Le dossier des «mallettes africaines» semble définitivement enterré. Le parquet de Paris a décidé de classer sans suite l'enquête dans laquelle Jacques Chirac et Dominique de Villepin étaient accusés, par l'ex-conseiller officieux de l'Elysée Robert Bourgi, d'avoir perçu plusieurs millions de dollars en liquide provenant de chefs d'Etats africains. Robert Bourgi n'a pas souhaité réagir à la décision du parquet, selon son entourage. Dans une retentissante interview au JDD le 11 septembre dernier, l'avocat franco-libanais racontait, pour la première fois, avoir transporté jusqu'à 20 millions de dollars et avoir remis ces sommes au président Jacques Chirac et à son Premier ministre Dominique de Villepin. L'ancien conseiller de l'ombre chargé des affaires africaines avait accusé Jean-Marie Le Pen d'avoir lui aussi reçu des fonds occultes de chefs d'Etat africains pour financer sa campagne présidentielle de 1988.
Face aux médias, Robert Bourgi, qui se présente volontiers comme le successeur de Jacques Foccart, le «Monsieur Afrique» à l'Elysée à l'ère gaulliste, avait expliqué avoir recueilli des fonds de cinq chefs d'Etat africains: Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d'Ivoire), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et Omar Bongo (Gabon). Il s'était ensuite rétracté sur ses accusations contre le chef d'Etat sénégalais affirmant s'être trompé.
Dossier refermé faute de preuve
A plusieurs reprises, l'avocat a affirmé également que l'actuel président, Nicolas Sarkozy, dont il s'est rapproché en 2005, avait mis un terme à cette pratique. Mais dans l'ouvrage du journaliste Pierre Péan, «La République des mallettes», le diplomate Michel de Bonnecorse, ancien «Monsieur Afrique» de Jacques Chirac, accuse Bourgi d'avoir remis en 2006 une valise avec de l'argent d'Omar Bongo et de Denis Sassou Nguesso «aux pieds du ministre de l'Intérieur» de l'époque... Nicolas Sarkozy. Des accusations jugées «scandaleuses», par l'actuel ministre de l'Intérieur Claude Guéant.
Le 13 septembre, la justice avait demandé l'ouverture d'une enquête préliminaire pour vérifier les dires de Robert Bourgi. Deux mois plus tard, le parquet décide finalement de refermer le dossier, invoquant le fait que «ces allégations ne peuvent être confortées par un quelconque élément de preuve susceptible de motiver des investigations». Et même si les remises de fonds (entre 1995 et 2005) avaient été avérées, confie une source au parquet, «l'infraction, elle, aurait sans doute été prescrite». Cette affaire qui avait fait beaucoup de bruit en septembre a, au final, fait pschitt. L'avocat franco-libanais était dans le viseur du barreau de Paris qui avait ouvert une procédure disciplinaire.