Affaire CBC: Essimi Menye répond à Yves Michel Fotso

DOUALA - 25 NOV. 2010
© PAUL TONYE NJEL | Dikalo

Se défendant des accusations implicites de la récente lettre de l'homme d’affaite, Lazare Essimi Menye indexe plutôt la gestion irresponsable du patron du Groupe Fotso


Lazarre Essimi Menye
Photo: © CIN Archives
«Retour à l'envoyeur». Tel pourrait être le titre du clash indirect qui vient de mettre en opposition l'actuel ministre des Finances M. Lazare Essimi Menye, face à l'administrateur général du Groupe Fotso par ailleurs propriétaire de la Commercial Bank of Cameroun. En effet, deux jours après avoir rédigé une lettre au Vice-Premier ministre, ministre de la Justice, Garde des Sceaux M. Amadou Ali dans laquelle ce dernier dénonçait avec véhémence la cabale médiatique orchestrée à son encontre avec la bénédiction de quelques pontes du régime ayant cependant annihilé en eux toute probité morale et conscience professionnelle de leur esprit, c'était au tour du ministre des Finances de faire une déclaration à la presse hier à Yaoundé pour réagir proportionnellement. Une déclaration concise, préparée pour infirmer les attaques implicites du courrier de Yves Michel Fotso et lever un pan de voile sur certains faits encore inavoués de la politique adoptée par l'Etat du Cameroun dans la gestion de l'épineux dossier de la Cbc.


Rappel des faits

L'épicentre de cette nouvelle brouille qui vient s'ajouter aux nombreux déboires du Groupe Fotso, provient en effet de la dernière correspondance de l'homme d'affaire camerounais. Dans cette lettre portée à l'attention d'Amadou Ali, Yves Michel Fotso peint un tableau sépulcral de ses dernières années depuis son passage à la Cameroon Airlines (Camair), de Juin 2000 à Novembre 2003.

D'après ladite missive, l'homme d'affaires explique qu'il ne cesse d'être la victime d'un complot ourdi visant d'une part à le déstabiliser physiquement mais aussi à saper son moral et d'autre part à vouloir discréditer son aura économique. Dans cette logique, Yves Michel Fotso qualifie les accusations de ses détracteurs de scabreuses en expliquant son ras-le-bol devant cette antipathie destructrice qui aurait atteint son point culminant durant l'été 2008 avec une nouvelle ascendance en 2010. « J'aurais certainement continué à subir en silence ces campagnes de dénigrement et de déstabilisation si celles-ci n'avaient, comme c'est le cas depuis la semaine du 1er novembre 2010, pris une nouvelle tournure exclusivement destinée à me décrédibiliser sur le plan international en pleine négociation avec des investisseurs étrangers pour la reprise du contrôle de ma banque, la Commercial Bank Cameroun (Cbc). En effet, alors que j'ai obtenu la confiance de deux Groupes bancaires de renom, la prestigieuse Qatar Islamic Bank (QIB) et le Groupe Nsia de Côte d'Ivoire, le mandataire de l'Organe de régulation du secteur bancaire en Afrique Centrale (Cobac), constatant des avancées substantielles dans les négociations engagées, n'a rien trouvé de mieux que d'entrer en contact avec les potentiels investisseurs pour distiller des allégations incroyablement alarmistes sur la situation de la Cbc d'une part, et plus encore, sur celle de son promoteur, Monsieur Yves Michel Fotso, qui serait en sursis et son arrestation imminente d'autre part».


Réponse

Si la correspondance d'Yves Michel Fotso invitait Amadou Ali à réagir par une information solennelle et publique des faits à lui reprochés et qui justifieraient également tout l'acharnement contre sa personne, le Minfi n'aura pas attendu très longtemps avant de passer à table. En effet, dans l'optique de parer proportionnellement l'argumentaire du Pca du Groupe Fotso, Lazare Essimi Menye est revenu amplement sur la situation de la Cbc et les faits qui sont reprochés à Yves Michel Fotso.

A cet effet, le ministre des Finances a expliqué que la décision de mettre la Cbc sous administration provisoire relevait d'une décision de la Cobac. Dès lors, le gouvernement a immédiatement engagé le processus de restructuration de la Cbc. Un processus qui devrait aboutir dans les prochains jours à la remise du plan de sauvetage de ladite banque à la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale. Cependant, en attendant que ledit document soit effectivement remis à la Cobac, le Minfi a précisé que rôle de l'Etat est de pousser les débiteurs de la Cbc à solder leurs dettes faute de se voir être traduit en justice.

D'après Lazare Essimi Menye, de nombreux crédits d'une valeur d'environ 60 milliards Fcfa auraient été accordés pour le financement des projets fictifs. Un constat nettement étayé par les descentes sur le terrain des commissions de vérification à posteriori des projets financés par la Cbc. Celles-ci n'ont vu que du feu. Des espaces vides sur lesquels étaient supposés être implantés des structures socio-économiques. Néanmoins, parmi les détenteurs de l'argent de la Cbc, Yves Michel serait lui-même indexé avec une dette de l'ordre de 10 milliards Fcfa environ. Par rapport à cela, Lazare Essimi Menye estime que le Pca du Groupe Fotso devrait rendre des comptes sur la destination et l'utilisation de cet argent. Ensuite, ce dernier devra procéder au remboursement immédiat de ces fonds, sous peine d'être pénalement poursuivi.

Une situation qui pourrait expliquer les ennuis judiciaires de Yves Michel Fotso et éloigner la thèse d'un éventuel complot même si de nombreux points d'ombre dans cette affaire continuent d'émerger, démontrant clairement que le dénouement de ce long métrage plein de rebondissements est encore loin.



26/11/2010
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