Témoin de l’accusation dans l’affaire du détournement de 5 millions de dollars imputé à l’ancien secrétaire général à la présidence, Jean Marie Atangana Mebara, le colonel Charles Ndongue, en service à l’état-major particulier du président de la République à l’époque des faits, a révélé à l’audience de ce mercredi 27 août 2014 au Tribunal criminel spécial de Yaoundé que l’avion « Albatros » ne présentait aucune défaillance technique de nature à mettre les passagers qui l’ont emprunté en danger.
Pour un rebondissement, c’en est un. Au plus fort de l’affaire de l’acquisition en location de l’avion présidentiel baptisé « The Albatros » il y a 10 ans de cela, des informations ont été relayées au sein de l’opinion camerounaise selon lesquelles le voyage inaugural de cet avion (Boeing 767-200) de Douala pour Paris qui avait à son bord Paul Biya, son épouse et ses enfants, aurait pu tourner court, l’avion ayant connu une défaillance technique qui a failli faire crasher l’aéronef. D’aucuns avait alors conclu que tous les acteurs impliqués dans l’acquisition de ce coucou avaient voulu attenter à la vie du chef de l’Etat.
Mais selon le colonel Charles Ndongue, il n’en était rien. Témoin de l’accusation dans le cadre de l’affaire du détournement de 5 millions de dollars attribué à l’ancien secrétaire général à la présidence de la République, Jean Marie Atangana Mebara et à l’ancien ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis, Jérôme Mendouga, ce pilote de l’armée de l’air à l’époque en service à l’état major particulier a souligné ce mercredi 27 août 2014 au tribunal criminel spécial à Yaoundé (Tcs) que cet avion n’avait aucun problème majeur :« c’était juste un incident mineur qui a été très vite réglé. Puis je suis allé rassurer le chef de l’Etat que tout est rentré dans l’ordre, j’ai même reçu des félicitations de sa part », affirme ce haut gradé de l’armée qui pilotait l’avion en question début 2004.
« L’Albatros continue de voler »
Le colonel Ndongue a par ailleurs souligné que la vie des passagers de cet avion n’était nullement en danger et aurait même révélé avoir appris que « l’avion Albatros continue de voler ». Le pilote d’avion a également affirmé qu’il y avait juste un problème de volets de l’avion (les ailes) qui avait du mal à rentrer mais qui a été très vite réglé : « si les volets ne rentraient pas dans l’avion, nous aurions eu deux possibilités : soit voler en basse altitude jusqu’à Paris et modérer la vitesse, soit faire demi-tour », se souvient le colonel Ndongue. Cet ancien haut gradé de l’Etat major particulier de Paul Biya a également révélé que l’âge de l’Albatros ne posait aucun problème en soi : « La Kenyan Airways avait connu il ya quelques années un crash à Mbanga Pongo (non loin de Douala, ndlr) pourtant, il n’avait que 6 mois alors que l’Albatros, vieux de 17 ans, volait encore », a souligné le Colonel Ndongue.
Bien avant son passage dans le box des témoins, un autre membre de l’Etat major particulier, le Colonel Justin Mitlassou, témoin de l’accusation, a indiqué que si l’acquisition du BBj-2 a échoué, c’est parce que le Fonds monétaire international (Fmi) a manœuvré pour qu’on en arrive là. Quand au détournement de la somme de 5 millions de dollars (soit environ 2,5 milliards de f Cfa), le Colonel Mitlassou a dit ne rien savoir pas plus qu’il a affirmé son incapacité de dire que cet argent a été détourné. D’après lui, cet argent a été décaissé par la Société nationale des hydrocarbures (Snh). Peut-être le passage ce jeudi 28 août 2014 d’un autre témoin de l’accusation, M.Mendim Me Nko’o, cadre de la Snh, permettra t-il d’éclairer la lanterne du Tcs sur la participation de Mebara et de Mendouga dans la distraction de cette somme d’argent.
Atangana Mebara, prisonnier politique
Rappelons que, Jean Marie Atangana Mebara et Jérôme Mendouga sont accusés d’avoir, courant 2003, détournés la somme de 5 millions de dollars US destiné à l’aménagement intérieur d’un avion présidentiel, le BBj-2, destiné aux déplacements du chef de l’Etat. Le premier est en détention à la prison centrale de Kondengui depuis août 2008 et le second depuis avril 2009. Pour avoir écopé de deux condamnations à 15 et à 20 ans de prison, pour avoir saisi la Commission des droits de l’homme de l’Union africaine qui a recommandé au gouvernement camerounais de le mettre en liberté, Atangana Mebara a été fait prisonnier politique le 12 juin dernier par le Comité de libération des prisonniers politiques au Cameroun , mouvement basé à Paris en France qui œuvre pour la libération des prisonniers politiques camerounais.