Affaire du bébé volé: Entre choux gras et manipulations
YAOUNDE - 13 Février 2012
© Charles NWE | La Nouvelle
Alors que les sujets semblent se faire rares pour animer le quotidien des médias locaux, affaire du bébé volé à l'hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé est venu remettre au goût du jour le rôle prépondérant de la presse dans la vie d'une nation. Entre la bataille des versions et celle du contrôle de l'information, la confusion est devenue le plat de résistance des lecteurs, des auditeurs et des téléspectateurs.
© Charles NWE | La Nouvelle
Alors que les sujets semblent se faire rares pour animer le quotidien des médias locaux, affaire du bébé volé à l'hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé est venu remettre au goût du jour le rôle prépondérant de la presse dans la vie d'une nation. Entre la bataille des versions et celle du contrôle de l'information, la confusion est devenue le plat de résistance des lecteurs, des auditeurs et des téléspectateurs.
Vanessa Tchatchou. Ce n'est pas Paul Biya, le président de la République que des apprentis sorciers ont souvent coutume de présenter comme l'auteur de tous les malheurs du Cameroun. Ce n'est pas non plus Roger Milla, la légende du football camerounais dont la simple évocation rappelle les bons moments du football camerounais et rehausse l'image de marque du Cameroun à l'étranger. Ce n'est encore moins Samuel Eto'o, le footballeur le mieux payé de la planète terre. Mais l'histoire retiendra que Vanessa Tchatchou aura fait son printemps. Jamais un nom n'aura fait couler autant d'encre et de salive ces derniers temps au Cameroun. L'anonyme petite fille d'hier a été faite héroïne, malgré elle, par la presse locale. Sur les écrans de la télévision, sur les ondes de la radio, sur les colonnes des journaux, Vanessa Tchatchou est restée, des semaines durant, omniprésente, autour de cette affaire de bébé volé à l'hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé. Même la toile n'est pas restée en marge de cette actualité devenue subitement brûlante. Mais le moins que l’on puisse remarquer dans cette déferlante médiatique sur le bébé volé de Vanesse Tchatchou, c'est la multitude des versions servies au point de faire perdre tout son latin à l'audimat et aux lecteurs. Recherche du scoop oblige? Sans doute. On n'en a pas été si éloigné. Aussi apprendra-t-on par ci qu'une magistrate en poste à Mfou était au centre de l'affaire. Tantôt, l'on parle d'un couple qui avait kidnappé le bébé prématuré de sa couveuse à sa naissance le 20 août 2011, qui avait été rattrapé par la brigade de Nkolmesseng où il se serait évadé, le commandant de cette brigade et son adjoint serait d'ailleurs en détention. Bref, on aura tout entendu sans pour autant connaître la vérité. Plus de 5 mois après, la presse n'a pas manqué d'invectiver le gouvernement pour son mutisme, dans cette affaire alors que Vanessa Tchatchou avait décidé de ne guère sortir de l'hôpital sans son enfant. Ni le directeur de cet établissement hospitalier, ni sa tutelle technique, le Minsanté, encore moins ses collègues de la Promotion de la Femme et de la Famille ou des Affaires sociales ne se sont prononcés sur un sujet apparemment frappé d'ostracisme. D'ailleurs, l'on ne peut s'en douter qu'ils étaient même au courant qu'un drame se nouait à l'hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé. En tout cas, il y avait de quoi accréditer la thèse d'un trafic de bébé avec des complicités établies au sein de cet établissement hospitalier. Mohamed Bouazizi Sauf qu'Issa Tchiroma Bakaky ministre de la communication porte parole du gouvernement n'avait pas encore sorti sa poudre de perlimpinpin pour faire accréditer la thèse gouvernementale. C'est ainsi que de façon subite, il fera une sortie médiatique le 2 février qui n'aura fait que multiplier les zones d'ombres de cette scabreuse affaire. Il est même allé plus loin en indiquant que l'enfant enlevé avait été enterré à Nkoteng par le couple des kidnappeurs de Titi garage. Toujours selon le Mincom, la magistrate suspectée a produit des documents d'adoption d'un enfant de sexe féminin né le 13 août 2011 à l'hôpital central de Yaoundé. En tout cas, la sortie du ministre Issa Tchiroma Bakary, au lieu de donner toute la lumière attendue dans cette affaire, a plutôt eu le mérite de mettre le feu aux poudres. Il n'en fallait pas plus pour que des manipulateurs tapis dans l'ombre redoublent d'ardeur dans leurs actions de récupération de cette affaire à des fins politiciennes. Ne venaient-ils pas de trouver en Vanessa Tchatchou leur Mohamed Bouazizi, le jeune tunisien qui fut à l'origine du printemps arabe? Vincent Sosthène Fouda, candidat à la dernière présidentielle et qui avait été recalé par la Cour suprême aura profité de cette affaire pour se refaire un nom politique. A côté de lui, d'autres activistes de petit calibre comme Sismondi Barlev Bitchoka, président du Rassemblement de la jeunesse camerounaise ou le rappeur Valsero, ont voulu donner à leur tour de la voix par des settings et autres manifestations organisées à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé. Même Célestin Djamen, auteur d'une plainte contre Paul Biya, Jean-Michel Nintcheu du Sdf, Kah Walla du Cpp, candidate à la dernière élection présidentielle sont aussi entrés dans la danse, chacun à sa manière. Ce qui n'a pas empêché les enquêtes d'être reprises, sur ordre du chef de l'Etat. Nul doute que la vérité triomphera bientôt. |
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