur qui, à l'observation, avait intérêt à ne pas publiquement dire toute la vérité dès lors que l'affaire est finalement entre les mains de la justice?

Magistrat de haut vol qu'il est, Ntamack sait certainement là où il va afin que toute la vérité éclate. Toutefois, des indiscrétions non vérifiées jusque-là indiquent que l'information judiciaire tendrait dans les prochains jours soit à défendre la «voleuse et ses complices en tranchant que le bébé de Vanessa serait mort deux jours après sa disparition et enterré à Nkoteng comme l'affirmait récemment, Issa Tchiroma Bakary, ci-après porte-parole autoproclammé du gouvernement pour ranger comme par le passé, l'affaire dans le chapitre des oubliettes en usant du dilatoire, nous voulons que M. Ntamack se serve des tests scientifiques pour rendre la justice, tous ces discours auxquels il se livre sont sans objets, plus de 90 enfants ont été déclarés volés entre 2010 et 2011, sans compter ceux enlevés, violés, vendus ou simplement tués, il ne faut pas que la justice complaisante de notre pays nous encourage à repartir au maquis», a rétorqué un observateur ayant requis l'anonymat.

Cependant pour Vanessa Tchatchou, cette reconstitution des faits, tout comme la communication du Mincom à la presse (le 02 février 2012), et autres enquêtes «ne me convainquent pas», se désole la jeune maman éprouvée. Vanessa dont le bébé a miraculeusement disparu au mois d'août dernier d'une «couveuse» de l'hôpital Gynéco-obstétrique de Ngousso est d'autant plus meurtrie que «pour (m)’obliger à faire des tests Adn, ils m'ont enfermée dans le laboratoire de l'hôpital. C'est seulement vendredi dernier qu'ils m'ont laissée sortir Au moment où je vous réponds, je suis toujours dans cet hôpital. Je n'en sortirais qu'une fois mon bébé retrouvé», a-t-elle affirmé hier matin à La Météo. Depuis cette ultime humiliation, son moral est descendu à son niveau zéro. Sa voix au téléphone à la couleur des larmes. Pour son âge, 18 ans non révolus, cela fait beaucoup trop de souffrance, cela fait aussi et surtout beaucoup trop de traumatisme. Pis, la sortie du tunnel, pour elle, ce n'est pas pour demain. Vanessa, va-t-elle, en réponse à tant d'injustices, s'immoler par le feu comme le Tunisien Mohammed Bouazizi? (En vérité, le journaliste ne lui a pas directement posé cette question, indécente à la limite), «je vais très mal», répond-elle de sa voix d'adolescente au reporter de La Météo qui demande de ses nouvelles. Par l'entremise d'un de ses proches parents, votre bihebdomadaire avait appris la veille que «C'est très grave. Vanessa veut maintenant se tuer». Stupeur! Vanessa, à qui ses tortionnaires n'ont point laissé le temps de caresser le visage de sa fille portée disparue, n'est nullement suivie par un psychologue, nous apprend-on.

Espionnée en permanence par certains indics sans cœur, presque coupée arbitrairement des hommes de médias, la célèbre pensionnaire de l'hôpital gynéco-obstétrique n'a droit qu'à la seule visite des membres de sa famille nucléaire. Encore que même pour ceux-ci, l'accès à leur sœur n'est pas aussi simple comme bonjour. La principale entrée de cette institution hospitalière est truffée de bidasses, dont certains sont en civil. «Placée dans des conditions extrêmes, le risque qu'elle recourt à un acte tout aussi extrême est bien élevé, s'est prononcé un travailleur des affaires sociales sollicité par votre journal». «Les ministres Bakang Mbock et Marie Thérèse Abena Ondoa de la Protection de la Femme et des Affaires sociales, curieusement préoccupées par le business du pagne du 08 mars doivent au plus vite, aller à son chevet. Le directeur général de l'hôpital gynéco-obstétrique de Ngousso (fortement soupçonné d'être le cerveau de cette mafia, tout comme la secrétaire générale du ministère de la Justice) qu'on suspecte de connivence avec la magistrate «voleuse», devrait desserrer l'étau autour de Vanessa. Que le tout-puissant Dg de ce (désormais triste?) hôpital arrête de lui rendre la vie plus dure qu'elle ne l'est déjà. C'est quoi cette histoire de séquestrer dans un laboratoire une mère, encore prisonnière de son lourd chagrin», fustige un leader d'opinion.

Vanessa a signé ferme, hier mercredi dans sa conversation avec La Météo, qu'elle ne fera pas de test Adn. Elle n'en voit pas l'utilité, du moment où sa fille n'est pas celle que le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary a prétendu être enterrée à Nkoteng. Son refus du test Adn est une manière pour elle de dire «non» au dilatoire des enquêteurs. «Le bébé de Vanessa est entre les mains d'une magistrate, en service à Mfou», accusent de plus en plus ouvertement, certains politiques et autres responsables d'Ong.



10/02/2012
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