Affaire Camair: La réponse de l’Etat du Cameroun à Yves Michel Fotso
YAOUNDE - 14 MARS 2015
© Onana N. Aaron | Cameroon-Info.Net
Selon Me Jean Paul Eyouck Nyebel, avocat de l’Etat du Cameroun dans l’affaire Camair, la récente sortie médiatique de Yves Michel Fotso dans l’hebdomadaire Jeune Afrique n’est qu’ «une agitation et des caprices inutiles»
Dans une interview accordée au quotidien Le Jour dans son édition du vendredi 13 mars 2015, le représentant de l’Etat du Cameroun en tant que conseil dans l’affaire Camair n’est pas allé par quatre chemins pour dire son ressentiment face à la stratégie de l’ex-DG de la Camair. Ce dernier se plaint de ses conditions de détention.
« On ne sait pas ce qu’il cache dernière cet appel public, pourtant nous somme devant une juridiction démocratique. C’est une agitation qui de notre point de vue n’a pas de sens et est inutile. S’agissant des droits de la défense, on voit qu’il a une pléthore d’avocats. Lorsqu’il s’est senti mal en point, on a toujours renvoyé l’audience. Lorsqu’il s’est plaint quant aux difficultés de son extraction, on la lui a facilitée. Maintenant le fait que ses avocats français nouvellement constitués éprouvent quelques difficultés à le rencontrer est tout à fait normal étant donné que nous sommes dans un pays qui a ses règles et des formalités devaient être effectuées », explique Me Jean Paul Eyouck Nyebel.
L’avocat de l’Etat du Cameroun dans l’affaire de la liquidation de la Cameroon Airlines témoigne également que c’est plutôt l’Etat du Cameroun qui est lésé dans la mesure où les avocats de l’Etat n’ont pas toujours la parole alors que ceux d’Yves Michel Fotso interrompent à tout moment la procédure.
« Plus d’une fois la procédure ne s’est pas poursuivie normalement soit parce qu’il était absent, soit parce qu’il ne se sentait pas bien. A ce stade de la procédure nous constatons que tous ses caprices autant personnels que ceux de ses conseils sont pris en compte. Nous autres, les suivons presque comme des moutons qu’on amène à l’abatoir », renchérie Me Jean Paul Eyouck Nyebel.
Yves Michel Fotso a déclaré à Jeune Afrique qu’un accord transactionnel avait été signé entre GIA International et l’Etat du Cameroun, sous l’égide du tribunal des faillites de l’Etat de l’Oregon, aux Etats-Unis, et que les juges qui l’ont condamné refusent d’en tenir compte. Faux, rétorque Me Eyouck.
« Je voudrais vous faire remarquer que l’Etat n’a jamais été parti à ce protocole. Çà s’est passé entre Yves Michel Fotso et le liquidateur de la Camair exclusivement. Le liquidateur de la Camair s’ont pas cru devoir y associer l’Etat, pourtant ils auraient dû le faire s’ils voulaient être transparents. Ils ont transigé sur un montant de 2 milliards F CFA à payer par Yves Michel Fotso qui ne correspond pas au préjudice subit étant donné qu’on réclame 69 milliards F CFA à monsieur Fotso. Sauf preuve du contraire, la défunte Camair était une entreprise publique dont le capital était majoritairement détenu par l’Etat du Cameroun et à ce titre les fonds de la Camair sont des fonds publics (…) Bien plus sur les 2 milliards arrêtés, Yves Michel Fotso n’a payé que 750 millions F CFA, ce qui représente à peine le tiers de ce qu’il doit payer. Donc à ce jour, il n’a même pas entièrement remboursé ce que le protocole d’accord prévoit. Dans l’un ou dans l’autre cas, il ne peut prétendre à un arrêt des poursuites, détaille l’avocat, avant d’ajouter à propos du mandat de détention provisoire émis pour cette affaire qui « a expiré » depuis le 22 avril 2014 que ce monsieur est détenu pour d’autres causes. Il est notamment sous le coup d’un emprisonnement de 25 ans dans le cadre d’une première affaire. Et l’absence d’un mandat de détention provisoire ne devrait avoir aucune incidence sur le cours normal de la procédure actuellement pendante au TCS ».
« Lorsqu’on a posé des actes qui remettent en cause l’ordre public, il est normal qu’on y réponde autant de fois que cela s’impose quitte à chaque fois à prouver son innocence », conclut Me Jean Paul Eyouck Nyebel.
Onana N. Aaron, Cameroon-Info.Net