Affaire Camair : Le procès ne décolle pas
Les débats, qui se sont ouverts en octobre 2010, ont déjà connu une vingtaine de renvois.
L’audience du 18 janvier 2012, au tribunal de grande instance (Tgi) du
Wouri, était au moins le 20ème renvoi dans ce qui est communément appelé
«affaire Camair». Depuis son ouverture, le 06 octobre 2010, l’«affaire
Camair contre Paul Gabriel Ngamo Hamani», ex-administrateur provisoire
de la défunte compagnie aérienne n’a cessé d’aller de renvoi en renvoi.
Et les raisons invoquées sont quasiment les mêmes : absence des membres
de la collégialité. C’est d’ailleurs pour cela que l’unique magistrat,
présent à la dernière audience, a dû poireauter pendant 3 heures. Le
procès a, une fois de plus, été renvoyé au 31 janvier 2012 du fait de
l’absence de deux des trois juges.
Pourtant, à l’orée de cette
affaire, Esther Moutngui, la présidente du tribunal, avait indiqué que
le procès devait se tenir en session ainsi que l’avaient sollicité les
avocats de la défense : les 1er et 3ème jeudis de chaque mois, avec
possibilité d’audience le vendredi. Des dispositions qui n’ont,
jusqu’ici, jamais été respectées. Les audiences se tiennent, dans le
meilleur des cas, une fois par mois et font le plus souvent l’objet de
renvois. «Ils savent que le dossier est vide. C’est pourquoi ils font
traîner l’affaire», soupire Me Happi, conseil de la défense. L’accusé,
pour sa part, ne cache pas sa hâte d’arriver dans le fond de l’affaire
afin que son innocence éclate au grand jour.
Pourtant, a
indiqué, à l’audience du 11 août 2011, Georges Dissack Delong, témoin à
charge et expert financier ayant travaillé sur les incidences
financières et les contrats de locations des avions, «le rapport produit
par les quatre contrôleurs a relevé des irrégularités comptables et
financières au cours de la période du 23 février 2005 au 11 mars 2008
(période de l’administration provisoire, Ndlr)». Inspecteur principal
des impôts de classe exceptionnelle, Paul Gabriel Ngamo Hamani fut
administrateur provisoire de la Camair du 23 février 2005 au 11 mars
2008. A l’issue de l’enquête préliminaire, il lui fut imputé des
détournements de plus de 118 milliards Fcfa. Il est, depuis lors, placé
sous mandat de détention provisoire à la prison centrale de Douala, à
New Bell, où il séjourne dans la cellule spéciale 18.
Blaise Djouokep