Affaire Aboganena: L'audition d'un témoin impose le huis clos des débats

Yaoundé, 19 Août 2013
© EVARISTE MENOUNGA | Mutations

L'Officier de Police Onana Ambroise de la Direction des Renseignements généraux prétendait détenir des informations top secret.

L'affaire Aboganena, pourtant jugée en correctionnelle et dans le cadre d'un flagrant délit, est en passe de prendre toutes les allures d'une affaire d'Etat. Une autre preuve de la particularité de ce dossier a été offerte à l'audience du mercredi 14 août 2013 au cours de laquelle un témoin de l'accusation a eu droit à un traitement particulier à l'occasion de sa déposition fleuve devant le Tpi de Yaoundé centre administratif.

L'Officier de Police Onana Ambroise en service à la Direction des renseignements généraux a requis et obtenu du Tribunal, et grâce au Ministère public, un huis clos des débats, motif pris du caractère hautement sensible, névralgique et stratégique des informations en sa possession, informations ayant conduit à l’interpellation de Jean Marie Aboganena. Avant de décider de ce huis clos par jugement Add rendu séance tenante, le Président Dahirou a dû rapidement suspendre les débats - pour reprise à 18 heures -, suite à une tentative maladroite du Procureur de la République d'orienter les déclarations de son témoin. Une manœuvre rapidement démasquée par la défense qui fera valoir la nécessité de permettre au témoin d'éclairer le Tribunal sur les faits mis à la charge du prévenu via les réponses aux questions à lui posées. En défit des complaintes d'un officier de Police qui avouera au Tribunal son incapacité à pouvoir assumer la tâche à lui confiée dans les conditions actuelles du déroulement du procès. Le huis clos décidé par délibération du Tribunal aura rencontré la véhémente opposition, et des avocats de la défense, et du prévenu lui-même.

Pour Me Aboyoyo, l'audience étant publique et contradictoire, le huis clos ne peut s'appréhender que comme une atteinte au droit un procès équitable. Et de demander au Président Dahirou de libérer son client si le témoin ne peut pas éclairer le Tribunal. Même son de cloche de la part de Me Kéou qui martèle que si la direction des Renseignements généraux a des secrets à faire valoir, la justice n'est pas le lieu convenable pour les camoufler. «M. le Président, poursuit-il, vous rendez la justice au nom du peuple camerounais. Si un témoin n'est pas en mesure de déposer pour quelque raison que ce soit, il ne doit pas prendre la justice en otage. Qu'il se contente, suggère-t-il, de répondre, conformément à ce qu'il a dans le ventre, ou alors ce qu'on lui a dit de dire». Et Me Elame de regretter que le Procureur tente de mystifier la procédure en cours. Je voudrais, ajoute-t-il, que votre Tribunal constate que la gesticulation du Ministère public est de nature à créer le trouble à l'ordre public. Ce Monsieur qui se trouve en prison est un homme de presse. N'acceptez pas le huis clos.

M. le Président, je voudrais vous faire constater que le Ministère public est en train de vous manipuler: ne vous laissez pas prendre à ce jeu». Prenant le dernier la parole; Aboganena dénonce le retard pris pour citer le premier témoin de l'accusation. «C'est parce que le dossier est vide. Il n'ya rien, martèle-t-il, il n'ya pas de secret. Ce dont parle M. Onana, clame-t-il, n'a rien de secret. Il s'agit d'une note d'information concernant le Ministre Kamto dont je peux vous produire la copie. Ce que le procureur appelle renseignement, c'est ce que nous appelons en journalisme information». Des dénégations du prévenu qui n'empêcheront pas au Tribunal de vider la salle d'audience à 18heures pour un huis clos qui ira jusqu'à minuit.

Réquisitions et plaidoiries attendues ce 28 août 2013.


19/08/2013
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