Affaire Abono Moampamb - Débats contradictoires: L’accusation aux abois
DOUALA - 27 Mars 2012
© Ange-Gabriel OLINGA B. | Le Messager
Le représentant du ministère public, Jean Roger Owoundi, est à court d'arguments après son lâchage par ses principaux témoins.
© Ange-Gabriel OLINGA B. | Le Messager
Le représentant du ministère public, Jean Roger Owoundi, est à court d'arguments après son lâchage par ses principaux témoins.
Le fait pour la défense d'avoir
soulevé des irrégularités et sa demande d'annulation de la procédure
avaient fait dire à l'accusation que «la défense a peur des débats au
fonds». Après son réquisitoire sur le rejet de la demande de la défense,
Jean Roger Owoundi ne savait pas que son calvaire allait commencer
jeudi 22 mars 2012 lorsque la collégialité conduite par Boniface Libog,
premier vice-président de la Cour d'appel de l'Est, ordonnait
l'ouverture des débats en précisant que' nous allons statuer dans le
même arrêt sur les irrégularités soulevées par la défense». C'est
d'abord le très attendu maire de la commune de Yokadouma (Cy), Léon
Nkantio, qui va être appelé à témoigner en premier lors de la 4eme
audience en appel de l'affaire dite «ministère public (Mp) et CY contre
Paulin Abono Moampamb et autres pour co-action de détournement de
deniers publics» ces 22 et 23 mars à Bertoua. Après les caresses du Mp,
l'affrontement entre l'actuel maire et son prédécesseur a viré au
supplice du premier. Au point où, sentant son principal témoin vaciller,
Jean Roger Owoundi a fait des signes à l'ancien secrétaire d'Etat aux
Travaux publics lui demandant d'arrêter le massacre. En effet, se
fondant sur les dénonciations formulées en 2004 et envoyées aux diverses
autorités par Léon Nkantio, Paulin Abono Moampamb les a démontées une à
une. Faisant avouer à son successeur que «toutes mes dénonciations
reposaient non sur des provisions mais sur des prévisions».
Chef de centre départemental des Impôts C'est ainsi qu'Eithel Pandong, le délégué départemental des Forêts et de la faune de la Boumba et Ngoko, pourtant témoin de l'accusation, affirmera que «les 54.529.646 francs Cfa supposés être détournés par Paulin Abono au titre de la redevance faunique au cours du seul exercice budgétaire 2004 ne reflètent pas la réalité. Celle-ci est de 9.594.359 FCFA et aucune des quittances y relatives en notre possession ne porte le nom de Paulin Abono Moampamb.». En ce qui concerne les cotisations sociales, Joseph Marie Messina, le chef de centre de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) de la Boumba-et-¬Ngoko, va révéler que «sur les 90.048.654 francs Cfa que nous devait la Cy de janvier 2002 à août 2007, 56.226.727 francs Cfa ont été effectivement reversés.» Avant de poursuivre que «nous ne sommes pas devant cette cour pour dire que Paulin Abono Moampamb a détourné car le compte employeur que nous avons est au nom de la Cy qui n'est pas la seule du département à nous devoir.» Pour lui, «le fait qu'une commune doive à la Cnps n'est pas un détournement de denier public. C'est plutôt un manquement de l'employeur corrigé par nos mécanismes de recouvrement des dettes.» Et pour Me Bembel, «jusqu'en juin 2005, l'Etat du Cameroun avait épongé toutes les dettes des communes vis-à-vis de la Cnps. On ne saurait alors accuser notre client d'avoir détourné des sommes dont il n'avait plus la charge de payer.» Concernant la taxe sur la valeur ajoutée (Tva), Moussa Samba, le chef de centre départemental des Impôts, a été clair: «C'est le chef de centre principal de l'Est qui m'a envoyé ce document récapitulant la situation de la dette de la CY vis-à-vis du fisc» et finit par reconnaître que «les 408.641.929 francs Cfa dont il est question sont la dette de cette commune au 27 avril 2011» mais, conclut-t-il, «ce document ne reflète pas la situation réelle du non-reversement de la Tva par la commune». Après deux jours de débats, la cour a renvoyé la cause au 12 avril 2012 pour «continuation des débats et audition des accusés au cas où le ministère public maintient ses charges contre eux». |
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