Affaire du bateau de la SNH : Les journalistes incarcérés livrent leurs complices
Affaire du bateau de la SNH : Les journalistes incarcérés livrent leurs complices
Les sorties répétées du Directeur général de la Maetur sèment le doute et la panique. Une semaine après les premières auditions de Serge Sabouang, directeur de publication du journal la Nation et Harris Robert Minka Meka, directeur de publication du journal le Devoir chez le juge d’instruction Donhou jeudi dernier, tous les deux, poursuivis pour coaction de contrefaçon de marque et signature ; certainement, comme à l’accoutumée, l’on a eu droit à d’autres révélations sur les identités des personnalités impliquées dans la fabrication du faux document.
Conscients de cet état de choses depuis quelques jours, les acteurs soupçonnés dans cette affaire poursuivent leur argument de défense dans les médias. Chacun y va de sa manière. Au plus fort de la bataille, les partisans du directeur de la Maetur, dont le nom a été longuement cité par les trois journalistes lors de leurs différentes auditions, y compris celle de feu Bibi Ngota, comme celui qui aurait proposé de l’argent contre des insertions publicitaires en échange de la diffusion intégrale du document querellé, ont , selon des sources , accusé le secrétaire général de la présidence de la République de préparer son limogeage à la tête de la Maetur pour y placer « son frère » Sawa en la personne de Louis Roger Manga, en ce moment directeur administratif et financier de la Maetur. S’il est vrai que l’opinion du Sgpr a souvent compté dans les réaménagements des responsables à la tête des entreprises, il convient de relever ici que toute décision de nommer un responsable émane de la discrétion du chef de l’Etat. Ce qui rend toute cette agitation inutile.
Suspicions
Et du coup, les uns et les autres peuvent se demander ce que redoute le Dg de la Maetur qui vient de voir sa gestion approuvée par une session du dernier conseil d’administration tenue la semaine dernière. Sans doute, l’objet de l’agitation actuelle proviendrait du fait que l’ouverture du « procès » des journalistes interviendra dans les jours à venir avec des audiences pleines de révélations. En dehors des journalistes susceptibles de vendre toute la mèche, il se trouve que les enquêteurs de la Police judiciaire, de la Dgre et ceux de la Dgsn auraient fait disparaître dans le rapport adressé au président de la République les noms de certaines personnalités impliquées dans ce complot, dans le dessein de les protéger, contre de fortes sommes d’argent.
Mais, un crime n’étant jamais parfait, certes le nom du Dg de la Maetur n’est pas apparu dans le troisième rapport adressé récemment par la Dgsn au chef de l’Etat mais, son nom a pourtant figuré sur les deux premiers rapports de la Dgre et de la police judiciaire qui l’impliquaient clairement comme le témoigne le contenu des auditions de Serge Sabouang et Simon Hervé Nko’o (aujourd’hui en fuite), reporter au journal Bebela et pigiste à la Nation. Ce dernier avait déclaré qu’il était détenteur d’une information capitale provenant de la Société nationale des hydrocarbures, Snh et qu’il avait rendez-vous avec M. Etoundi Oyono, directeur général de la Maetur qui était intéressé par ladite information et qui se proposait de lui accorder une insertion publicitaire concernant des prestations de la Maetur à publier dans les colonnes d’un journal, contre paiement de la somme de 1.500.000 Fcfa. Nko’o avait alors porté son choix sur le journal La Nation. Poursuivant son audition, Sabouang déclare que « Nko’o lui a fait tenir l’ordre d’insertion du dg de la Maetur avec avance de paiement de 700.000 Fcfa, tout en lui expliquant que l’information dont il est question portait sur le financement par l’Etat du Cameroun de l’acquisition du navire Rio Del Rey. »
A la suite de cette révélation, l’opinion continue de s’interroger notamment sur le contenu du document parvenu au Dg de la Maetur ? L’avait-il vu et lu avant sa rencontre avec les journalistes ? Pourquoi, après avoir su plus tard que les informations contenues dans ledit document étaient faux, il a continué à s’y intéresser ? Avait-il des intérêts à préserver ou à défendre ? Difficile en tout cas de le dire dans une affaire où plusieurs questions ne trouvent pas toujours de réponses. Il s’agit entre autres du rôle joué par Bibi Ngota (mort pour rien ?), l’origine du faux document et surtout qui en veut au secrétaire général de la présidence de la République. Seules les enquêtes permettront d’établir le niveau de responsabilité ou non de ce dernier.
Arthur G. Bakande