Affaire du bébé volé: La réaction du Comicodi au Communiqué du Procureur
YAOUNDE - 09 MARS 2012
© SHANDA TONME (Comicodi) | Correspondance
"Il faudrait de même, non pas seulement s’inquiéter et s’indigner, ni s’embarrasser et se moquer, mais aussi protester vigoureusement, que des personnalités officielles, aux plus hauts niveaux de l’Etat et de l’appareil sécuritaire, puisse affirmer, sans aucune gêne ni souci, qu’un enfant né le 13 Août, a été placé en garde provisoire le lendemain. Il faut le faire, et il faut avoir plus que le courage dans ce cas."
© SHANDA TONME (Comicodi) | Correspondance
"Il faudrait de même, non pas seulement s’inquiéter et s’indigner, ni s’embarrasser et se moquer, mais aussi protester vigoureusement, que des personnalités officielles, aux plus hauts niveaux de l’Etat et de l’appareil sécuritaire, puisse affirmer, sans aucune gêne ni souci, qu’un enfant né le 13 Août, a été placé en garde provisoire le lendemain. Il faut le faire, et il faut avoir plus que le courage dans ce cas."
CAMEROUN :: BÉBÉ VOLÉ – LA REACTION DU COMICODI AU COMMUNIQUE DU PROCUREUR
DECLARATION N° 9
AFFAIRE DU BEBE VOLE DE VANESSA TCHATCHOU
Le 06 mars 2012, le magistrat NTAMACK Fils, procureur de la république près le tribunal de grande instance du Mfoundi, a rendu public un communiqué selon lequel, une analyse des ADN, n’aurait établi aucun lien de maternité, entre le bébé actuellement détenu par madame Caroline Mejang Ateh, et la jeune Vanessa Tchatchou, d’une part, et que l'exploitation d’un autre bébé sensé avoir été enterré à Nkoteng, n’a pas été possible à cause de l’état de décomposition de celui-ci, d’autre part.
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination a pris acte de ce communiqué qui reflète la position officielle du gouvernement, dans la mesure où elle ne fait que conforter, confirmer, et imposer la thèse déjà défendue par monsieur ISSA Tchiroma, Ministre de la Communication qui s’était exprimé en son nom.
Face à ce nouveau développement, la commission indépendante contre la corruption et la discrimination, tout en respectant l’autorité de monsieur le procureur de la république, tout en réitérant son attachement à la paix sociale, au respect de l’autorité de l’Etat et au prestige des institutions de même que l’honorabilité et la dignité des personnes qui les incarnent au plus haut niveau, s’estime légitimement fondée à faire les observations et rappels de toute nature ci-après:
Sur la forme,
Premièrement, le communiqué de monsieur le procureur de la république, intervient à la veille de la journée mondiale de la femme, laissant penser que les menaces de manifestations de protestations et de solidarité axées sur l’affaire du bébé volé Vanessa Tchatchou, ont pu créer une certaine panique voire un relatif inconfort dans le sérail politique, au point de justifier l’urgence pour ne pas dire la précipitation d’une telle démarche.
Deuxièmement, il y a lieu de relever, la curiosité qui entoure l’initiative de monsieur le procureur de la république, notamment le choix de le pousser au devant de la scène, s’agissant d’une affaire qui a dorénavant pris le caractère d’une véritable affaire d’Etat.
Troisièmement, le procureur de la république, n’a nullement tenu compte, de la charge émotionnelle que revêt cette affaire, de même qu’il n’a pas fait preuve de respect, de courtoisie et de respect de la dignité de la famille de la jeune fille. Les usages en temps réel et en toute intelligence sociale et professionnelle, eurent au moins voulu que la famille soit reçue, entretenue, apaisée, avant cette sortie.
Quatrièmement, il importe de rappeler, que la décision de pratiquer des tests ADN, ne relève pas d’une ordonnance de justice, mais curieusement d’une simple lettre du même procureur, ce qui en soit, ne sied point avec l’intensité, la gravité, et statut de cette affaire.
Quant au fond
Cinquièmement, nous réitérons nos premières observations contenues dans nos précédentes déclarations, notamment en ce qui concerne, la manière dont les tests ADN ont été pratiqués.
A ce propos, seuls des tests pratiquées sur la base d’un protocole consenti et paraphé par toutes les parties, devraient être valables et éventuellement validés. Cela suppose normalement, que le laboratoire désigné, les compétences mises en oeuvre, les techniques utilisées, le but à atteindre, les modalités de gestion et éventuellement de divulgation des résultats, soient clairement spécifiés et arrêtés. Tout cela n’a jamais été fait.
Sixièmement, il y a lieu, de considérer, que les pouvoirs publics ont menti, par omission ou par ruse, lorsqu’elles ont déclaré à la famille et à l’opinion publique, que toutes les parties impliquées avaient été prélevées.
Septièmement, les conditions dans lesquelles la jeune Vanessa Tchatchou a été soumise à ce qui aurait tenu lieu de prélèvement, relèvent ni plus ni moins que du viol, de la brimade et de la torture. Aucune atteinte au corps d’un être humain, ne saurait être opérée, même pour des raisons médicales et surtout pour des raisons médicales, sans son libre consentement, à moins d’avoir préalablement constaté son incapacité mental et son indisponibilité légal au sens du libre arbitre. Plus d’une semaine après ces violences, la jeune fille ne pouvait toujours pas mangé, et avait été abandonnée sans aucun soin. Il a fallu que sa famille se débrouille comme elle pouvait. De plus, elle fut maintenue enfermée dans le laboratoire comme une bête sauvage, et il fallu nos interventions indignées, pour qu’elle soit ramenée dans sa chambre.
Huitièmement, le communiqué du procureur de la république, ne donne aucune indication sur les coordonnées du laboratoire spécialisé qui a pratiqué les tests, ni sur les techniques utilisées, et encore moins sur les compétences impliquées.
Neuvièmement, l’affirmation selon laquelle, il a été impossible de pratiquer des tests sur le prétendu cadavre de bébé enterré à Nkoteng, est une erreur d’une immensité insoutenable qui n’honore pas le niveau de connaissance et d’information scientifique et technologique de notre pays, lequel compte par ailleurs de brillants scientifiques de toutes les disciplines qui ont amplement fait leurs preuves dans des structures étrangères. Il est connu aujourd’hui, qu’un seul bout d’ongle, un seul cheveu, suffit pour pratiquer avec succès, des tests d’ADN.
Dixièmement, la démarche du procureur de la république, vient de toute façon, étendre et approfondir le lourd embarras que constitue l’instigation des enquêtes, alors même que le porte parole du gouvernement avait déjà tiré des conclusions définitives sur la culpabilité de quelques personnes sensées être les auteurs du crime. A quoi cela servait-il donc, de pratiquer des tests d’ADN, si à supposer qu’ils l’aient été, et effectivement, si des individus sont ont déjà été présentés au juge et jetés en prison?
Pour mémoire, la commission indépendante contre la corruption et la discrimination, rappelle les faits suivants:
Pour ce qui est du personnel hospitalier
- A l’accouchement de l’enfant Vanessa Tchatchou, l’infirmière NDE MBA, laquelle était exécutait manifestement un plan précis et coordonné, a pratiquement arraché l’enfant des mains de la famille en insistant, contre d’ailleurs l’avis d’un collègue, pour aller le mettre à la couveuse.
- L’enfant de Vanessa Tchathcou pesait deux kilos à la naissance, et était viable sans autre forme de complication. L’enfant a d’ailleurs été habillé, avec des vêtements fournis par la famille. Or les bébés prématurés ne sont jamais habillés. Ils sont traités différemment.
- L’infirmière NDE MBA a monté un stratagème pour essayer d’installer la grand mère de l’enfant, dame Sylvie Jueyep, dans une situation de flagrant délit, notamment en changeant l’ordonnance du pédiatre, de façon à amener cette dernière à sortir de l’hôpital pour chercher des produits qu’elle n’aurait pas trouver à la pharmacie interne.
- Le Directeur de l’hôpital, a dans les jours qui ont suivi, tenté de corrompre la famille, en leur proposant une indemnisation financière.
- Le Directeur de l’hôpital a déclaré à qui voulait l’entendre, à la famille, qu’il a les moyens de bloquer l’enquête partout où elle se présentera.
- L’infirmière Monique, major, a déclaré et continue de déclarer à la jeune Vanessa, qu’elle n’aura jamais ce bébé, et qu’elle repartira de l’hôpital avec la honte. Régulièrement, elle passe devant la jeune fille, musique à haute voix et dansant même quelque fois, une vraie adepte du crime organisée, une sanguinaire sans coeur ni humanité, mais jamais inquiétée.
Pour la magistrate,
- Madame Caroline Mejang Ndikum Ateh, a pendant dix mois, entouré son ventre de paquets de tissus, pour simuler une grossesse, ce qui ne laisse aucun doute à la préméditation de son acte
- Madame caroline Mejang Ndikum a informé dès le 24 Août 2012, nombre de ses contacts et collègues, par message SMS et par appels directs sur leur portable, qu’elle vient d’accoucher, soit quatre jours après le vol du bébé de Vanessa. Son ancien mari a reçu le même message SMS le 31 août.
- Dame Mejang a notamment affirmé à plusieurs relations qui l’auraient approché pour lui demander de restituer sagement le bébé, que pour rien au monde elle ne se soumettrait.
- Recevant la sommation de restituer l’enfant servie par exploit d’Huissier de justice, Dame Mejang, embrouillée, ébranlée et transpirant à grosses gouttes, a néanmoins trouvé la force de conclure par: ” de toute façon je vais gérer”.
Pour le gouvernement
- La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination a reçu et rendu public, une dénonciation certes anonyme mais suffisamment étayée, concernant les pratiques chroniques de trafic des enfants au ministère des affaires sociales, et comprenant la mise en cause directe d’une sous direction donc l’enrichissement des responsables, suscite des préoccupations. Il était révélé dans la dénonciation, en autre que le détournement de l’enfant de Vanessa, a pu y être monté, à l’instar de dizaines d’autres.
- Le ministre des affaires sociales, a déclaré publiquement sur le plateau de la télévision nationale, qu’il n’y a jamais eu de vol de bébé de Vanessa Tchatchou, en contradiction de toutes les évidences. Déduction faite, ce membre du gouvernement sait donc s’est passé, et loin de la thèse dite officielle. Il faudrait déduire logiquement qu’elle a d’elle-même, livre ce bébé à son détenteur actuel, dame Mejang, magistrate.
- Comment pourrait-on croire, que des présumés coupables, aient été arrêtés dès le 24 Août, soit le même jour où dame Mejang, annonçait à toutes ses relations, qu’elle venait d’accoucher?
- Comment peut-on expliquer, que des criminels supposés, ont été appréhendés, puis libérés, dit-on évadés? Et puis lorsque les choses se gâtent, on reparle d’arrestation au point de parler de bravoure, des supposés malfrats?
- Comment expliquer, que la division régionale de la police judiciaire, se soit montrée, si incapable, de retrouver, l’identité qui se cachait derrière les premières dénonciations anonymes, quelques jours seulement après le vol du bébé?
- Comment expliquer, que le responsable régional de la compagnie de téléphonie mobile MTN, ait refusé de communiquer l’identité du dénonciateur, arguant de ce que le numéro n’était pas répertorié?
- Comment expliquer, le silence de tous les membres du gouvernement directement concernés par cette affaire criminelle? Le Ministre de la santé, le Ministre de la famille, le Ministre des affaires sociales?
De tout ce qui précède, il faut se demander, logiquement, qui a donné l’ordre d’étouffer cette affaire et pourquoi?
Pourquoi aucun des responsables directement et activement mis en cause, n’a été jusqu’ici inquiété, même pas suspendu de leurs fonctions?
Pourquoi a-t-on, et sur les ordres de qui, proféré des menaces par diverses sources, contre le Docteur Vincent Sosthène FOUDA, de même que d’autres personnes?
Au nom de quels principes de droit transcendant les principes moraux, l’éthique sociale et coutumière collective, un magistrat, fut-il couvert par des lois et des règlements spécifiques, devrait échapper aux rigueurs et aux procédures pénales, lorsqu’il est établi de façon incontestable, directe et précise, qu’il a pu se rendre coupable d’actes d’une gravité exceptionnelle?
En tout état de cause, la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination, soutien avec force de conviction et d’engagement,
- Que bébé de Vanessa Tchatchou volé à l’hôpital gynéco obstétrique le 20 Août 2012, est vivant, et que cette petite fille n’était pas, finalement, prématurée.
- Que la Magistrate Mejang Ndikum Ateh Caroline, premier substitut du procureur de la république à Mfou, est celle qui détient actuellement le bébé de Vanessa Tchatchou, et que même en cas de changement de l’enfant, elle devra être tenue pour responsable de ce crime.
- Que le fait d’avoir, prétexté une grossesse et un accouchement, pour ensuite se rabattre sur la thèse de la concession d’une garde provisoire, est suffisant pour l’incriminer de manière absolue.
- Que le processus de planification de cet acte criminel, implique bien, un médecin, le docteur Tekum, en service à l’hôpital gynéco obstétrique et vacataire à la polyclinique de Tsinga. C’est lui qui a délivré un faux certificat de grossesse et un faux certificat de naissance. Ces documents figuraient dans le dossier soumis par la magistrate, à ses patrons pour le congé de maternité, mais ont été subtilisés par la suite, alors même qu’ils étaient déjà enregistrés semble-t-il, dans les services du procureur général.
- Que le vol du bébé de Vanessa, a été planifié dès sa première visite prénatale, parce qu’elle offrait le parfait profil d’un cas qui ne poserait pas de problèmes, et qui ne susciterait aucune réaction, compte tenu de la situation de cette famille, pauvre.
- Que cette affaire met en exergue, le drame actuel du Cameroun, dominé, non point par des oppositions ethniques ou régionalistes, mais bel et bien par des oppositions entre une classe sociale administrative et politique très élitiste et très puissante, d’une part, et une classe sociale pauvre, affaiblie, et infiniment exposée à des situations de torture morale, de brimade et de déni de droits, comme c’est le cas de Vanessa Tchatchou
- Que cette situation s’est déjà vue dans l’histoire récente du monde, notamment sous les dictatures des années 1970 en Amérique Latine (Argentine et Chili), où les enfants des pauvres furent enlevés de force à leurs familles, pour être placés dans des familles des classes dirigeantes. Il en est résulter des drames insoutenables dont les conséquences troublent encore de nos jours, la vie sociale des dits pays.
- Que la dénonciation reçue du ministère des affaires sociales, montre qu’il existe de nombreux autres cas, certainement dans un réseau bien huilé de trafiquants sans foi ni loi, dont les premières victimes et sans doute uniques victimes, sont des familles pauvres, démunies, sans soutiens, influençables, et corvéables à merci.
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination, qui respecte le Procureur NTAMACK comme un des meilleurs, un des compétents et un des plus brillants magistrats de sa génération, déplore qu’il ait rendu public un tel communiqué, qui ne résistera pas devant le témoignage et la sanction implacables de l’histoire.
La Commission exhorte ensuite toutes les bonnes volonté éprises de paix, de justice, de compassion et de solidarité, à poursuivre leurs actions dans le cadre des lois en vigueur de notre pays, jusqu’à la restitution à Vanessa Tchatchou, de son bébé.
La Commission exhorte paf la même occasion, madame Caroline Mejang Ntikum Ateh, a se raviver et à se repentir humblement, afin de mettre fin à sa propre souffrance, à la souffrance du bébé d’autrui, et à la souffrance d’une jeune maman qui depuis son accouchement il y a sept mois, n’a pas goûté au plaisir de la maternité.
La Commission se faisant, demande à tous, d’avoir une pensée solidaire, pieuse et humaine, pour toutes les femmes qui de façon aussi profonde et émotionnelle, souffrent durement de ne pas pouvoir tomber enceinte d’un homme normalement, et de s’estimer par conséquent - à tort car c’est Dieu qui décide de tout - déséquilibrées, impures, malades, ou rejetées. Aucun homme ni aucune société, ne saurait réellement et légitimement rejeter une femme qui ne peut pas tomber enceinte, comme une lèpre, sans porter atteinte à la volonté de Dieu.
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination, réaffirme son soutien et ses encouragements à la jeune maman Vanessa Tchatchou, et lui demande de supporter la douleur qui la tenaille un peu plus chaque jour, jusqu’à la restitution de son bébé.
Il est enfin capital de signaler que lors de la première confrontation entre Vanessa et la jeune fille qui affirme avoir volé et tué le bébé par jalousie, cette dernière avait reconnu, de même que son faux copain de circonstance, n’avoir jamais rencontré avant cette occasion. Curieusement, quelques jours plus tard, lors de la simulacre reconstitution à l’hôpital, la jeune fille était revenue sur ses déclarations, certainement après avoir été certainement rappelée à l’ordre par ses commanditaires.
Il faudrait de même, non pas seulement s’inquiéter et s’indigner, ni s’embarrasser et se moquer, mais aussi protester vigoureusement, que des personnalités officielles, aux plus hauts niveaux de l’Etat et de l’appareil sécuritaire, puisse affirmer, sans aucune gêne ni souci, qu’un enfant né le 13 Août, a été placé en garde provisoire le lendemain. Il faut le faire, et il faut avoir plus que le courage dans ce cas.
La Commission en appelle pour conclure, à l’intelligence de certains et à la sagesse d’autres, pour que cette scabreuse affaire qui trouble notre quiétude depuis bientôt sept mois, soit rapidement résolue.
La Commission émet une pensée sienne selon laquelle, même dans les sociétés les plus détruites et les plus compromises par le génie du mal, il subsiste des gens honnêtes, courageuses et lucides, capables de faire surgir une étincelle d’espoir. Les dirigeants du Cameroun au plus haut niveau de l’Etat et de la république, ont encore suffisamment de ressources, pour nous dire la vérité, et nous délivrer de cette affaire.
Le Président de la République en personne, Chef de l’Etat, doit dorénavant décider que la vérité soit dite, même contre les premières et graves turpitudes du Gouvernement./.
Fait à Yaoundé, le 09 Mars 2012
Le Président de la Commission
SHANDA TONME
Médiateur universel
AFFAIRE DU BEBE VOLE DE VANESSA TCHATCHOU
Le 06 mars 2012, le magistrat NTAMACK Fils, procureur de la république près le tribunal de grande instance du Mfoundi, a rendu public un communiqué selon lequel, une analyse des ADN, n’aurait établi aucun lien de maternité, entre le bébé actuellement détenu par madame Caroline Mejang Ateh, et la jeune Vanessa Tchatchou, d’une part, et que l'exploitation d’un autre bébé sensé avoir été enterré à Nkoteng, n’a pas été possible à cause de l’état de décomposition de celui-ci, d’autre part.
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination a pris acte de ce communiqué qui reflète la position officielle du gouvernement, dans la mesure où elle ne fait que conforter, confirmer, et imposer la thèse déjà défendue par monsieur ISSA Tchiroma, Ministre de la Communication qui s’était exprimé en son nom.
Face à ce nouveau développement, la commission indépendante contre la corruption et la discrimination, tout en respectant l’autorité de monsieur le procureur de la république, tout en réitérant son attachement à la paix sociale, au respect de l’autorité de l’Etat et au prestige des institutions de même que l’honorabilité et la dignité des personnes qui les incarnent au plus haut niveau, s’estime légitimement fondée à faire les observations et rappels de toute nature ci-après:
Sur la forme,
Premièrement, le communiqué de monsieur le procureur de la république, intervient à la veille de la journée mondiale de la femme, laissant penser que les menaces de manifestations de protestations et de solidarité axées sur l’affaire du bébé volé Vanessa Tchatchou, ont pu créer une certaine panique voire un relatif inconfort dans le sérail politique, au point de justifier l’urgence pour ne pas dire la précipitation d’une telle démarche.
Deuxièmement, il y a lieu de relever, la curiosité qui entoure l’initiative de monsieur le procureur de la république, notamment le choix de le pousser au devant de la scène, s’agissant d’une affaire qui a dorénavant pris le caractère d’une véritable affaire d’Etat.
Troisièmement, le procureur de la république, n’a nullement tenu compte, de la charge émotionnelle que revêt cette affaire, de même qu’il n’a pas fait preuve de respect, de courtoisie et de respect de la dignité de la famille de la jeune fille. Les usages en temps réel et en toute intelligence sociale et professionnelle, eurent au moins voulu que la famille soit reçue, entretenue, apaisée, avant cette sortie.
Quatrièmement, il importe de rappeler, que la décision de pratiquer des tests ADN, ne relève pas d’une ordonnance de justice, mais curieusement d’une simple lettre du même procureur, ce qui en soit, ne sied point avec l’intensité, la gravité, et statut de cette affaire.
Quant au fond
Cinquièmement, nous réitérons nos premières observations contenues dans nos précédentes déclarations, notamment en ce qui concerne, la manière dont les tests ADN ont été pratiqués.
A ce propos, seuls des tests pratiquées sur la base d’un protocole consenti et paraphé par toutes les parties, devraient être valables et éventuellement validés. Cela suppose normalement, que le laboratoire désigné, les compétences mises en oeuvre, les techniques utilisées, le but à atteindre, les modalités de gestion et éventuellement de divulgation des résultats, soient clairement spécifiés et arrêtés. Tout cela n’a jamais été fait.
Sixièmement, il y a lieu, de considérer, que les pouvoirs publics ont menti, par omission ou par ruse, lorsqu’elles ont déclaré à la famille et à l’opinion publique, que toutes les parties impliquées avaient été prélevées.
Septièmement, les conditions dans lesquelles la jeune Vanessa Tchatchou a été soumise à ce qui aurait tenu lieu de prélèvement, relèvent ni plus ni moins que du viol, de la brimade et de la torture. Aucune atteinte au corps d’un être humain, ne saurait être opérée, même pour des raisons médicales et surtout pour des raisons médicales, sans son libre consentement, à moins d’avoir préalablement constaté son incapacité mental et son indisponibilité légal au sens du libre arbitre. Plus d’une semaine après ces violences, la jeune fille ne pouvait toujours pas mangé, et avait été abandonnée sans aucun soin. Il a fallu que sa famille se débrouille comme elle pouvait. De plus, elle fut maintenue enfermée dans le laboratoire comme une bête sauvage, et il fallu nos interventions indignées, pour qu’elle soit ramenée dans sa chambre.
Huitièmement, le communiqué du procureur de la république, ne donne aucune indication sur les coordonnées du laboratoire spécialisé qui a pratiqué les tests, ni sur les techniques utilisées, et encore moins sur les compétences impliquées.
Neuvièmement, l’affirmation selon laquelle, il a été impossible de pratiquer des tests sur le prétendu cadavre de bébé enterré à Nkoteng, est une erreur d’une immensité insoutenable qui n’honore pas le niveau de connaissance et d’information scientifique et technologique de notre pays, lequel compte par ailleurs de brillants scientifiques de toutes les disciplines qui ont amplement fait leurs preuves dans des structures étrangères. Il est connu aujourd’hui, qu’un seul bout d’ongle, un seul cheveu, suffit pour pratiquer avec succès, des tests d’ADN.
Dixièmement, la démarche du procureur de la république, vient de toute façon, étendre et approfondir le lourd embarras que constitue l’instigation des enquêtes, alors même que le porte parole du gouvernement avait déjà tiré des conclusions définitives sur la culpabilité de quelques personnes sensées être les auteurs du crime. A quoi cela servait-il donc, de pratiquer des tests d’ADN, si à supposer qu’ils l’aient été, et effectivement, si des individus sont ont déjà été présentés au juge et jetés en prison?
Pour mémoire, la commission indépendante contre la corruption et la discrimination, rappelle les faits suivants:
Pour ce qui est du personnel hospitalier
- A l’accouchement de l’enfant Vanessa Tchatchou, l’infirmière NDE MBA, laquelle était exécutait manifestement un plan précis et coordonné, a pratiquement arraché l’enfant des mains de la famille en insistant, contre d’ailleurs l’avis d’un collègue, pour aller le mettre à la couveuse.
- L’enfant de Vanessa Tchathcou pesait deux kilos à la naissance, et était viable sans autre forme de complication. L’enfant a d’ailleurs été habillé, avec des vêtements fournis par la famille. Or les bébés prématurés ne sont jamais habillés. Ils sont traités différemment.
- L’infirmière NDE MBA a monté un stratagème pour essayer d’installer la grand mère de l’enfant, dame Sylvie Jueyep, dans une situation de flagrant délit, notamment en changeant l’ordonnance du pédiatre, de façon à amener cette dernière à sortir de l’hôpital pour chercher des produits qu’elle n’aurait pas trouver à la pharmacie interne.
- Le Directeur de l’hôpital, a dans les jours qui ont suivi, tenté de corrompre la famille, en leur proposant une indemnisation financière.
- Le Directeur de l’hôpital a déclaré à qui voulait l’entendre, à la famille, qu’il a les moyens de bloquer l’enquête partout où elle se présentera.
- L’infirmière Monique, major, a déclaré et continue de déclarer à la jeune Vanessa, qu’elle n’aura jamais ce bébé, et qu’elle repartira de l’hôpital avec la honte. Régulièrement, elle passe devant la jeune fille, musique à haute voix et dansant même quelque fois, une vraie adepte du crime organisée, une sanguinaire sans coeur ni humanité, mais jamais inquiétée.
Pour la magistrate,
- Madame Caroline Mejang Ndikum Ateh, a pendant dix mois, entouré son ventre de paquets de tissus, pour simuler une grossesse, ce qui ne laisse aucun doute à la préméditation de son acte
- Madame caroline Mejang Ndikum a informé dès le 24 Août 2012, nombre de ses contacts et collègues, par message SMS et par appels directs sur leur portable, qu’elle vient d’accoucher, soit quatre jours après le vol du bébé de Vanessa. Son ancien mari a reçu le même message SMS le 31 août.
- Dame Mejang a notamment affirmé à plusieurs relations qui l’auraient approché pour lui demander de restituer sagement le bébé, que pour rien au monde elle ne se soumettrait.
- Recevant la sommation de restituer l’enfant servie par exploit d’Huissier de justice, Dame Mejang, embrouillée, ébranlée et transpirant à grosses gouttes, a néanmoins trouvé la force de conclure par: ” de toute façon je vais gérer”.
Pour le gouvernement
- La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination a reçu et rendu public, une dénonciation certes anonyme mais suffisamment étayée, concernant les pratiques chroniques de trafic des enfants au ministère des affaires sociales, et comprenant la mise en cause directe d’une sous direction donc l’enrichissement des responsables, suscite des préoccupations. Il était révélé dans la dénonciation, en autre que le détournement de l’enfant de Vanessa, a pu y être monté, à l’instar de dizaines d’autres.
- Le ministre des affaires sociales, a déclaré publiquement sur le plateau de la télévision nationale, qu’il n’y a jamais eu de vol de bébé de Vanessa Tchatchou, en contradiction de toutes les évidences. Déduction faite, ce membre du gouvernement sait donc s’est passé, et loin de la thèse dite officielle. Il faudrait déduire logiquement qu’elle a d’elle-même, livre ce bébé à son détenteur actuel, dame Mejang, magistrate.
- Comment pourrait-on croire, que des présumés coupables, aient été arrêtés dès le 24 Août, soit le même jour où dame Mejang, annonçait à toutes ses relations, qu’elle venait d’accoucher?
- Comment peut-on expliquer, que des criminels supposés, ont été appréhendés, puis libérés, dit-on évadés? Et puis lorsque les choses se gâtent, on reparle d’arrestation au point de parler de bravoure, des supposés malfrats?
- Comment expliquer, que la division régionale de la police judiciaire, se soit montrée, si incapable, de retrouver, l’identité qui se cachait derrière les premières dénonciations anonymes, quelques jours seulement après le vol du bébé?
- Comment expliquer, que le responsable régional de la compagnie de téléphonie mobile MTN, ait refusé de communiquer l’identité du dénonciateur, arguant de ce que le numéro n’était pas répertorié?
- Comment expliquer, le silence de tous les membres du gouvernement directement concernés par cette affaire criminelle? Le Ministre de la santé, le Ministre de la famille, le Ministre des affaires sociales?
De tout ce qui précède, il faut se demander, logiquement, qui a donné l’ordre d’étouffer cette affaire et pourquoi?
Pourquoi aucun des responsables directement et activement mis en cause, n’a été jusqu’ici inquiété, même pas suspendu de leurs fonctions?
Pourquoi a-t-on, et sur les ordres de qui, proféré des menaces par diverses sources, contre le Docteur Vincent Sosthène FOUDA, de même que d’autres personnes?
Au nom de quels principes de droit transcendant les principes moraux, l’éthique sociale et coutumière collective, un magistrat, fut-il couvert par des lois et des règlements spécifiques, devrait échapper aux rigueurs et aux procédures pénales, lorsqu’il est établi de façon incontestable, directe et précise, qu’il a pu se rendre coupable d’actes d’une gravité exceptionnelle?
En tout état de cause, la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination, soutien avec force de conviction et d’engagement,
- Que bébé de Vanessa Tchatchou volé à l’hôpital gynéco obstétrique le 20 Août 2012, est vivant, et que cette petite fille n’était pas, finalement, prématurée.
- Que la Magistrate Mejang Ndikum Ateh Caroline, premier substitut du procureur de la république à Mfou, est celle qui détient actuellement le bébé de Vanessa Tchatchou, et que même en cas de changement de l’enfant, elle devra être tenue pour responsable de ce crime.
- Que le fait d’avoir, prétexté une grossesse et un accouchement, pour ensuite se rabattre sur la thèse de la concession d’une garde provisoire, est suffisant pour l’incriminer de manière absolue.
- Que le processus de planification de cet acte criminel, implique bien, un médecin, le docteur Tekum, en service à l’hôpital gynéco obstétrique et vacataire à la polyclinique de Tsinga. C’est lui qui a délivré un faux certificat de grossesse et un faux certificat de naissance. Ces documents figuraient dans le dossier soumis par la magistrate, à ses patrons pour le congé de maternité, mais ont été subtilisés par la suite, alors même qu’ils étaient déjà enregistrés semble-t-il, dans les services du procureur général.
- Que le vol du bébé de Vanessa, a été planifié dès sa première visite prénatale, parce qu’elle offrait le parfait profil d’un cas qui ne poserait pas de problèmes, et qui ne susciterait aucune réaction, compte tenu de la situation de cette famille, pauvre.
- Que cette affaire met en exergue, le drame actuel du Cameroun, dominé, non point par des oppositions ethniques ou régionalistes, mais bel et bien par des oppositions entre une classe sociale administrative et politique très élitiste et très puissante, d’une part, et une classe sociale pauvre, affaiblie, et infiniment exposée à des situations de torture morale, de brimade et de déni de droits, comme c’est le cas de Vanessa Tchatchou
- Que cette situation s’est déjà vue dans l’histoire récente du monde, notamment sous les dictatures des années 1970 en Amérique Latine (Argentine et Chili), où les enfants des pauvres furent enlevés de force à leurs familles, pour être placés dans des familles des classes dirigeantes. Il en est résulter des drames insoutenables dont les conséquences troublent encore de nos jours, la vie sociale des dits pays.
- Que la dénonciation reçue du ministère des affaires sociales, montre qu’il existe de nombreux autres cas, certainement dans un réseau bien huilé de trafiquants sans foi ni loi, dont les premières victimes et sans doute uniques victimes, sont des familles pauvres, démunies, sans soutiens, influençables, et corvéables à merci.
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination, qui respecte le Procureur NTAMACK comme un des meilleurs, un des compétents et un des plus brillants magistrats de sa génération, déplore qu’il ait rendu public un tel communiqué, qui ne résistera pas devant le témoignage et la sanction implacables de l’histoire.
La Commission exhorte ensuite toutes les bonnes volonté éprises de paix, de justice, de compassion et de solidarité, à poursuivre leurs actions dans le cadre des lois en vigueur de notre pays, jusqu’à la restitution à Vanessa Tchatchou, de son bébé.
La Commission exhorte paf la même occasion, madame Caroline Mejang Ntikum Ateh, a se raviver et à se repentir humblement, afin de mettre fin à sa propre souffrance, à la souffrance du bébé d’autrui, et à la souffrance d’une jeune maman qui depuis son accouchement il y a sept mois, n’a pas goûté au plaisir de la maternité.
La Commission se faisant, demande à tous, d’avoir une pensée solidaire, pieuse et humaine, pour toutes les femmes qui de façon aussi profonde et émotionnelle, souffrent durement de ne pas pouvoir tomber enceinte d’un homme normalement, et de s’estimer par conséquent - à tort car c’est Dieu qui décide de tout - déséquilibrées, impures, malades, ou rejetées. Aucun homme ni aucune société, ne saurait réellement et légitimement rejeter une femme qui ne peut pas tomber enceinte, comme une lèpre, sans porter atteinte à la volonté de Dieu.
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination, réaffirme son soutien et ses encouragements à la jeune maman Vanessa Tchatchou, et lui demande de supporter la douleur qui la tenaille un peu plus chaque jour, jusqu’à la restitution de son bébé.
Il est enfin capital de signaler que lors de la première confrontation entre Vanessa et la jeune fille qui affirme avoir volé et tué le bébé par jalousie, cette dernière avait reconnu, de même que son faux copain de circonstance, n’avoir jamais rencontré avant cette occasion. Curieusement, quelques jours plus tard, lors de la simulacre reconstitution à l’hôpital, la jeune fille était revenue sur ses déclarations, certainement après avoir été certainement rappelée à l’ordre par ses commanditaires.
Il faudrait de même, non pas seulement s’inquiéter et s’indigner, ni s’embarrasser et se moquer, mais aussi protester vigoureusement, que des personnalités officielles, aux plus hauts niveaux de l’Etat et de l’appareil sécuritaire, puisse affirmer, sans aucune gêne ni souci, qu’un enfant né le 13 Août, a été placé en garde provisoire le lendemain. Il faut le faire, et il faut avoir plus que le courage dans ce cas.
La Commission en appelle pour conclure, à l’intelligence de certains et à la sagesse d’autres, pour que cette scabreuse affaire qui trouble notre quiétude depuis bientôt sept mois, soit rapidement résolue.
La Commission émet une pensée sienne selon laquelle, même dans les sociétés les plus détruites et les plus compromises par le génie du mal, il subsiste des gens honnêtes, courageuses et lucides, capables de faire surgir une étincelle d’espoir. Les dirigeants du Cameroun au plus haut niveau de l’Etat et de la république, ont encore suffisamment de ressources, pour nous dire la vérité, et nous délivrer de cette affaire.
Le Président de la République en personne, Chef de l’Etat, doit dorénavant décider que la vérité soit dite, même contre les premières et graves turpitudes du Gouvernement./.
Fait à Yaoundé, le 09 Mars 2012
Le Président de la Commission
SHANDA TONME
Médiateur universel