Affaire de l'avion présidentiel: Les faits qui plaident pour la culpabilité de Marafa et Fotso
YAOUNDÉ - 29 Aout 2012
© Ekoumou Serges | L'Indépendant
Les charges contre eux ont été développées par les 3 représentants du ministère public, au cours de l'audience du lundi 27 août 2012, au Tribunal de grande instance du Mfoundi.
Au fil des audiences du procès opposant le ministère public et l'Etat du Cameroun à plusieurs personnalités pour détournement en coaction de la somme de 29 millions de dollars américains, les choses semblent se préciser. Lundi dernier, lors d'une autre audience au Tribunal de grande instance du Mfoundi, le ministère public a présenté ses réquisitions. Les 3 procureurs commis pour la circonstance ont développé les argumentaires qui établissent la culpabilité des accusés Marafa Hamidou Yaya, ancien Sg/Pr, et ex-ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation; Yves Michel Fotso, ancien Adg de la Camair; Kounda Julienne, ancienne Dga de la Commercial Bank of Cameroon (Cbc); Jean Louis Chapuis, (en fuite) ancien directeur général de la même institution bancaire; Sandjoun Géneviève (introuvable), ancienne cadre à Cbc; et jean Marie Assene Nkou (en cavale).
Les procureurs ont dans un premier temps constaté que c'est Marafa Hamidou Yaya qui avait instruit Michel Meva'a M'Eboutou de procéder au virement de 31 millions de dollars Us dans les 72 heures, au terme d'une réunion que l'ex-Sg/Pr avait convoqué à la présidence. L'ex-Minfi l'a d'ailleurs affirmé lors de l'audience du 10 mars 2011: «A cette époque, j'avais été convoqué à une réunion à la présidence de la République par Marafa Hamidou Yaya, le secrétaire de la présidence de la République de l'époque. Au cours de celle-ci, où étaient présents le général Benaé Mpecké (chef d'état major particulier du président de la République), le directeur général de la Camair de l'époque, Yves Michel Fotso et d'autres personnalités de la République. Il était question de mûrir une réflexion expresse afin de trouver une solution urgente pour l'achat de cet avion présidentiel», avait alors soutenu Michel Meva'a M'Eboutou, à la barre. Avant d'ajouter, concernant le déblocage des fonds que «La Snh a effectivement débloqué cette somme puisque l'Adg m'avait informé par correspondance». Seulement d'après les 3 représentants du ministère public «il a été établi que la somme de 1150 000 dollars Us a été virée dans le compte Cbc de l'accusé Marafa. Celui-ci a prétendu qu'il n'était pas au courant de cette transaction». Le magistrat Soh, particulièrement, n'a pas manqué de relever, en faisant référence au texte réorganisant le gouvernement, que Marafa Hamidou Yaya, en sa qualité de secrétaire général de la présidence de la République était le seul maître du jeu. Le plus proche collaborateur du chef de l'Etat était celui qui pouvait choisir les personnes à inviter aux réunions de préparation de cette opération, et en dernier ressort. Pour le magistrat Soh, la somme de 1150 000 dollars Us déposée dans le compte Cbc de l'accusé Marafa par le directeur de Avipro finance Sa, dont le promoteur n'était autre que Yves Michel Fotso, était à coup sûr la part du gâteau de Marafa Hamidou Yaya. De manière précise, le magistrat Soh a expliqué comment les 31 millions de dollars Us ont servi à acheter 2 avions que Marafa et Yves Michel Fotso vont louer par la suite à la Camair après avoir créé la société Avipro Finance Sa, appartenant à Fotso à80% et à Marafa à 20%. Non sans affirmer que le duo de choc était propriétaire de Sterling Airservice, une des nombreuses sociétés écrans qui, d'après les procureurs, ont servi à détourner les 31 millions de dollars Us.
Deal
Selon les représentants du ministère public, l'ex-Sg/Pr voulait aider son ami Yves Michel Fotso qui devait payer de l'argent pour ne pas se faire confisquer un avion qu'il possédait en location-vente. D'après les procureurs du ministère public, Yves Michel Fotso serait donc allé voir Marafa Hamidou Yaya pour l'aider dans ce sens. Pour que la mayonnaise tienne, il fallait initier une réunion où il n'a jamais été discuté de l'intermédiaire, "mais où on a présenté Gia, une société qui n'avait que 4.952 dollars Us dans ses caisses, comme rédemptrice". Du coup, le Magistrat Soh va établir 3 constances: d'un, les 31 millions de dollars ont effectivement été débloqués; de deux, l'avion n'a jamais été acheté; et de trois, l'obligation de reverser l'argent ainsi débloqué dans le trésor public n'a pas été exécutée. Des évidences qui ne militent pas en faveur des accusés Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso. Bien plus, le magistrat Soh va également s'appuyer sur les dépositions du fils de Bibemi pour mieux l'accabler. En effet, alors que dans ses dépositions l'ex-Sg/Pr avait plusieurs fois déclaré ne pas connaître Gia international, la société par laquelle l'argent avait été viré, en parcourant l'audition préliminaire, l'on remarque plutôt le contraire. «Le ton péremptoire de l'accusé Marafa est contradictoire avec ses déclarations à l'audition préliminaire où il affirmait connaître très bien Gia international. Ces contre-vérités viennent confirmer l'existence de cette galaxie de connexions maffieuses savamment mises en place pour orchestrer les détournements», a conclu le procureur Soh sur ce volet. Avant d'enfoncer le clou en soutenant que «même nommé ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation, Marafa continuait à être informé de l'évolution du dossier par Yves Michel Fotso». Raison de plus pour plaider la culpabilité de Marafa Hamidou Yaya.
Quant julienne Kounda, il lui est reproché d'avoir ouvert le compte de Beith Ltd. C'est elle qui aura rendu possible l'utilisation des 16 millions de dollars Us qui ont atterri dans le compte de Beith Ltd. Au final, les 3 représentants du ministère public ont requis au Tribunal de dire les faits de détournements de deniers publics en coaction pour les accusés Marafa Hamidou Yaya, Yves Michel Fotso, Kounda Julienne, Jean Louis Chapuis, Sandjoun Géneviève. Les magistrats ont également requis de dire les faits de complicité de détournement pour Jean Marie Assene Nkou. L'audience d'hier était consacrée aux avocats de l'accusation pour tenter de démonter l'argument en béton du procureur.
© Ekoumou Serges | L'Indépendant
Les charges contre eux ont été développées par les 3 représentants du ministère public, au cours de l'audience du lundi 27 août 2012, au Tribunal de grande instance du Mfoundi.
Au fil des audiences du procès opposant le ministère public et l'Etat du Cameroun à plusieurs personnalités pour détournement en coaction de la somme de 29 millions de dollars américains, les choses semblent se préciser. Lundi dernier, lors d'une autre audience au Tribunal de grande instance du Mfoundi, le ministère public a présenté ses réquisitions. Les 3 procureurs commis pour la circonstance ont développé les argumentaires qui établissent la culpabilité des accusés Marafa Hamidou Yaya, ancien Sg/Pr, et ex-ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation; Yves Michel Fotso, ancien Adg de la Camair; Kounda Julienne, ancienne Dga de la Commercial Bank of Cameroon (Cbc); Jean Louis Chapuis, (en fuite) ancien directeur général de la même institution bancaire; Sandjoun Géneviève (introuvable), ancienne cadre à Cbc; et jean Marie Assene Nkou (en cavale).
Les procureurs ont dans un premier temps constaté que c'est Marafa Hamidou Yaya qui avait instruit Michel Meva'a M'Eboutou de procéder au virement de 31 millions de dollars Us dans les 72 heures, au terme d'une réunion que l'ex-Sg/Pr avait convoqué à la présidence. L'ex-Minfi l'a d'ailleurs affirmé lors de l'audience du 10 mars 2011: «A cette époque, j'avais été convoqué à une réunion à la présidence de la République par Marafa Hamidou Yaya, le secrétaire de la présidence de la République de l'époque. Au cours de celle-ci, où étaient présents le général Benaé Mpecké (chef d'état major particulier du président de la République), le directeur général de la Camair de l'époque, Yves Michel Fotso et d'autres personnalités de la République. Il était question de mûrir une réflexion expresse afin de trouver une solution urgente pour l'achat de cet avion présidentiel», avait alors soutenu Michel Meva'a M'Eboutou, à la barre. Avant d'ajouter, concernant le déblocage des fonds que «La Snh a effectivement débloqué cette somme puisque l'Adg m'avait informé par correspondance». Seulement d'après les 3 représentants du ministère public «il a été établi que la somme de 1150 000 dollars Us a été virée dans le compte Cbc de l'accusé Marafa. Celui-ci a prétendu qu'il n'était pas au courant de cette transaction». Le magistrat Soh, particulièrement, n'a pas manqué de relever, en faisant référence au texte réorganisant le gouvernement, que Marafa Hamidou Yaya, en sa qualité de secrétaire général de la présidence de la République était le seul maître du jeu. Le plus proche collaborateur du chef de l'Etat était celui qui pouvait choisir les personnes à inviter aux réunions de préparation de cette opération, et en dernier ressort. Pour le magistrat Soh, la somme de 1150 000 dollars Us déposée dans le compte Cbc de l'accusé Marafa par le directeur de Avipro finance Sa, dont le promoteur n'était autre que Yves Michel Fotso, était à coup sûr la part du gâteau de Marafa Hamidou Yaya. De manière précise, le magistrat Soh a expliqué comment les 31 millions de dollars Us ont servi à acheter 2 avions que Marafa et Yves Michel Fotso vont louer par la suite à la Camair après avoir créé la société Avipro Finance Sa, appartenant à Fotso à80% et à Marafa à 20%. Non sans affirmer que le duo de choc était propriétaire de Sterling Airservice, une des nombreuses sociétés écrans qui, d'après les procureurs, ont servi à détourner les 31 millions de dollars Us.
Deal
Selon les représentants du ministère public, l'ex-Sg/Pr voulait aider son ami Yves Michel Fotso qui devait payer de l'argent pour ne pas se faire confisquer un avion qu'il possédait en location-vente. D'après les procureurs du ministère public, Yves Michel Fotso serait donc allé voir Marafa Hamidou Yaya pour l'aider dans ce sens. Pour que la mayonnaise tienne, il fallait initier une réunion où il n'a jamais été discuté de l'intermédiaire, "mais où on a présenté Gia, une société qui n'avait que 4.952 dollars Us dans ses caisses, comme rédemptrice". Du coup, le Magistrat Soh va établir 3 constances: d'un, les 31 millions de dollars ont effectivement été débloqués; de deux, l'avion n'a jamais été acheté; et de trois, l'obligation de reverser l'argent ainsi débloqué dans le trésor public n'a pas été exécutée. Des évidences qui ne militent pas en faveur des accusés Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso. Bien plus, le magistrat Soh va également s'appuyer sur les dépositions du fils de Bibemi pour mieux l'accabler. En effet, alors que dans ses dépositions l'ex-Sg/Pr avait plusieurs fois déclaré ne pas connaître Gia international, la société par laquelle l'argent avait été viré, en parcourant l'audition préliminaire, l'on remarque plutôt le contraire. «Le ton péremptoire de l'accusé Marafa est contradictoire avec ses déclarations à l'audition préliminaire où il affirmait connaître très bien Gia international. Ces contre-vérités viennent confirmer l'existence de cette galaxie de connexions maffieuses savamment mises en place pour orchestrer les détournements», a conclu le procureur Soh sur ce volet. Avant d'enfoncer le clou en soutenant que «même nommé ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation, Marafa continuait à être informé de l'évolution du dossier par Yves Michel Fotso». Raison de plus pour plaider la culpabilité de Marafa Hamidou Yaya.
Quant julienne Kounda, il lui est reproché d'avoir ouvert le compte de Beith Ltd. C'est elle qui aura rendu possible l'utilisation des 16 millions de dollars Us qui ont atterri dans le compte de Beith Ltd. Au final, les 3 représentants du ministère public ont requis au Tribunal de dire les faits de détournements de deniers publics en coaction pour les accusés Marafa Hamidou Yaya, Yves Michel Fotso, Kounda Julienne, Jean Louis Chapuis, Sandjoun Géneviève. Les magistrats ont également requis de dire les faits de complicité de détournement pour Jean Marie Assene Nkou. L'audience d'hier était consacrée aux avocats de l'accusation pour tenter de démonter l'argument en béton du procureur.