Affaire du bébé volé: Le régime de Yaoundé entre rebuffades et reculades
DOUALA - 13 Mars 2012
© Edouard KINGUE | Le Messager
En limogeant la direction de l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé et le président du conseil d’administration, il est désormais patent que le président Biya sait ce qui s’est passé dans l’affaire Vanessa et qu’il est en train de tirer les mesures qui s’imposent. Mais la question est de savoir depuis combien de temps est-il au courant? Et pourquoi a-t-il attendu si longtemps pour réagir?
Inauguré avec faste le 28 mars 2002 par le président Biya, l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé (Hgopy) est né de la volonté des gouvernements camerounais et chinois d'améliorer de manière significative, le système de prestations des soins de santé en faveur de la femme, de la mère et de l'enfant au Cameroun. Aujourd’hui, il est devenu le théâtre de l’un des plus gros scandales de ce début de septennat du président Biya. Ce qu’il est désormais convenu d’appeler l’affaire Vanessa Tchatchou, cette fille-mère de 17 ans, qui a vu son bébé disparaître l’année dernière après sa naissance.
Pour le gouvernement, deux versions contradictoires sont avancées: l’une du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement qui a soutenu que l’enfant dit volé est mort et enterré, l’autre de Catherine Bakang Mbock, ministre des Affaires sociales. Selon elle, il n’y a pas eu vol de bébé. Cette cacophonie au plus haut niveau du gouvernement traduit le malaise dans lequel vit le pouvoir en général, dans une affaire qui a depuis franchi les frontières du Cameroun et qui restera dans la conscience collective tout en y laissant évidemment des séquelles.
La troisième version, celle-là, soutenue par la fille-mère et les organisations de la société est celle selon laquelle le bébé n’est pas mort. Mieux, on croit savoir qu’il est entre les mains d’une magistrate en rupture de maternité, Caroline Mejang Ndikum Ateh, substitut du procureur de la République près du tribunal de Mfou. Elle est accusée «d’héberger actuellement le bébé soupçonné être celui enlevé à l’Hgopy sur la base d’une adoption frauduleuse». Si la vérité n’est pas encore du domaine du public, force est de constater que dans cette affaire, le pouvoir s’est planté du début à la fin. Le début, c'est-à-dire le mépris pour cette fille-mère qui criait sa douleur depuis août 2011 dans l’indifférence générale du personnel hospitalier.
C’est ensuite le pouvoir qui a essayé de noyer le problème sous le couvert du vol de bébé comme on en a signalé un peu partout. Suivront alors des démarches malheureuses pour ne pas dire malhonnêtes, telles que le test Adn décrié, qui a tenté de conclure que le bébé volé n’est pas celui de la magistrate soupçonnée, mais on peut aussi penser que celui enterré n’est pas non plus celui volé, du moins tant que l’on ne peut pas faire de test Adn sur un corps en décomposition, comme l’a suggéré le procureur en charge de l’affaire.
Jusqu’au bout de l’action
Mais tout ceci c’est de l’histoire «ancienne». En replaçant la balle au centre par le limogeage des responsables de l’hôpital, le président Biya donne un signal fort de ce que rien ne sera plus tabou dans l’affaire et que les prochains jours ou semaines risquent d’apporter de nouvelles révélations politico—judiciaires d’un fait divers aujourd’hui au centre de la République. Selon les observateurs, le président de la République qui n’aime pas agir sous la pression a été obligé de lâcher du lest en espérant sans doute que les choses vont se tasser. Mais il doit continuer afin d’établir la lumière sur l’affaire Vanessa Tchatchou.
Où est le bébé?
A qui appartient le bébé de la magistrate? Pourquoi ces tergiversations alors que tout le monde «sait» désormais? Assurément le pouvoir va essayer de s’en sortir, mais aucune pirouette n’est plus possible. Entre reculades et rebuffades, le président de la République doit prendre enfin ses responsabilités, afin que les complicités tapies dans l’ombre soient révélées au grand jour et que Vanessa Tchatchou récupère son enfant. Bien plus, que les têtes proches de ce vaste réseau de trafic d’enfants continuent d’être tranchées. Autant dire que Paul Biya devra aller jusqu’au bout en sanctionnant toutes les personnalités qui se seraient mouillées dans l’affaire.
Ce sera le procès d’une société qui a mal à sa gouvernance. Alors que le procès commence… et continue!
© Edouard KINGUE | Le Messager
En limogeant la direction de l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé et le président du conseil d’administration, il est désormais patent que le président Biya sait ce qui s’est passé dans l’affaire Vanessa et qu’il est en train de tirer les mesures qui s’imposent. Mais la question est de savoir depuis combien de temps est-il au courant? Et pourquoi a-t-il attendu si longtemps pour réagir?
Inauguré avec faste le 28 mars 2002 par le président Biya, l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé (Hgopy) est né de la volonté des gouvernements camerounais et chinois d'améliorer de manière significative, le système de prestations des soins de santé en faveur de la femme, de la mère et de l'enfant au Cameroun. Aujourd’hui, il est devenu le théâtre de l’un des plus gros scandales de ce début de septennat du président Biya. Ce qu’il est désormais convenu d’appeler l’affaire Vanessa Tchatchou, cette fille-mère de 17 ans, qui a vu son bébé disparaître l’année dernière après sa naissance.
Pour le gouvernement, deux versions contradictoires sont avancées: l’une du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement qui a soutenu que l’enfant dit volé est mort et enterré, l’autre de Catherine Bakang Mbock, ministre des Affaires sociales. Selon elle, il n’y a pas eu vol de bébé. Cette cacophonie au plus haut niveau du gouvernement traduit le malaise dans lequel vit le pouvoir en général, dans une affaire qui a depuis franchi les frontières du Cameroun et qui restera dans la conscience collective tout en y laissant évidemment des séquelles.
La troisième version, celle-là, soutenue par la fille-mère et les organisations de la société est celle selon laquelle le bébé n’est pas mort. Mieux, on croit savoir qu’il est entre les mains d’une magistrate en rupture de maternité, Caroline Mejang Ndikum Ateh, substitut du procureur de la République près du tribunal de Mfou. Elle est accusée «d’héberger actuellement le bébé soupçonné être celui enlevé à l’Hgopy sur la base d’une adoption frauduleuse». Si la vérité n’est pas encore du domaine du public, force est de constater que dans cette affaire, le pouvoir s’est planté du début à la fin. Le début, c'est-à-dire le mépris pour cette fille-mère qui criait sa douleur depuis août 2011 dans l’indifférence générale du personnel hospitalier.
C’est ensuite le pouvoir qui a essayé de noyer le problème sous le couvert du vol de bébé comme on en a signalé un peu partout. Suivront alors des démarches malheureuses pour ne pas dire malhonnêtes, telles que le test Adn décrié, qui a tenté de conclure que le bébé volé n’est pas celui de la magistrate soupçonnée, mais on peut aussi penser que celui enterré n’est pas non plus celui volé, du moins tant que l’on ne peut pas faire de test Adn sur un corps en décomposition, comme l’a suggéré le procureur en charge de l’affaire.
Jusqu’au bout de l’action
Mais tout ceci c’est de l’histoire «ancienne». En replaçant la balle au centre par le limogeage des responsables de l’hôpital, le président Biya donne un signal fort de ce que rien ne sera plus tabou dans l’affaire et que les prochains jours ou semaines risquent d’apporter de nouvelles révélations politico—judiciaires d’un fait divers aujourd’hui au centre de la République. Selon les observateurs, le président de la République qui n’aime pas agir sous la pression a été obligé de lâcher du lest en espérant sans doute que les choses vont se tasser. Mais il doit continuer afin d’établir la lumière sur l’affaire Vanessa Tchatchou.
Où est le bébé?
A qui appartient le bébé de la magistrate? Pourquoi ces tergiversations alors que tout le monde «sait» désormais? Assurément le pouvoir va essayer de s’en sortir, mais aucune pirouette n’est plus possible. Entre reculades et rebuffades, le président de la République doit prendre enfin ses responsabilités, afin que les complicités tapies dans l’ombre soient révélées au grand jour et que Vanessa Tchatchou récupère son enfant. Bien plus, que les têtes proches de ce vaste réseau de trafic d’enfants continuent d’être tranchées. Autant dire que Paul Biya devra aller jusqu’au bout en sanctionnant toutes les personnalités qui se seraient mouillées dans l’affaire.
Ce sera le procès d’une société qui a mal à sa gouvernance. Alors que le procès commence… et continue!