Affaire Bibi Ngota: Emmanuel Etoundi Oyono face à ses complices

Yaoundé, 02 septembre 2013
© Conrad Atangana (Envoyé spécial) | La Nouvelle

 

Convoqués par l'accusation dans l'optique du renforcement de l'accusation contre le Directeur Général du Port autonome de Douala (Pad), les témoins ont, au cours de l'audience de la semaine dernière, donné des réponses plutôt sors équivoques. Pendant de 5 heures d'horloge, l'affaire ministère public contre Emmanuel Etoundi Oyono, a livré les premiers gonds moments des débats au fond. A chacun de se faire sa petite idée.

 

 

Tout commence autour de 13h30mn avec l'examen par le juge Gilbert Schlick des exceptions soulevées par la défense lors de la dernière audience. Il faut d'emblée observer que ces exceptions évoquées par la défense tendaient à présenter les faits reprochés à Etoundi Oyono comme relevant du délit de presse. Et qu'en tant que tel, ils ne pouvaient faire l'objet d'une Procédure par devant le Tribunal de grande instance. Autrement dit, Me Nouga, Me Fousse, Me Assira et Me Ndongo réclamaient la déclaration de l'incompétence du tribunal. Mais le juge Gilbert Schlick ne l'entendra pas de cette oreille et demandera que les débats commencent avec la convocation des témoins à la demande du ministère public. C'est alors que le premier témoin, le nommé Harris Mintsa, directeur de la publication du journal Le Devoir va être appelé à la barre. 


Le procureur: Monsieur-Mintsa, pouvez-vous nous rappeler le nom de votre organe de presse? 

Mintsa: Monsieur le président, je n'ai pas été préparé pour répondre aux questions posées ici. Je vis au village, j'ai été agressé à la suite de cette affaire.... (Il s'arrête un instant et reprend). Je n'ai pas eu de convocation préalable me permettant.... (Il est aussitôt interrompu par le procureur). 


Le procureur: Répondez à la question qui vous a été posée! 

Mintsa: Mon journal s'appelle Le Devoir. 


Le procureur: Je voudrais rappeler ici que vous n'êtes pas en jugement. Quelle est la périodicité de votre journal? 

Mintsa: C'est un hebdomadaire paraissant tant bien que mal. 


Le procureur: Depuis combien de temps exercez-vous? 

Mintsa: Depuis 1993 


Le procureur: Connaissez-vous le Monsieur dans le box ? 

Mintsa: Oui. 

Le procureur: Depuis combien de temps? 

Mintsa: Je ne sais pas exactement. Mais depuis la Src 


Le procureur: Quels Sont vos rapports? 

Mintsa: Je l'ai contacté, j'étais à la recherche des insertions publicitaires. 


Le procureur: En avez-vous eues à la Maetur? 

Mintsa: Oui. 

Le procureur: Combien? 

Mintsa: Une seule. 


Le procureur: Quand ? Pouvez-vous vous en souvenir? 

Mintsa: Non. On dirait que vous voulez me piéger. Je ne peux plus m'en souvenir, après tout ce que j'ai subi. 


Le procureur: Quel en était le coût? 

Mintsa: Je ne sais plus. 


Le procureur (II sort un document qu'il présente à Mintsa): Connaissez-vous ce document? 

Mintsa: Non. 


Le procureur: Avez-vous déjà vu un document similaire? 

Mintsa: Oui. 


Le procureur: Quel était son contenu? 

Mintsa: Moi, j'ai eu un document venant de la Snh par l'intermédiaire de Hervé Nko'o qui me l'a vendu. Et c'est sur la base de ce document que j'ai adressé un protocole d'interview à Laurent Esso, à l'époque secrétaire général à la présidence de la République. Mais si j'avais eu le temps de me préparer, je vous aurais donné le contenu du document. 


Le procureur: Avez-vous présenté un document similaire au Directeur de la Maetur? 

Mintsa: Je suis allé en aventure, sans prendre un rendez-vous avec le Dg de la Maetur. Mais étant bloqué, je me suis rapproché du confrère du journal Le Zénith pour qu'il m'obtienne un rendez-vous avec le directeur général. Ce qui a été fait. Le jour où j'arrive, je lui présente le document en lui disant que je voudrais savoir si ce qui y était écrit était vrai. Mais grand a été son étonne¬ment en découvrant le document. Il a d'ailleurs demandé à en faire une photocopie. Mais moi, craignant que cela ne se retourne contre moi, j'ai refusé en prétextant que je le vendais à 500.000, sachant qu'il n'allait pas me les donner. 


Le procureur: Pourquoi lui, et pas quelqu'un d'autre? 

Mintsa: Parce qu'il a été Dg au Port autonome. Et le document parlait des retro commissions de l'achat du navire Rio Del Rey. Cela relève, à mon avis, de la compétence du Port autonome. De toute façon, il n'est pas le seul que j'ai approché. J'ai approché Amougou Belinga de l'Anecdote, Medim Me Nko'o de la Snh... Je dois préciser que mon entrevue avec le Dg de la Maetur n'a pas duré plus de 5 minutes. 


Le procureur: Que cherchiez-vous? 

Mintsa: Je l'ai dit: je suis journaliste, donc enquêteur pour des éclairages. 


Le procureur: Quel élément de votre enquête vous a obligé à aller chercher des éclairages? 

Mintsa: Je voulais m'assurer de l'existence de l'original du document. 


Le procureur: Qu'a-t-il répondu 


Mintsa: Rien. (Par la suite la défense interroge le témoin). 


Me Nouga: Quel était votre objectif dans l'enquête que vous meniez? 

Mintsa: M'assurer de l'authenticité et publier. «Car l'expression a en toute confidentialité» contenue dans le document et le montant de un milliard trois cent quarante-deux millions de rétros commissions qui, pour moi, étaient importants, m'ont motivé à en savoir plus. Malheureusement, j'étais mon 4ème mois d'enquête, quand Laurent Esso a envoyé m'arrêter. 


Me Nouga: Quel est la différence entre le document que vient de vous présenter le ministère public et celui que vous connaissez? 

Mintsa: Celui-ci est contrefait. 


Me Nouga: avez-vous publié le résultat de vos enquêtes? 

Mintsa: Non. 


Me Assira: Est-il possible que Monsieur Etoundi Oyono soit l'auteur de ce document à la date votre rencontre? 

Mintsa: Non, vu son étonnement. 


Me Fousse: Etes-vous allé voir Monsieur Etoundi Oyono pour qu'il vous aide à publier un document? 


Mintsa: Non.


Me Ndongo: Y-a-t-il eu échange entre le journaliste Serges Sabouang et vous à propos de ce document? 

Mintsa: Non. (L'accusé Emmanuel Etoundi Oyono interroge le témoin). 


Etoundi Oyono: Monsieur Mintsa, je vous connais depuis combien de temps? 

Mintsa: Je ne peux pas dire que nous nous connaissons. Je savais sommairement que vous êtes un Directeur général de la place. 

Etoundi Oyono: Est-ce que votre mémoire vous permet de vous rappeler que je vous ai demandé un jour de publier autre chose en dehors d'une insertion publicitaire? 

Mintsa: Jamais. 


Etoundi Oyono: Connaissez-vous un seul de vos confrères que j'aurai donné une insertion publicitaire en contrepartie de la publication d'un document? 

Mintsa: Jamais. 


Etoundi Oyono: je n'ai plus de questions. (Par la suite, le ministère public fait venir un 2ème témoin: Marcel Engolo, administrateur civil, en service à la Maetur. Mais son témoignage n'apportera pas grand-chose, car il déclarera ceci: « les faits dont vous parlez sont antérieurs à mon arrivée à la Maetur Alors je ne puis savoir ce qui s'est passé». Le ministère public et la défense lui poseront ensuite quelques questions sur la régulation des insertions publicitaires.) , Arrive le tour du 3ème témoin, dénommé Serges Sabouang 


Le procureur: Monsieur Sabouang, quel est le nom de votre organe de presse? 

Sabouang: La Nation. 


Le procureur: Quelle est sa périodicité? 

Sabouang: C'est un bimensuel. 


Le procureur: C'est-à-dire qu'il parait une fois tous les 2 mois? (Rires dans la salle). 


Sabouang: Non. Bimensuel veut dire qu'il paraît 2 fois par mois. 


Le Procureur: Pouvez-vous nous lire ce document? 

Sabouang: «Le secrétaire général à la présidence de la République à Monsieur l'administrateur Directeur général de la Snh (...) Bien vouloir transférer en toute confidentialité au compte du secrétariat général à la présidence de la République la somme de un milliard trois cent quarante-deux millions de francs CFA repré¬sentant le montant des rétros Commissions en faveur de Mes¬sieurs Mounoumè Dayas, Bikoro Alo'o Antoine et Dooh Ebobissé Collins dans le cadre de l'achat du navire Rio Del Rey.» 


Le procureur: Avez-vous eu un document similaire? 

Sabouang: J'ai déjà eu un document dont le contenu est le même, mais la forme n'est pas la même. 


Le procureur: Comment l'avez-vous eu? 

Sabouang: Par l'intermédiaire de Nko'o Hervé qui m'a dit que ce document lui avait été donné par une certaine Naomi qui travaille à la Snh. Il me dit que cette fille travaillait à la direction financière et, pour y avoir été mutée, elle a décidé de balancer cette info dehors. 


Le procureur: Quels étaient vos rapports avec Nko'o Hervé ? 

Sabouang: Il était journaliste titulaire au journal Bebela de Henriette Ekwe et chez moi il avait quelques piges. C'est d'ailleurs lui qui m'amène à la Maetur en me disant qu'il peut me faire obtenir une insertion publicitaire auprès de Monsieur Etoundi Oyono. Mais je me suis rendu compte par la suite que Nko'o n'était qu'un chasseur de primes et qu'il voulait qu'on aille voir Etoundi Oyono pour avoir une insertion où il devait voir sa commission. Le temps passé, je me suis presque découragé sur l'obtention de l'insertion. C'est Nko'o qui vient me dire qu’il a pu m'obtenir une insertion, mais en réalité l'insertion avait été donnée indépendamment de son apport. 


Le procureur: Vos rapports avec Monsieur Etoundi Oyono alors Dg la Maetur. 

Sabouang: En dehors de la demande de l'insertion publicitaire, on n'a pas eu avant cela d'autres rapports. 


Le procureur: Mais vous avez quand même présenté à Etoundi Oyono le document que vous lisiez tout à l'heure? 

Sabouang: Non. Il a été clair avec moi dès le départ. Il a dit: «si vous titillez un membre du gouvernement, je ne vous paie pas.» Donc, je ne pouvais plus lui présenter ce document. 

(A suivre). L'affaire a été renvoyée au lundi 2 septembre 2013.



02/09/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres