Dix mois après le début de ce nouveau feuilleton, la procédure marque le pas
La saga judiciaire relative à l’achat de l’avion présidentiel poursuit son bonhomme de chemin devant le TCS avec ses divers feuilletons. Pour ne pas dire ses morceaux Le dernier feuilleton en cours a été appelé pour la première fois le 24 février 2014. De l’avis même du Président Onana qui instruit cette nouvelle cause, la procédure piétine. Dans cette nouvelle série, on reproche à Atangana Mebara Jean-Marie et Mendounga Gérôme le détournement présumé de la somme de 5.000.000 de dollars américains, soit l’équivalent de 3.875.000.000 de francs CFA.
L’un et l’autre étaient à l’époque des faits Secrétaire général de la Présidence de la république et Ambassadeur du Cameroun à Washington DC, Etats-Unis d’Amérique du Nord. En effet, cette somme de 5.000.000 US fut virée le o2 Mai 2003 par la Société nationale des hydrocarbures (SNH) directement à Boeing pour conforter l’acompte de 31.000.000 millions US déjà fait jusque-là par la même entreprise publique en vue de l’acquisition de Boeing Business Jet-2 présidentiel, en abrégé ‘’Bbj-2’’. L’opération fut effectuée sur instructions su SG/PR Atangana Mebara Jean-Marie, lesquelles ont été ensuite répercutées à la SNH par le Ministre des Finances Meva’a M’Eboutou Michel. L’acompte de 31.000.000 millions US fait jusque-là par la SNH pour l’achat de l’appareil l’a été, faut-il le rappeler, par son prédécesseur, le Ministre d’Etat, SG7PR, Marafa Hamidou Yaya.
Selon l’accusation, l’avance de 5.000.000 millions US était faite pour l’habillage intérieur et la peinture extérieure du ‘’Bbj-2’’ chez Jet Aviation. Medounga Gérôme a fait état de ce qu’il a dépensé cette somme sur instructions du SG/PR Atangana Mebara Jean-Marie pour régler les loyers et autres charges du contrat de ‘’leasing’’ de l’Albatros. Ce Boeing 767-200 Er baptisé ‘’Albatros’’ a été livré à la partie camerounaise en 2004. Malheureusement, pris pour location en ‘’leasing’’ d’une durée de trois ans, l’’Albatros’’ aura finalement transporté le Président de la République une seule fois, lors du voyage Yaoundé-Paris Charles de Gaule le 24 Avril 2004.
Maladies et tracasseries carcérales
Dix mois après l’ouverture de cet autre morceau de procès, la procédure est assez poussive. Le Ministère public (l’accusation) a déjà fait entendre ses trois témoins majeurs dans cette cause. Il s’agit notamment des colonels Mitlassou Justin et Ndongué Charles Nouvelon, pilotes en service à l’Etat-major particulier de la Présidence de la République au moment des faits. Auditionnés récemment au Tcs, ils ont affirmé avoir traité uniquement le dossier technique de l’appareil sous l’ordre de leur hiérarchie (militaire). Bref, pour ses officiers, ils n’étaient pas concernés par la partie administrative ou financière de l’affaire. Cependant, répondant à une question de la défense, le colonel Ndongué a dit que l’’Albatros’’ continue à voler bel et bien sous d’autres cieux. Avant de préciser, fort opportunément, qu’on ne juge pas la performance d’un avion par son âge.
Il a illustré son affirmation en prenant l’exemple du crash d’un aéronef de Kenyan Airways à Mbanga-Pongo qui n’avait que six mois d’âge. Le troisième témoin de l’accusation n’est autre que Mendim Me Nko’o, directeur des affaires administratives et financières (DAF) à la SNH. A ce titre, il avait assuré le virement de la somme querellée à Boeing. Mais, il a soutenu que son rôle s’est limité juste au transfert d’agent. Il a reconnu que l’argent est bien arrivé à Boeing et que le suivi ne relevait plus de sa compétence. On doit relever que ces trois témoins ont été déjà auditionnés dans d’autres morceaux des procès relatifs à l’achat du ‘’Bbj-2’’. La procédure a du plomb dans l’aile en raison de l’indisponibilité, souvent justifiée, des accusés.
Ils sont accusés de grands malades amortis soit par le poids de l’âge ou fragilisés par de longues années de détention derrière les barreaux de la prison centrale de Yaoundé. Courant Mai 2014, Atangana Mebara, toujours mal en point, avait été admis dans un hôpital de la place. Le cas du septuagénaire, 77 ans d’âge, l’ambassadeur Gérôme Mendounga est tout aussi préoccupant. Il a décrit les difficultés et autres entraves auxquels le soumet le régisseur de la prison de Kondengui. Parmi lesquels, il a évoqué, entre autres, le fait pour le régisseur de prétexter l’absence du carburant ou l’indisponibilité d’un gendarme pour assurer son escorte à l’hôpital. Il a interpellé le tribunal par cette phrase pathétique. « Faut-il 200 gendarmes pour assurer mon escorte ?». Le Procureur général (chargé de l’extraction des détenus) a promis remédier à la situation.
En fin, l’autre blocage à la poursuite sereine de la procédure est l’absence des témoins des accusés. Ils ont constitué pour leur défense deux cabinets américains. Mais aucun ne s’est jamais présenté à l’audience depuis février dernier. En tout état de cause, le Ministère public interpellé a répondu qu’il a fait diligence depuis le mois de Mai. Toutes ces contingences relevées ont pour résultat le report, presque en continu, des audiences. Au grand dam de toutes les parties, y compris le tribunal.