Affaire Campost: Pourquoi Atanga Nji n’est pas allé au TCS
DOUALA - 19 NOV. 2014
© Florette MANEDONG | Le Messager
Selon des sources introduites, le ministre chargé de missions à la présidence de la République, aurait adressé une lettre au conseiller juridique à la présidence de la République, où il signifiait qu’il était prêt à faire sa déposition, et demandait par ailleurs une permission dans ce sens. Mais, il n’aurait jamais eu de retour.
Tribunal criminel spécial (Tcs), Yaoundé. Il est 08h. Pendant que certains bureaux tardent encore à ouvrir, on constate un attroupement au niveau de la deuxième entrée dudit Tribunal. C’est l’entrée, non loin de celle qui mène aux bureaux du corps spécialisé des officiers de police judicaire du Tcs. C’est un groupe certes assez restreint, mais inhabituel à cet endroit. Lorsqu’on s’approche, on se rend compte que ce sont des Hommes des médias, à l’affût de l’information : « nous sommes là pour la même raison que toi ! Paul Atanga Nji ne doit-il pas être entendu ici ce jour ? Nous sommes venus assez tôt pour ne rien perdre du déroulement de sa déposition», lance à l’endroit du reporter, un de ses confrères l’ayant reconnu. Pourtant, il n’y a encore aucun signe, qui annonçant l’arrivée d’un potentiel «client ».
Au bout d’une heure, le groupe, comme pensant d’une même tête, décide de se mettre à l’abri du soleil, juste en face, sous les manguiers qui procurent un peu d’ombre. Tandis que certains s’étalent en commentaire en rapport avec l’affaire ou non, d’autres commandent qui une bière, qui un plat de nourriture pour « meubler » le temps. De temps à autre, certains se lèvent et font le tour du Tcs, pour éviter une mauvaise surprise : «il pourrait emprunter une autre voie. Il faut être attentif à tout», suggère l’un d’eux. Mais toujours, ils reviennent bredouilles. Plus le temps passe, plus l’attente se fait longue, harassante et le groupe grossi en nombre. Les commentaires sur l’attente de la semaine dernière, lors de la déposition du Pr Gervais Mendo Ze meublent les débats. Sous cape, des groupes plus intimes échangent sur les charges probables, qui pèseraient contre le ministre Paul Atanga Nji.
La longue attente vaine
13h10. Jean Marie Aboganena, « coaccusé » de l’autre dans cette même affaire se pointe. Il se dirige directement vers les bureaux du corps spécialisé. Au bout d’une heure et 15 minutes, soit à 14h30, il en ressort, tout souriant. Certains journalistes accourent vers lui, il est peu bavard : «c’est la phase de l’instruction, ils m’ont juste interrogé sur ce que vous savez tous», laisse entendre, peu loquace, le consultant en communication. Mais, le plus important, c’est qu’il est libre de rentrer chez lui. Une heure plus tard, toujours rien. Surtout pas Paul Atanga Nji. Chacun commence à jouer de ses relations. Des coups de fils sont passés çà et là, mais les réponses restent les mêmes. Il n’est pas encore arrivé.
Une source proche du dossier, croit néanmoins savoir que son absence s’expliquerait par le fait qu’il n’a pas reçu de réponse à la lettre adressée à Foumane Akam, conseiller juridique à la présidence de la République, une réponse qui l’autoriserait à aller déposer, du moment où il y affirmait sa disponibilité et son désir d’aller le faire. Malheureusement, étant encore en fonction, il ne peut passer outre une autorisation formelle. Il devra donc patienter encore, qu’une autorisation lui soit accordée, pour qu’il se présente aux officiers de police judiciaire du Tcs. Mais, des indiscrétions laissent déjà entendre qu’il devait être entendu avec Aboganena et Amougou Belinga, dans le cadre de l’affaire Campost. Une affaire de découverts (emprunts à court terme) dont ils n’auraient pas honoré les échéances de remboursement.
Au final, il serait question d’une affaire de détournement de 927 millions de Fcfa, dont la distraction de 300 millions serait reprochée à Atanga Nji, 600 millions à Amougou Belinga et 27 millions à Aboganena. Au moment où nous mettions sous presse à 18h30 minutes, le ministre chargé de mission à la présidence de la République n’avait toujours pas fait son apparition au Tcs.
Florette MANEDONG