Affaire Atangana Mebara : Six semaines pour juger de nouveau l’ex-Sgpr
- Publié le Jeudi 6 septembre 2012 10:35
- Écrit par Evariste Menounga
C’est le délai que se fixe la collégialité du président Arroye Betou
pour rendre son verdict, en appel, dans l’affaire d’achat de l’avion
présidentiel.
La cour d’appel du Centre devra impérativement rendre
son verdict dans les six prochaines semaines dans l’affaire de
détournement de fonds liés à l’acquisition d’un aéronef neuf destiné aux
déplacements du chef de l’Etat. Faute de quoi le dossier se trouvera
transféré devant le Tribunal criminel spécial (Tcs) qui sera désormais
compétent pour connaître de tous les dossiers épervier à partir du 17
octobre 2012. L’engagement de trancher l’affaire avant cette date
fatidique a été solennellement pris hier, mercredi 05 août 2012, par le
juge Arroye Betou, président de la collégialité et chef de juridiction,
saisi en appel de ladite affaire. C’était au cour d’une première
audience dite de cadrage consacrée à l’identification des trois accusés
présents devant la barre que sont : Atangana Mebara, Otele Essomba et
Jérôme Mendouga. En l’absence du quatrième accusé, Kevin Walls,
« prétendument en fuite » et qui n’a par ailleurs pas été cité à
comparaître par le ministère public dans le procès verbal du dernier
interrogatoire. Une formalité également non honorée à l’égard de la
partie civile, l’Etat, dont les avocats et le représentant ont brillé
par leur absence à cette audience. Absence tout aussi remarquée des deux
conseils de l’accusé Atangana Mebara, maîtres Assira et Ekani, qui
auraient notifié la cour quant à leur indisponibilité pour cause de
voyage à l’étranger. Billets d’avion et voyage finalement annulés à la
dernière minute, si l’on en croit le président Arroye qui déclare
prendre acte de ce que les deux avocats ne sont pas présents, mais pour
une raison autre que celle notifiée à la cour.
Après avoir constaté
que le dossier n’était pas en état d’être jugé, le président de la
collégialité rappelle aux parties les termes de la loi transitoire sur
le Tcs qui exige des magistrats présentement saisis des dossiers
épervier de les régler jusqu’au 16 octobre 2012, sous peine d’engager
leur responsabilité, faute de ne l’avoir pas fait. « Raison pour
laquelle, réitère le haut magistrat, je compte sur la disponibilité et
la coopération de tout le monde pour régler cette affaire dans les
délais. N’y voyez rien d’autre que le souci d’être en accord avec la
loi. Nous serons assez ferme, avise-t-il, et on ne va pas se laisser
faire s’il s’agit de manœuvres dilatoires de la part des parties. Sauf
si cela se fait dans le strict respect des droits de la défense. Les
renvois, prévient-il, seront brefs et raisonnables pour que la sérénité
prévale. Je ne voudrais pas engager ma responsabilité pour avoir
enfreint la loi. Je voudrais, suggère-t-il, que nous gérions cette
affaire avec la sérénité nécessaire à la manifestation de la vérité. A
partir de la prochaine audience, les choses vont aller très vite, au
rythme d’une à deux audiences par semaine ».
Responsabilité
Lorsque
Me Ngwe Bell, conseil de l’accusé Otele Essomba, fait valoir que la
défense n’entend pas se laisser conter, qu’elle dispose de sa propre
stratégie et qu’elle est libre dans son choix de la juridiction de
jugement, le président Arroye rétorque que c’est lui le président de la
juridiction et président de la collégialité qui a été saisie comme
deuxième juge ; que c’est lui qui imprime le rythme auquel la défense et
l’accusation doivent se conformer. « Je n’ai pas d’autre intérêt,
réitère-t-il, que la bonne administration de la justice et dans
l’intérêt de la loi. Je n’ai pas l’intention d’engager ma responsabilité
personnelle et professionnelle dans cette affaire ; celles des parties
qui n’entendront pas se conformer n’auront qu’à se pourvoir en
cassation ». C’est finalement au terme d’une trentaine de minutes
d’échanges que l’affaire est renvoyée au mardi 11 septembre 2012 à la
demande du ministère public pour citation de la partie civile et
citation à parquet de l’accusé Kevin Walls ; mais aussi à la demande de
l’accusé Atangana Mebara dont les avocats étaient absents.
Rappelons
que Atangana Mebara, Otele Essomba et Kevin Walls avaient été acquittés
par le Tgi du Mfoundi le 03 mai 2012 sur l’ensemble des trois chefs
d’accusation mis à leur charge. Il s’agit de la tentative de
détournement de 31 millions de dollars destinés à l’acquisition d’un
aéronef présidentiel, le BBJ-2, somme que détenait Gia international ;
la tentative de détournement de 1,5 milliard Fcfa viré par la Snh et
représentant des arriérés de loyers d’avions dus par la Camair au
loueur d’avion Ansett World Wide, somme virée à Apm pour paiement à
Ansett ; le détournement et la complicité de détournement de la somme de
121 millions Fcfa, représentant le reliquat des 720 millions Fcfa virés
par le Cameroun à son ambassadeur Mendouga à Washington Dc. Seul
Mendouga avait écopé de 10ans de prison ferme, le collège des juges
estimant qu’il avait l’obligation de produire un compte d’emploi sur
l’usage fait de cette somme d’argent utilisée sans l’aval de la
présidence de la république.