Affaire du BBJ-2: Ces autres voleurs que Yves Michel Fotso Protège !
YAOUNDÉ - 06 Aout 2012
© Yves Marc Kamdoum | La Météo
Plusieurs bénéficiaires des milliards détournés restent dans l'anonymat malgré les preuves qui accablent l'ancien ADG de la défunte Camair. Le fils du Maire de Bandjoun pret à mourir seul.
Affaire Albatros: Ces "non identifiés" que protège Y. M. Fotso
Plusieurs acteurs des détournements imputés à l'ex-Adg de la Camair, désormais le Bernard Madoff national, restent dans l'anonymat.
Voici une semaine, votre journal révélait des noms d'acteurs, mais aussi des chiffres faramineux sortis des caisses de la Société nationale des hydrocarbures (Snh) pour l'achat du Boeing Business Jet (BBJ-2) et, plus tard, de l’ «Albatros» destinés aux déplacements du chef de l'Etat. Se fondant sur le rapport présenté à la barre par le cabinet Okalla Ahanda, commis par le tribunal de grande instance du Mfoundi, il a été constaté un indescriptible cafouillis, en termes de montage de l'opération. Yves Michel Fotso, l'administrateur-directeur général de Cameroon Airlines (Camair), s'était infiltré dans ce dossier à la manière d'un véritable caïd. Ainsi que ceux qui suivent le procès en ce moment ont dû le constater, l'homme est passé maître dans la mise en place de procédures financières tellement complexes qu'elles perdraient facilement le premier expert en la matière.
En fin de semaine dernière, le 5è des 14 témoins à charge, Otélé Essomba, est revenu sur des détails de taille. Et permis de mieux comprendre le système Fotso, fait d'esbroufe et de tours de passe-passe. Et, à ce qu'il parait, face à l'accumulation des charges, toutes aussi accablantes et renversantes les unes que les autres, le Tribunal de grande instance (Tgi) devrait s'en tenir aux dépositions déjà enregistrées, en attendant d'éventuelles conclusions de la défense.
Devant la barre, déjà, il était loisible de constater à quel point les avocats du fils du milliardaire de Bandjoun étaient dans leurs petits souliers.
Une grosse ombre demeure cependant au tableau de chasse des magistrats. Elle n'a pas pu être dissipée par les limiers du cabinet Okalla Ahanda. Il s'agit de ces fameuses «personnes non identifiées», à qui M. Fotso aurait distribué l'argent du contribuable à foison. Ces opérations concernent l'avance de la Snh, d'un montant 2 millions de dollars effectuée dans un compte de la Commercial Bank of Cameroon (CBC) pour l'achat d'un avion neuf (le BBJ-2) et dont l'ordre de déblocage émanerait de celui qui officiait alors en tant que secrétaire général de la Présidence de la République: Marafa Hamidou Yaya. Il s'agit d'une autre avance de la Snh à Boeing, via la Camair et d'un montant de 29 millions de dollars. Il s'agit, encore, de plus de 2,8 milliards de francs Cfa ventilés à une bande de coquins.
Le rapport du cabinet Okalla Ahanda a donc pointé des noms, connus ou pas. Il a, à plusieurs endroits, avoué son incapacité à retrouver l'identité des autres. Curieusement, le tribunal semble pour le moment ne pas s'intéresser à ces illustres bénéficiaires des largesses de M. Fotso. Le concerné n'est lui-même pas pressé de communiquer sur le sujet, lui qu'on connut plus loquace en d'autres occasions.
Qui seraient donc les «personnes non identifiées» du dossier Fotso? Appartiendraient-elles au système, au point que la révélation de leur identité pourrait provoquer un tsunami politico-judiciaire de grande amplitude? Préférera-t-il mourir seul? Les Camerounais attendent, avec la plus grande attention, que la justice de leur pays éclaire enfin leur lanterne sur ce mystère. Et que finalement, Yves Michel Fotso dévoile les visages de ceux qu'il protège.
Lettre ou le néant
Le 22 novembre 2010, Yves Michel Fotso, pris d'une fébrilité qui lui seyait mal, adressait une «lettre ouverte» pleine de circonlocutions à l'alors vice-Premier ministre en charge de la Justice, Amadou Ali.
Evoquant son passage à la direction de la Camair (juin 2000-novembre 2003), il se plaignait d'être «l'objet d'une virulente campagne médiatique sur fond de désinformation jamais égalée». Il se vantait d'avoir «posé des actes patriotiques que peu de [ses] compatriotes, nantis des mêmes responsabilités, auraient osés». «Au détriment de ma propre sécurité, j'ai eu à prendre des décisions courageuses et audacieuses, parfois contre l'avis de certaines hautes personnalités dans la hiérarchie de l'Etat, en précaution tant pour la sécurité du Président de la République que pour celle de mes compatriotes, sans m'en prévaloir, se complimentait-il. Cette autoglorification tombait, malheureusement, sous le coup «d'une campagne destructrice et haineuse depuis l'année 2002».
Sur ses grands chevaux blancs, Yves Michel Fotso, demandait à son correspondant de porter les affaires dans lesquelles il est ou pourrait être impliqué à la connaissance des Camerounais, des représentations diplomatiques, des représentants de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Fmi) derrière lesquels ses oppresseurs (pour des intérêts personnels et financiers) se cachent pour exiger sa «mise à mort». Et il insistait, demandant de porter à la connaissance de l'opinion nationale et internationale tout dossier pouvant justifier son arrestation prochaine (déjà annoncée par certaines personnalités de la République), que le membre du gouvernement aurait eu, en tant que représentant de la Justice au Cameroun, sur son bureau.
L'épate n'a duré que le temps de faire illusion, mais Yves Michel Fotso a été rattrapé par ses nombreux et retentissants crimes financiers.
© Yves Marc Kamdoum | La Météo
Plusieurs bénéficiaires des milliards détournés restent dans l'anonymat malgré les preuves qui accablent l'ancien ADG de la défunte Camair. Le fils du Maire de Bandjoun pret à mourir seul.
Affaire Albatros: Ces "non identifiés" que protège Y. M. Fotso
Plusieurs acteurs des détournements imputés à l'ex-Adg de la Camair, désormais le Bernard Madoff national, restent dans l'anonymat.
Voici une semaine, votre journal révélait des noms d'acteurs, mais aussi des chiffres faramineux sortis des caisses de la Société nationale des hydrocarbures (Snh) pour l'achat du Boeing Business Jet (BBJ-2) et, plus tard, de l’ «Albatros» destinés aux déplacements du chef de l'Etat. Se fondant sur le rapport présenté à la barre par le cabinet Okalla Ahanda, commis par le tribunal de grande instance du Mfoundi, il a été constaté un indescriptible cafouillis, en termes de montage de l'opération. Yves Michel Fotso, l'administrateur-directeur général de Cameroon Airlines (Camair), s'était infiltré dans ce dossier à la manière d'un véritable caïd. Ainsi que ceux qui suivent le procès en ce moment ont dû le constater, l'homme est passé maître dans la mise en place de procédures financières tellement complexes qu'elles perdraient facilement le premier expert en la matière.
En fin de semaine dernière, le 5è des 14 témoins à charge, Otélé Essomba, est revenu sur des détails de taille. Et permis de mieux comprendre le système Fotso, fait d'esbroufe et de tours de passe-passe. Et, à ce qu'il parait, face à l'accumulation des charges, toutes aussi accablantes et renversantes les unes que les autres, le Tribunal de grande instance (Tgi) devrait s'en tenir aux dépositions déjà enregistrées, en attendant d'éventuelles conclusions de la défense.
Devant la barre, déjà, il était loisible de constater à quel point les avocats du fils du milliardaire de Bandjoun étaient dans leurs petits souliers.
Une grosse ombre demeure cependant au tableau de chasse des magistrats. Elle n'a pas pu être dissipée par les limiers du cabinet Okalla Ahanda. Il s'agit de ces fameuses «personnes non identifiées», à qui M. Fotso aurait distribué l'argent du contribuable à foison. Ces opérations concernent l'avance de la Snh, d'un montant 2 millions de dollars effectuée dans un compte de la Commercial Bank of Cameroon (CBC) pour l'achat d'un avion neuf (le BBJ-2) et dont l'ordre de déblocage émanerait de celui qui officiait alors en tant que secrétaire général de la Présidence de la République: Marafa Hamidou Yaya. Il s'agit d'une autre avance de la Snh à Boeing, via la Camair et d'un montant de 29 millions de dollars. Il s'agit, encore, de plus de 2,8 milliards de francs Cfa ventilés à une bande de coquins.
Le rapport du cabinet Okalla Ahanda a donc pointé des noms, connus ou pas. Il a, à plusieurs endroits, avoué son incapacité à retrouver l'identité des autres. Curieusement, le tribunal semble pour le moment ne pas s'intéresser à ces illustres bénéficiaires des largesses de M. Fotso. Le concerné n'est lui-même pas pressé de communiquer sur le sujet, lui qu'on connut plus loquace en d'autres occasions.
Qui seraient donc les «personnes non identifiées» du dossier Fotso? Appartiendraient-elles au système, au point que la révélation de leur identité pourrait provoquer un tsunami politico-judiciaire de grande amplitude? Préférera-t-il mourir seul? Les Camerounais attendent, avec la plus grande attention, que la justice de leur pays éclaire enfin leur lanterne sur ce mystère. Et que finalement, Yves Michel Fotso dévoile les visages de ceux qu'il protège.
Lettre ou le néant
Le 22 novembre 2010, Yves Michel Fotso, pris d'une fébrilité qui lui seyait mal, adressait une «lettre ouverte» pleine de circonlocutions à l'alors vice-Premier ministre en charge de la Justice, Amadou Ali.
Evoquant son passage à la direction de la Camair (juin 2000-novembre 2003), il se plaignait d'être «l'objet d'une virulente campagne médiatique sur fond de désinformation jamais égalée». Il se vantait d'avoir «posé des actes patriotiques que peu de [ses] compatriotes, nantis des mêmes responsabilités, auraient osés». «Au détriment de ma propre sécurité, j'ai eu à prendre des décisions courageuses et audacieuses, parfois contre l'avis de certaines hautes personnalités dans la hiérarchie de l'Etat, en précaution tant pour la sécurité du Président de la République que pour celle de mes compatriotes, sans m'en prévaloir, se complimentait-il. Cette autoglorification tombait, malheureusement, sous le coup «d'une campagne destructrice et haineuse depuis l'année 2002».
Sur ses grands chevaux blancs, Yves Michel Fotso, demandait à son correspondant de porter les affaires dans lesquelles il est ou pourrait être impliqué à la connaissance des Camerounais, des représentations diplomatiques, des représentants de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Fmi) derrière lesquels ses oppresseurs (pour des intérêts personnels et financiers) se cachent pour exiger sa «mise à mort». Et il insistait, demandant de porter à la connaissance de l'opinion nationale et internationale tout dossier pouvant justifier son arrestation prochaine (déjà annoncée par certaines personnalités de la République), que le membre du gouvernement aurait eu, en tant que représentant de la Justice au Cameroun, sur son bureau.
L'épate n'a duré que le temps de faire illusion, mais Yves Michel Fotso a été rattrapé par ses nombreux et retentissants crimes financiers.