Affaire du bébé volé - Vanessa Tchatchou: J'irai jusqu'au bout
YAOUNDE - 23 MARS 2012
© Josephine Abiala | Mutations
La mère du bébé volé le 20 août 2011 que nous avons eu le privilège de rencontrer, parle de ce qu'est devenu son combat
Que devient Vanessa Tchatchou ?
Vanessa est là. J’ai été souffrante après qu’on m’ait sorti de l’hôpital. Je suis toujours sous traitement. Mais je garde la foi en Dieu que ça ira de mieux en mieux. Cela ne m’empêche pas de poursuivre mon combat que je ne compte d’ailleurs pas abandonner.
Jusqu’où comptes-tu aller dans ce combat ?
Je veux aller jusqu’au bout et faire triompher la vérité. Mon souhait est que justice soit faite.
Dans la nuit du 12 mars tu as été sortie de force de l’hôpital gynéco obstétrique et pédiatrique de Yaoundé (Hgopy) où tu séjournais depuis la disparition de ton bébé le jour même de sa venue au monde. T’arrive- t-il souvent de penser à cette nuit là ?
Oui tout le temps.
A quoi penses-tu exactement ?
Je revois une cinquantaine de policiers, décidés à me mettre à la porte de l’hôpital. je me pose les questions de savoir : Quelles ont été les motivations de cet enlèvement brutal ? Pourquoi autant de policiers rien que pour moi toute seule ? Pourquoi ont-ils attendu la nuit pour m’enlever ? Se reprochaient-ils de quelque chose ou alors ceux qui les ont envoyés se reprochaient-ils de quelque chose ?
Et à toutes ces interrogations, as-tu déjà trouvé des explications ?
Non malheureusement. J’espère que l’on m’aidera à mieux comprendre.
Mais ils ont prétendu que c’était la Présidence de la République qui les a envoyés…
Je ne sais pas. C’est aussi ce que j’ai entendu dire. Mais ça me surprend beaucoup. Je pense que si tel était le cas, ils n’allaient pas réagir de la sorte. Pour ma part je ne suis pas convaincue.je sais que la première dame, Chantal Biya est une femme de c?ur et ne pourrait accepter que des gens réagissent de la sorte surtout que ma cause est juste.
Précédemment, tu nous as fait savoir que lors de ton expulsion de l’hôpital tu as été brutalisée. As-tu été blessée ?
Oui, j’ai encore des séquelles derrière mes cuisses. Car, j’ai été traînée au sol par plusieurs policiers.
Revenons au 20 août 2011. Le jour de ton accouchement. Quel souvenir gardes-tu de ce jour ?
C’était mon premier bébé ! Ce jour là, j’ai bien accouché. On m’a posé l’enfant sur le ventre avant qu’on ne coupe son cordon ombilical. J’étais fatiguée mais très heureuse. C’était une expérience inédite. Ma fille était là toute nue. Puis on me l’a repris, et on est parti avec elle. Lorsque j’étais dans la salle d’attente, l’infirmière qui l’a prise quelques minutes plus tôt a refait son apparition. Ma fille était déjà habillée. Elle a posé mon bébé sur ma main. Je l’ai tenu à peine deux minutes. Et on l’a à nouveau enlevé dans mes bras. C’est la dernière image que je garde d’elle.
Es-tu triste ?
Bien sûr mon bébé n’est jamais revenu. je ne l’ai plus revu.
As-tu eu vent de l’arrivée de l’américain que le gouvernement aurait amené pour effectuer des nouveaux tests d’ADN ?
J’ai entendu parler. Je ne cherche pas à le rencontrer. J’ai appris qu’il était accompagné des personnes qui m’avaient fait des prélèvements de force en début de mois de février. Ça ne m’encourage pas, parce que c’est encore un faux.
La robe de l’hôpital Gynéco. Pourquoi t’acharnes-tu à rester avec ce vêtement de la maternité ?
C’est celle qu’on m’a remise le jour de mon accouchement. Je l’avais toujours sur moi. Le jour de mon expulsion, sans mon bébé, c’est elle que je portais. C’est une robe pleine de signification pour moi. Elle me conte mon histoire. C’est comme mon bébé qui me manque. Tout ce que je veux c’est qu’on me remette ma fille. J’ai même appris que la magistrate a prétendu que j’avais signé des papiers pour donner mon enfant. Je veux bien aussi voir ces papiers là.
Est-ce que tu connais cette magistrate ?
Je ne l’ai jamais vu. Le père de mon enfant s’est battu pendant ma grossesse pour que je fasse mes visites. Il a 20 ans.
Pourquoi avoir choisi cet hôpital pour tes visites prénatales ?
J’avais le choix entre l’hôpital central où je suis née et Gynéco. Et puis j’ai décidé de me rendre à Gynéco qui était relativement plus proche de chez moi. C’est un hôpital comme le reste et pour les visites je payais 2 000 F Cfa pour le billet de cession et l’accouchement 40000 Fcfa. Grâce au père de l’enfant et à ma mère qui est une commerçante, j’ai fait tous les examens demandés au Centre Pasteur. A ceux qui disent qu’on ne pouvait pas payer les frais d’hôpital, je leur demande de se renseigner avant toute chose. Et qu’ils sachent que depuis ma naissance, nous n’avons jamais passé une journée sans manger, une année sans aller à l’école pour des problèmes d’argent.
Pendant ton séjour à l’hôpital, certaines personnes de la formation hospitalière ont dit que tu recevais des hommes dans ton lit avec qui tu passais tes nuits. Et que même tu serais enceinte…
Cela ne me surprend pas en réalité. Ils étaient nombreux qui ont usé de tous les moyens pour me nuire. Si c’était vrai que je recevais des hommes avec qui j’entretenais des rapports sexuels, pensez-vous que cela devrait passer inaperçu. Surtout que mon lit était le seul qui n’avait plus de rideau depuis longtemps. J’étais tellement exposé que si c’était vrai, personne ne devait l’ignorer. Ils ont même soupçonné mes frères d’être mes petits amis.
Pour la grossesse, il suffit de me regarder et de constater que je ne suis pas enceinte. Je l’ai aussi entendu et cela me fait rire. Je sais que ceci est l’?uvre de mes détracteurs de l’hôpital et d’autres personnes. A l’hôpital des infirmières en parlaient. J’avais en fait compris qu’elles cherchaient tous les moyens pour salir mon nom.
En plus, ce n’est pas ça ma préoccupation. Et même si c’était le cas, quel est le rapport avec l’enfant qu’on a enlevé ? Et puis, on ne cache pas le ventre. Dans tous les cas, on fini par le voir. Si des personnes savent que je suis enceinte, c’est une information même pour moi.
Les gens posent-ils souvent le regard de pitié sur toi ?
Je n’ai pas l’impression. Les gens que je rencontre m’encouragent. Il y a même des Hommes politiques qui sont venus me voir durant mon séjour à l’hôpital pour me soutenir. Mon combat je le mène jusqu’au bout. J’ai dû mettre un point d’interrogation sur ma scolarité, laisser ma vie. Je ne l’ai pas choisi. J’ai tout sacrifié pour ce combat. C’est le combat de tous ceux qui craignent Dieu, de toutes celles qui ont perdu leurs bébés. Seul Dieu sait pourquoi tout a éclaté au grand jour. Bien que l’on croit très peu à une justice pour tous dans le pays, moi j’y crois et j’ai confiance en Dieu. C’est lui qui est au contrôle.
Et si on te proposait de l’argent pour laisser cette affaire…
Je ne veux pas de l’argent. Si je le voulais, cette affaire n’aurait jamais été connue du grand public. Il est question de la vie d’un être humain. Et non d’argent.
T’arrive-t-il de penser que cette histoire finisse ?
Tout à fait. C’est mon souhait. Qu’on me remette mon enfant. Pour moi la vérité est là. Que la première Dame prenne mon enfant où il se trouve et me remette. Que les gens sachent que ce n’est pas mon combat à moi seul. C’est le combat de tous ceux qui ont soif de justice.
© Josephine Abiala | Mutations
La mère du bébé volé le 20 août 2011 que nous avons eu le privilège de rencontrer, parle de ce qu'est devenu son combat
Que devient Vanessa Tchatchou ?
Vanessa est là. J’ai été souffrante après qu’on m’ait sorti de l’hôpital. Je suis toujours sous traitement. Mais je garde la foi en Dieu que ça ira de mieux en mieux. Cela ne m’empêche pas de poursuivre mon combat que je ne compte d’ailleurs pas abandonner.
Jusqu’où comptes-tu aller dans ce combat ?
Je veux aller jusqu’au bout et faire triompher la vérité. Mon souhait est que justice soit faite.
Dans la nuit du 12 mars tu as été sortie de force de l’hôpital gynéco obstétrique et pédiatrique de Yaoundé (Hgopy) où tu séjournais depuis la disparition de ton bébé le jour même de sa venue au monde. T’arrive- t-il souvent de penser à cette nuit là ?
Oui tout le temps.
A quoi penses-tu exactement ?
Je revois une cinquantaine de policiers, décidés à me mettre à la porte de l’hôpital. je me pose les questions de savoir : Quelles ont été les motivations de cet enlèvement brutal ? Pourquoi autant de policiers rien que pour moi toute seule ? Pourquoi ont-ils attendu la nuit pour m’enlever ? Se reprochaient-ils de quelque chose ou alors ceux qui les ont envoyés se reprochaient-ils de quelque chose ?
Et à toutes ces interrogations, as-tu déjà trouvé des explications ?
Non malheureusement. J’espère que l’on m’aidera à mieux comprendre.
Mais ils ont prétendu que c’était la Présidence de la République qui les a envoyés…
Je ne sais pas. C’est aussi ce que j’ai entendu dire. Mais ça me surprend beaucoup. Je pense que si tel était le cas, ils n’allaient pas réagir de la sorte. Pour ma part je ne suis pas convaincue.je sais que la première dame, Chantal Biya est une femme de c?ur et ne pourrait accepter que des gens réagissent de la sorte surtout que ma cause est juste.
Précédemment, tu nous as fait savoir que lors de ton expulsion de l’hôpital tu as été brutalisée. As-tu été blessée ?
Oui, j’ai encore des séquelles derrière mes cuisses. Car, j’ai été traînée au sol par plusieurs policiers.
Revenons au 20 août 2011. Le jour de ton accouchement. Quel souvenir gardes-tu de ce jour ?
C’était mon premier bébé ! Ce jour là, j’ai bien accouché. On m’a posé l’enfant sur le ventre avant qu’on ne coupe son cordon ombilical. J’étais fatiguée mais très heureuse. C’était une expérience inédite. Ma fille était là toute nue. Puis on me l’a repris, et on est parti avec elle. Lorsque j’étais dans la salle d’attente, l’infirmière qui l’a prise quelques minutes plus tôt a refait son apparition. Ma fille était déjà habillée. Elle a posé mon bébé sur ma main. Je l’ai tenu à peine deux minutes. Et on l’a à nouveau enlevé dans mes bras. C’est la dernière image que je garde d’elle.
Es-tu triste ?
Bien sûr mon bébé n’est jamais revenu. je ne l’ai plus revu.
As-tu eu vent de l’arrivée de l’américain que le gouvernement aurait amené pour effectuer des nouveaux tests d’ADN ?
J’ai entendu parler. Je ne cherche pas à le rencontrer. J’ai appris qu’il était accompagné des personnes qui m’avaient fait des prélèvements de force en début de mois de février. Ça ne m’encourage pas, parce que c’est encore un faux.
La robe de l’hôpital Gynéco. Pourquoi t’acharnes-tu à rester avec ce vêtement de la maternité ?
C’est celle qu’on m’a remise le jour de mon accouchement. Je l’avais toujours sur moi. Le jour de mon expulsion, sans mon bébé, c’est elle que je portais. C’est une robe pleine de signification pour moi. Elle me conte mon histoire. C’est comme mon bébé qui me manque. Tout ce que je veux c’est qu’on me remette ma fille. J’ai même appris que la magistrate a prétendu que j’avais signé des papiers pour donner mon enfant. Je veux bien aussi voir ces papiers là.
Est-ce que tu connais cette magistrate ?
Je ne l’ai jamais vu. Le père de mon enfant s’est battu pendant ma grossesse pour que je fasse mes visites. Il a 20 ans.
Pourquoi avoir choisi cet hôpital pour tes visites prénatales ?
J’avais le choix entre l’hôpital central où je suis née et Gynéco. Et puis j’ai décidé de me rendre à Gynéco qui était relativement plus proche de chez moi. C’est un hôpital comme le reste et pour les visites je payais 2 000 F Cfa pour le billet de cession et l’accouchement 40000 Fcfa. Grâce au père de l’enfant et à ma mère qui est une commerçante, j’ai fait tous les examens demandés au Centre Pasteur. A ceux qui disent qu’on ne pouvait pas payer les frais d’hôpital, je leur demande de se renseigner avant toute chose. Et qu’ils sachent que depuis ma naissance, nous n’avons jamais passé une journée sans manger, une année sans aller à l’école pour des problèmes d’argent.
Pendant ton séjour à l’hôpital, certaines personnes de la formation hospitalière ont dit que tu recevais des hommes dans ton lit avec qui tu passais tes nuits. Et que même tu serais enceinte…
Cela ne me surprend pas en réalité. Ils étaient nombreux qui ont usé de tous les moyens pour me nuire. Si c’était vrai que je recevais des hommes avec qui j’entretenais des rapports sexuels, pensez-vous que cela devrait passer inaperçu. Surtout que mon lit était le seul qui n’avait plus de rideau depuis longtemps. J’étais tellement exposé que si c’était vrai, personne ne devait l’ignorer. Ils ont même soupçonné mes frères d’être mes petits amis.
Pour la grossesse, il suffit de me regarder et de constater que je ne suis pas enceinte. Je l’ai aussi entendu et cela me fait rire. Je sais que ceci est l’?uvre de mes détracteurs de l’hôpital et d’autres personnes. A l’hôpital des infirmières en parlaient. J’avais en fait compris qu’elles cherchaient tous les moyens pour salir mon nom.
En plus, ce n’est pas ça ma préoccupation. Et même si c’était le cas, quel est le rapport avec l’enfant qu’on a enlevé ? Et puis, on ne cache pas le ventre. Dans tous les cas, on fini par le voir. Si des personnes savent que je suis enceinte, c’est une information même pour moi.
Les gens posent-ils souvent le regard de pitié sur toi ?
Je n’ai pas l’impression. Les gens que je rencontre m’encouragent. Il y a même des Hommes politiques qui sont venus me voir durant mon séjour à l’hôpital pour me soutenir. Mon combat je le mène jusqu’au bout. J’ai dû mettre un point d’interrogation sur ma scolarité, laisser ma vie. Je ne l’ai pas choisi. J’ai tout sacrifié pour ce combat. C’est le combat de tous ceux qui craignent Dieu, de toutes celles qui ont perdu leurs bébés. Seul Dieu sait pourquoi tout a éclaté au grand jour. Bien que l’on croit très peu à une justice pour tous dans le pays, moi j’y crois et j’ai confiance en Dieu. C’est lui qui est au contrôle.
Et si on te proposait de l’argent pour laisser cette affaire…
Je ne veux pas de l’argent. Si je le voulais, cette affaire n’aurait jamais été connue du grand public. Il est question de la vie d’un être humain. Et non d’argent.
T’arrive-t-il de penser que cette histoire finisse ?
Tout à fait. C’est mon souhait. Qu’on me remette mon enfant. Pour moi la vérité est là. Que la première Dame prenne mon enfant où il se trouve et me remette. Que les gens sachent que ce n’est pas mon combat à moi seul. C’est le combat de tous ceux qui ont soif de justice.