Affaire Copisupr: L'ex-directeur de la Caisse Autonome devant la barre

Yaoundé - 24 Novembre 2011
© Olivier .A. NDENKOP | L'Actu

Hier, Isaac Njiemoun s'est expliqué sur le financement du Comité de suivi et de pilotage des projets de construction des axes routiers Yaoundé-Kribi et Ayos-Bertoua. Dans l'esprit des représentants du Ministère public l'argent public ne devait pas se retrouver dans les caisses du Copisupr sans passer par le Trésor public

Mercredi 23 novembre 2011, Michel Thierry Atangana Abéga n'a pas occupé ce qui était finalement devenu «sa place» au Tribunal de grande instance du Mfoundi. En effet, le président du Comité de suivi et de pilotage des projets de construction des axes routiers Yaoundé-Kribi et Ayos-Bertoua (Copisupr) a été remplacé dans le box des accusés par Isaac Njiemoun. Ce dernier, ancien directeur général de la Caisse autonome d'amortissement (CAA), est cité dans l'affaire Copisupr et comparaît libre.

L'audience d'hier était consacrée à sa cross examination, phase de la procédure au cours de laquelle l'accusé répond aux questions de ses propres avocats. Isaac Ndjimoun a été invité à s'expliquer sur l'un des mécanismes de financement du Copisupr, notamment la Taxe spéciale sur les produits pétroliers (Tspp). «Cette Tspp constituait-elle des fonds publics ou privés?», interroge l'avocat. Et à son client de répondre: «Il s'agissait des fonds privés. Mais, une fois dans les caisses du Copisupr, la Tspp devient un argent public; parce que le Copisupr était une structure créée par l'Etat du Cameroun», explique l'accusé. Mais, malgré ces réponses, l'inquiétude de l'avocat reste entière. Ce dernier voudrait amener son client à se baser sur les nouveaux textes qui régissaient le financement des projets au moment des faits pour éclairer le tribunal. L'objectif final est de confondre le Ministère public (Mp) pour qui, la Tspp violait la loi de 1962 portant régime financier du Cameroun. Dans l'esprit des représentants du Ministère public l'argent public ne devait pas se retrouver dans les caisses du Copisupr sans passer par le Trésor public.

Mais, pour Isaac Ndjimoun qui a tout de même été directeur général de la Caisse autonome d'amortissement, beaucoup d'eau a coulé sous le ciel de la finance mondiale entre 1962 et 1994, date de création du Copisupr. En effet, soutient-il les effets conjugués de la mondialisation et de la crise économique ont amené les bailleurs de fonds à imposer de nouveaux mécanismes de financement des projets. C'est ainsi qu'ils ne souhaitaient plus que l'argent débloqué pour un projet prenne une autre destination, même à titre provisoire. «Ils exigeaient que l'argent soit directement investit dans le projet», soutient Isaac Ndjimoun. Ce qui revient à dire selon lui que la Tspp n'était pas illégale. Encore moins le fait qu'elle se soit retrouvée directement dans les caisses du Copisupr. L'accusé ne s'est d'ailleurs pas empêché de prendre l'exemple du Fonds mondial de lutte contre le Sida, le paludisme et la tuberculose. Une institution qui finance directement des programmes sans que les fonds par elle débloqués passent par le Trésor publics. Précision, les fonds ainsi débloqués ne sont pas au dessus de tout contrôle «ils doivent être suivis et régulièrement audités». Dans ce sens «qui audite?», interroge encore l'avocat. La réponse de l'interrogé est la suivante: «les bailleurs de fonds, mais aussi les Etats qui peuvent engager des cabinets privés d'audit à cet effet». Isaac Njiemoun regrette d'être poursuivi pour des fonds qu'il n'a pas gérés. Son examination in chief a été arrêté à ce niveau. Mais, il reprend ce matin, 24 Novembre 2011.


27/11/2011
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