Affaire du bébé volé - Trafic: Odeur de mafia- une histoire d’argent entre un médecin et deux dames vient compliquer toute l’affaire
YAOUNDE - 03 FEV. 2012
© P. C. A. | Mutations
Alors que la thèse d’une adoption semble se confirmer, une histoire d’argent entre un médecin et deux dames vient compliquer toute l’affaire.
© P. C. A. | Mutations
Alors que la thèse d’une adoption semble se confirmer, une histoire d’argent entre un médecin et deux dames vient compliquer toute l’affaire.
Trafic: Odeur de mafia
Alors que la thèse d’une adoption semble se confirmer, une histoire d’argent entre un médecin et deux dames vient compliquer toute l’affaire.
Le 6 septembre 2011, un coup de fil sort Vanessa Tchatchou de son angoisse. «Je sais où se trouve le bébé volé. C’est une dame magistrate à Mfou qui l’a chez elle, elle habite le quartier Odza», annonce la voix. Quelques temps après ce coup de fil, le numéro de téléphone par lequel qui vient de la joindre ne passe plus. L’abonnée est injoignable. La dame mystérieuse qui passe ce coup restera des semaines dans l’anonymat jusqu’au jour où sur la radio Amplitude Fm, une dame se présente sous le nom de Mfegue Onana Mariama et confirme aux auditeurs que c’est elle l’auteur du coup de fil qui a mis la puce à l’oreille de Vanessa Tchatchou. Selon Mme Atangana, Mariama Mfegue Onana, magistrate comme elle à Mfou, est sa copine et collègue de bureau. «J’ai appris que Mfegue a appelé la famille de Vanessa pour lui dire que c’est moi qui ai volé le bébé. Le jour qu’elle le faisait, elle a enlevé la puce qu’elle utilise d’habitude pour mettre une autre carte sim dans son téléphone», explique-t-elle. Après ce coup de fil, indique une source, Mfegue Onana appelle le médecin de son amie et collègue et l’invite chez une autre dame, enseignante au lycée de Mimboman, vendeuse de vêtements à ses heures perdues et amie de la magistrate Mfegue. D’après le témoignage de Mme Atangana, Mfegue Onana explique au médecin que ce dernier est mêlé à une histoire de vol de bébé qui s’est produite à l’hôpital gynéco-obstétrique de Ngousso. Aussi dame Atangana est-elle en train d’être auditionnée par la police et que son tour arrive dans les minutes qui suivent. Pour que l’affaire se calme, le médecin propose un arrangement.
Dame Mfegue selon Mme Atangana exige au médecin, le Dr. Serge Temkou, en service à la maternité de l’hôpital central de Yaoundé, une somme de 1.500 000Fcfa pour son silence. Dr. Serge Temkou fait un tour et revient chez au domicile de Sidonie Djabea, l’enseignante, remettre la somme d’un million de Fcfa à Mme Mfegue Onana. Aussi la décision de remettre 300 mille Fcfa au procureur de la république de Mfou, pour le calmer lui aussi. De l’argent qu’aurait renvoyé violemment le procureur. Une version que rejette en bloc Sidonie Djabea. «Je ne suis ni de près, ni de loin mêlée à cette histoire; quand cette histoire déclenche, je ne suis pas au Cameroun, mon passeport peut en témoigner. Mfegue avait appelé la maman de Vanessa pour lui dire que c’est Caroline qui a volé le bébé et que pour le faire, elle avait changé de puce dans son téléphone. Si cette histoire était vraie, vous croyez vraiment qu’elle aurait pris la peine d’appeler par une puce autre que celle qu’elle utilise au quotidien», indique Sidonie Djabea.
Chantage Pour la transaction avec Dr. Serge Temkou, elle dit ne rien savoir de cette affaire. «Je n’ai jamais reçu cet homme chez moi et je n’ai rien reçu de lui ni de Mfegue Onana», assène l’enseignante. Joint au téléphone pour apporter sa version des faits, le docteur Temkou, ivre de rage au téléphone, gronde et menace. «Monsieur, je ne réponds pas ; il y a une information judiciaire qui est ouverte sur cette affaire. Je ne parle pas!», hurle-t-il avant de raccrocher violemment. Pourtant, selon Mme Atangana, le Dr. Temkou a bel et bien remis cette somme d’argent à Mme Mfegue qui plus tard, s’est mise à lui faire du chantage pour les 800 000 restants. Pour Sidonie Djabea, étant donné que le nom de Caroline Atangana est Sali dans cette affaire, il ne lui reste qu’une seule chose à faire. «Je lui ai dit que si elle veut laver son honneur, il faut qu’elle accepte de faire le test d’Adn à cet enfant ; si ce n’est pas celui de Vanessa, ça tranchera le débat et son bébé lui reviendra pour le reste de sa vie.» Toutes les tentatives et démarches pour retrouver Mme Mfegue ont été vaines. Dans on bureau au parquet de Mfou, elle est introuvable. Le numéro de téléphone (75 61 54 38) qu’elle aurait utilisé pour joindre la mère de Vanessa est injoignable depuis lors.
Evocation: Sur les traces du bébé volé
Retour sur les faits qui ont précédé la disparition du nourrisson de la jeune élève de seconde C à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé.
Le 20 août 2011, Vanessa Tchatchou, élève en seconde C dans un lycée de la ville de Yaoundé, rentre à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé avec sa mère vers cinq heures du matin. La jeune fille de 17 ans, enceinte depuis sept mois, a commencé à ressentir des contractions de son utérus ; ce qui annonce la venue au monde imminente du bébé. Après quelques heures passées dans la salle d’attente, elle est admise en salle d’accouchement. Peu avant 8h, Vanessa donne naissance à un bébé prématuré de sept mois dans le service de néonatalogie de l’hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé. Dans les minutes qui suivent cette délivrance précoce, la jeune fille, âgée de 17 ans, voit à peine son bébé. Après avoir pris place dans son lit, Vanessa Tchatchou, fatiguée après la délivrance, est réveillée par une mauvaise nouvelle autour de 14h.
«Mme Béatrice Ndemba, une infirmière, est venue changer les ordonnances que m’avait prescrites le pédiatre ; elle est revenue quelques heures après accompagnée d’une autre infirmière pour me dire que maman avait volé le bébé. Par la suite, j’ai appris que c’était elle (cette infirmière) qui se trouvait en néonatalogie ce samedi 20 août 2011», explique Vanessa Tchatchou. Commence alors un véritable rodéo entre Vanessa et les autorités de l’hôpital. Pour elle, tant qu’elle n’aura pas son bébé, elle ne sortira pas de cet hôpital. Des voix s’élèvent et indexent le personnel de l’hôpital. Son honnêteté est questionnée et sa bonne foi remise en cause. Mais rien de tout ce que racontent les infirmières ne réussit à calmer l’adolescente. Pendant plusieurs jours, la mère de Vanessa sera pointée du doigt par la direction de l’hôpital comme étant la principale suspecte dans cette affaire de vol de bébé. Curieusement, les autorités hospitalières n’annoncent pas le vol du bébé de Vanessa.
Mais curieusement, la thèse d’un nouveau-né retrouvé mort à Nkoteng dans le département de Haute Sanaga émerge et prospère. Ce nourrisson, selon les autorités de l’hôpital, présenté comme le bébé de Vanessa, après qu’il a été exhumé, est amputé de ses parties génitales. Il sera inhumé quelques temps après. Dans la foulée, l’on va annoncer que la présumée voleuse de bébé de Nkoteng aurait été interpellée par les éléments de la gendarmerie et gardée à vue à la brigade de gendarmerie de Nkolmesseng à Yaoundé. Selon nos informations, elle se serait enfuie quelques jours plus tard. Dans la foulée, l’adjoint au commandant de brigade et un autre élément de cette brigade de gendarmerie qui assuraient la garde ce soir-là, sont mis aux arrêts à la prison militaire pour complicité d’évasion. Jusqu’à ce jour selon nos informations, ils y séjournent toujours. Ce qui entraîne l’irruption de plusieurs groupes sociaux. Des hommes politiques rentrent en scène, des associations emboîtent le pas et enfin, la communauté internationale se saisit de l’affaire. Entre les activistes de tout bord et les agitateurs politiques et sociaux en mal de visibilité, l’affaire Vanessa Tchatchou draine toutes sortes de passions et d’émotions. Feintes ou réelles. C’est sur ces entrefaites qu’un coup de fil anonyme d’une dame dont l’identité ne sera pas révélée, met la puce à l’oreille de la mère éplorée. «Mme, je sais où se trouve votre bébé ; il se trouve derrière le dispensaire d’Odza. Et la femme qui le détient travaille à Mfou», indique la voix qui refuse de décliner son identité selon la maman de Vanessa. Paniquée, la mère de l’adolescente refuse d’y croire.
Soupçons Deux jours plus tard, la même voix rappelle en indiquant : «C’est encore moi qui ai appelé avant-hier ; vous n’êtes pas partie là-bas», questionne la mystérieuse voix. La mère qui croyait jusqu’alors à un canular s’énerve et lui rétorque : «moi je veux qu’on m’aide à retrouver mon bébé, si c’est une blague elle est de mauvais goût.» Puis la voix reprend : «Donc vous pensez que je ne suis pas en train de vous aider ?» C’est à ce moment qu’elle entreprend d’alerter la direction régionale de la police judiciaire où une enquête est ouverte. Mais la requête du commissaire divisionnaire Pierre Nith vis-à-vis de l’opérateur de téléphonie Mtn en vue de repérer l’identité de l’abonnée qui a contacté la mère de Vanessa est vaine. De supputations en spéculation, le nom de la magistrate de Mfou, sur qui pèse la présomption du vol de bébé, se chuchote. Se murmure. Et éclate au grand jour. Pour certains, c’est le coupable idéal : elle n’aurait pas d’enfant, et multiplie les opportunités pour en avoir, même en adoption.
Jetée en pâture dans la presse, pointée du doigt par tous comme la «voleuse» présumée du bébé de Vanessa, la magistrate, dont le nom était encore mystérieux, commence ouvertement à être cité dans les médias. A la recherche de la vérité, votre journal entreprend de la retrouver et de savoir ce qu’il en est exactement. C’est ainsi qu’elle prend sur elle de se confier librement à nous le lundi 30 janvier. Et livre son témoignage. Dans un premier temps, elle insiste pour que son nom reste anonyme dans cette histoire. Mais la perspicacité de l’équipe qui la reçoit lui fait comprendre que sa version des faits ressemblerait alors de la manipulation et que les lecteurs seraient pris pour des imbéciles si jamais cela venait à se produire. Pendant deux heures, dans les locaux de votre journal, elle accepte de tout dire. C’est une dame affligée, amoindrie qui joue son va tout. Elle raconte son odyssée. Effectivement, elle est magistrate au parquet de Mfou. Elle est substitut No1 du procureur de cette ville. «Mon bébé n’est pas celui de Vanessa ; j’ai eu mon bébé par des voies normales et légales», annonce-t-elle. Dans un premier temps, elle indique qu’elle a accouché son enfant le 13 août 2011 soit une semaine avant la naissance du bébé de Vanessa. «Il a fait sa première vaccination le 16 août et mon bébé avait 2,5kg et non 1, 7 kg comme celui de Vanessa», souligne-t-elle.
Mais après cette version javellisée, la magistrate annonce que «pour le bien du bébé, si jamais, il est établi que mon enfant est celui de Vanessa, qu’on le lui rende parce que je veux le bien de cet enfant. Mais je n’ai pas volé de bébé». D’après son récit, c’est à la suite d’une procédure d’adoption en bonne et due forme qu’elle obtient un agrément le 10 juin 2011. Son enfant, d’après elle, serait né le 13 août à l’hôpital central de Yaoundé, et abandonné par sa mère dans la nuit du 13 au 14 août 2011. Sur le procès verbal d’abandon signé du commissaire divisionnaire Pierre Nith le 16 août, une jeune fille a été récupérée par un inconnu qui passait en voiture. Après qu’il a constaté que la jeune dame était en train d’accoucher dans une poubelle, il l’a conduite à la maternité de l’hôpital central de Yaoundé, puis est reparti sans laisser d’adresse. «On a envoyé au centre d’accueil des enfants en détresse (Caed) avant qu’on ne dresse le procès verbal d’abandon».
P. C. A.
Alors que la thèse d’une adoption semble se confirmer, une histoire d’argent entre un médecin et deux dames vient compliquer toute l’affaire.
Le 6 septembre 2011, un coup de fil sort Vanessa Tchatchou de son angoisse. «Je sais où se trouve le bébé volé. C’est une dame magistrate à Mfou qui l’a chez elle, elle habite le quartier Odza», annonce la voix. Quelques temps après ce coup de fil, le numéro de téléphone par lequel qui vient de la joindre ne passe plus. L’abonnée est injoignable. La dame mystérieuse qui passe ce coup restera des semaines dans l’anonymat jusqu’au jour où sur la radio Amplitude Fm, une dame se présente sous le nom de Mfegue Onana Mariama et confirme aux auditeurs que c’est elle l’auteur du coup de fil qui a mis la puce à l’oreille de Vanessa Tchatchou. Selon Mme Atangana, Mariama Mfegue Onana, magistrate comme elle à Mfou, est sa copine et collègue de bureau. «J’ai appris que Mfegue a appelé la famille de Vanessa pour lui dire que c’est moi qui ai volé le bébé. Le jour qu’elle le faisait, elle a enlevé la puce qu’elle utilise d’habitude pour mettre une autre carte sim dans son téléphone», explique-t-elle. Après ce coup de fil, indique une source, Mfegue Onana appelle le médecin de son amie et collègue et l’invite chez une autre dame, enseignante au lycée de Mimboman, vendeuse de vêtements à ses heures perdues et amie de la magistrate Mfegue. D’après le témoignage de Mme Atangana, Mfegue Onana explique au médecin que ce dernier est mêlé à une histoire de vol de bébé qui s’est produite à l’hôpital gynéco-obstétrique de Ngousso. Aussi dame Atangana est-elle en train d’être auditionnée par la police et que son tour arrive dans les minutes qui suivent. Pour que l’affaire se calme, le médecin propose un arrangement.
Dame Mfegue selon Mme Atangana exige au médecin, le Dr. Serge Temkou, en service à la maternité de l’hôpital central de Yaoundé, une somme de 1.500 000Fcfa pour son silence. Dr. Serge Temkou fait un tour et revient chez au domicile de Sidonie Djabea, l’enseignante, remettre la somme d’un million de Fcfa à Mme Mfegue Onana. Aussi la décision de remettre 300 mille Fcfa au procureur de la république de Mfou, pour le calmer lui aussi. De l’argent qu’aurait renvoyé violemment le procureur. Une version que rejette en bloc Sidonie Djabea. «Je ne suis ni de près, ni de loin mêlée à cette histoire; quand cette histoire déclenche, je ne suis pas au Cameroun, mon passeport peut en témoigner. Mfegue avait appelé la maman de Vanessa pour lui dire que c’est Caroline qui a volé le bébé et que pour le faire, elle avait changé de puce dans son téléphone. Si cette histoire était vraie, vous croyez vraiment qu’elle aurait pris la peine d’appeler par une puce autre que celle qu’elle utilise au quotidien», indique Sidonie Djabea.
Chantage Pour la transaction avec Dr. Serge Temkou, elle dit ne rien savoir de cette affaire. «Je n’ai jamais reçu cet homme chez moi et je n’ai rien reçu de lui ni de Mfegue Onana», assène l’enseignante. Joint au téléphone pour apporter sa version des faits, le docteur Temkou, ivre de rage au téléphone, gronde et menace. «Monsieur, je ne réponds pas ; il y a une information judiciaire qui est ouverte sur cette affaire. Je ne parle pas!», hurle-t-il avant de raccrocher violemment. Pourtant, selon Mme Atangana, le Dr. Temkou a bel et bien remis cette somme d’argent à Mme Mfegue qui plus tard, s’est mise à lui faire du chantage pour les 800 000 restants. Pour Sidonie Djabea, étant donné que le nom de Caroline Atangana est Sali dans cette affaire, il ne lui reste qu’une seule chose à faire. «Je lui ai dit que si elle veut laver son honneur, il faut qu’elle accepte de faire le test d’Adn à cet enfant ; si ce n’est pas celui de Vanessa, ça tranchera le débat et son bébé lui reviendra pour le reste de sa vie.» Toutes les tentatives et démarches pour retrouver Mme Mfegue ont été vaines. Dans on bureau au parquet de Mfou, elle est introuvable. Le numéro de téléphone (75 61 54 38) qu’elle aurait utilisé pour joindre la mère de Vanessa est injoignable depuis lors.
Evocation: Sur les traces du bébé volé
Retour sur les faits qui ont précédé la disparition du nourrisson de la jeune élève de seconde C à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé.
Le 20 août 2011, Vanessa Tchatchou, élève en seconde C dans un lycée de la ville de Yaoundé, rentre à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé avec sa mère vers cinq heures du matin. La jeune fille de 17 ans, enceinte depuis sept mois, a commencé à ressentir des contractions de son utérus ; ce qui annonce la venue au monde imminente du bébé. Après quelques heures passées dans la salle d’attente, elle est admise en salle d’accouchement. Peu avant 8h, Vanessa donne naissance à un bébé prématuré de sept mois dans le service de néonatalogie de l’hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé. Dans les minutes qui suivent cette délivrance précoce, la jeune fille, âgée de 17 ans, voit à peine son bébé. Après avoir pris place dans son lit, Vanessa Tchatchou, fatiguée après la délivrance, est réveillée par une mauvaise nouvelle autour de 14h.
«Mme Béatrice Ndemba, une infirmière, est venue changer les ordonnances que m’avait prescrites le pédiatre ; elle est revenue quelques heures après accompagnée d’une autre infirmière pour me dire que maman avait volé le bébé. Par la suite, j’ai appris que c’était elle (cette infirmière) qui se trouvait en néonatalogie ce samedi 20 août 2011», explique Vanessa Tchatchou. Commence alors un véritable rodéo entre Vanessa et les autorités de l’hôpital. Pour elle, tant qu’elle n’aura pas son bébé, elle ne sortira pas de cet hôpital. Des voix s’élèvent et indexent le personnel de l’hôpital. Son honnêteté est questionnée et sa bonne foi remise en cause. Mais rien de tout ce que racontent les infirmières ne réussit à calmer l’adolescente. Pendant plusieurs jours, la mère de Vanessa sera pointée du doigt par la direction de l’hôpital comme étant la principale suspecte dans cette affaire de vol de bébé. Curieusement, les autorités hospitalières n’annoncent pas le vol du bébé de Vanessa.
Mais curieusement, la thèse d’un nouveau-né retrouvé mort à Nkoteng dans le département de Haute Sanaga émerge et prospère. Ce nourrisson, selon les autorités de l’hôpital, présenté comme le bébé de Vanessa, après qu’il a été exhumé, est amputé de ses parties génitales. Il sera inhumé quelques temps après. Dans la foulée, l’on va annoncer que la présumée voleuse de bébé de Nkoteng aurait été interpellée par les éléments de la gendarmerie et gardée à vue à la brigade de gendarmerie de Nkolmesseng à Yaoundé. Selon nos informations, elle se serait enfuie quelques jours plus tard. Dans la foulée, l’adjoint au commandant de brigade et un autre élément de cette brigade de gendarmerie qui assuraient la garde ce soir-là, sont mis aux arrêts à la prison militaire pour complicité d’évasion. Jusqu’à ce jour selon nos informations, ils y séjournent toujours. Ce qui entraîne l’irruption de plusieurs groupes sociaux. Des hommes politiques rentrent en scène, des associations emboîtent le pas et enfin, la communauté internationale se saisit de l’affaire. Entre les activistes de tout bord et les agitateurs politiques et sociaux en mal de visibilité, l’affaire Vanessa Tchatchou draine toutes sortes de passions et d’émotions. Feintes ou réelles. C’est sur ces entrefaites qu’un coup de fil anonyme d’une dame dont l’identité ne sera pas révélée, met la puce à l’oreille de la mère éplorée. «Mme, je sais où se trouve votre bébé ; il se trouve derrière le dispensaire d’Odza. Et la femme qui le détient travaille à Mfou», indique la voix qui refuse de décliner son identité selon la maman de Vanessa. Paniquée, la mère de l’adolescente refuse d’y croire.
Soupçons Deux jours plus tard, la même voix rappelle en indiquant : «C’est encore moi qui ai appelé avant-hier ; vous n’êtes pas partie là-bas», questionne la mystérieuse voix. La mère qui croyait jusqu’alors à un canular s’énerve et lui rétorque : «moi je veux qu’on m’aide à retrouver mon bébé, si c’est une blague elle est de mauvais goût.» Puis la voix reprend : «Donc vous pensez que je ne suis pas en train de vous aider ?» C’est à ce moment qu’elle entreprend d’alerter la direction régionale de la police judiciaire où une enquête est ouverte. Mais la requête du commissaire divisionnaire Pierre Nith vis-à-vis de l’opérateur de téléphonie Mtn en vue de repérer l’identité de l’abonnée qui a contacté la mère de Vanessa est vaine. De supputations en spéculation, le nom de la magistrate de Mfou, sur qui pèse la présomption du vol de bébé, se chuchote. Se murmure. Et éclate au grand jour. Pour certains, c’est le coupable idéal : elle n’aurait pas d’enfant, et multiplie les opportunités pour en avoir, même en adoption.
Jetée en pâture dans la presse, pointée du doigt par tous comme la «voleuse» présumée du bébé de Vanessa, la magistrate, dont le nom était encore mystérieux, commence ouvertement à être cité dans les médias. A la recherche de la vérité, votre journal entreprend de la retrouver et de savoir ce qu’il en est exactement. C’est ainsi qu’elle prend sur elle de se confier librement à nous le lundi 30 janvier. Et livre son témoignage. Dans un premier temps, elle insiste pour que son nom reste anonyme dans cette histoire. Mais la perspicacité de l’équipe qui la reçoit lui fait comprendre que sa version des faits ressemblerait alors de la manipulation et que les lecteurs seraient pris pour des imbéciles si jamais cela venait à se produire. Pendant deux heures, dans les locaux de votre journal, elle accepte de tout dire. C’est une dame affligée, amoindrie qui joue son va tout. Elle raconte son odyssée. Effectivement, elle est magistrate au parquet de Mfou. Elle est substitut No1 du procureur de cette ville. «Mon bébé n’est pas celui de Vanessa ; j’ai eu mon bébé par des voies normales et légales», annonce-t-elle. Dans un premier temps, elle indique qu’elle a accouché son enfant le 13 août 2011 soit une semaine avant la naissance du bébé de Vanessa. «Il a fait sa première vaccination le 16 août et mon bébé avait 2,5kg et non 1, 7 kg comme celui de Vanessa», souligne-t-elle.
Mais après cette version javellisée, la magistrate annonce que «pour le bien du bébé, si jamais, il est établi que mon enfant est celui de Vanessa, qu’on le lui rende parce que je veux le bien de cet enfant. Mais je n’ai pas volé de bébé». D’après son récit, c’est à la suite d’une procédure d’adoption en bonne et due forme qu’elle obtient un agrément le 10 juin 2011. Son enfant, d’après elle, serait né le 13 août à l’hôpital central de Yaoundé, et abandonné par sa mère dans la nuit du 13 au 14 août 2011. Sur le procès verbal d’abandon signé du commissaire divisionnaire Pierre Nith le 16 août, une jeune fille a été récupérée par un inconnu qui passait en voiture. Après qu’il a constaté que la jeune dame était en train d’accoucher dans une poubelle, il l’a conduite à la maternité de l’hôpital central de Yaoundé, puis est reparti sans laisser d’adresse. «On a envoyé au centre d’accueil des enfants en détresse (Caed) avant qu’on ne dresse le procès verbal d’abandon».
P. C. A.