L’Assemblée nationale n’était pas représentée au retour du chef de l’Etat de Paris.
Le fait est suffisamment inédit pour qu’on s’y attarde. Jeudi dernier, de retour de France où il a effectué une visite de travail de 10 jours, le président de la République, Paul Biya, n’a pas été accueilli à sa descente d’avion par le président de l’Assemblée nationale (Pan), encore moins par son représentant, comme il est de coutume depuis 30 ans. En effet, au bas de la passerelle, le chef de l’Etat a serré successivement la main, au Premier ministre, Philemon Yang, au ministre, secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh et au chargé d’affaires de l’ambassade de France à Yaoundé, Jean Charles Allard.
Dans le salon d’honneur de l’Aéroport international de Yaoundé-Nsimalen, ce sont les mêmes personnalités qui ont été reçues tour à tour en audience par le président de la République. Aucune trace de Cavaye Yéguié Djibril, qui a souvent le privilège d’inaugurer cette séquence, vêtu de ses majestueuses gandouras, le sourire compassé en coin. Mais que s’est-il donc passé pour que la deuxième personnalité du pays, au plan protocolaire, n’apparaisse pas dans le dispositif d’accueil du président de la République jeudi dernier ?
Contacté vendredi dernier, un proche collaborateur de Cavaye Yéguié Djibril a estimé, avec une pointe d’embarras, qu’il n y a pas de quoi fouetter un chat : «le président de l’Assemblée nationale est actuellement en déplacement à l’étranger. Le protocole d’Etat peut juger que la présence du Pan ou de son représentant n’est pas nécessaire pour une telle circonstance. Ce d’autant plus que jeudi dernier, il ne s’agissait pas d’une cérémonie classique ».
Cependant, notre expert tente des explications à cette absence du Pan, sous forme d’hypothèses. « Il est possible que ce soit un problème d’information. Officiellement, la visite de travail du chef de l’Etat en France courait du 28 janvier au 02 février 2013. Or, ce dernier a prolongé son séjour à Paris. Je présume que le président de l’Assemblée nationale n’a pas reçu l’information sur la date de retour du président Biya à temps, car tout ce qui se rapporte aux déplacements présidentiels est généralement entouré de mystère. Il est aussi possible que le Pan ait été informé en temps et en heure et qu’il ait décidé de dissimuler l’information, dans le but de ne pas permettre à son premier vice-président [Hilarion Etong, qui l’a souvent représenté, ndlr], qui est de l’aire socioculturelle de Paul Biya, de prendre goût aux fastes et honneurs liés à l’accueil du chef de l’Etat. De toutes les façons, pour couper court aux spéculations, le chef de l’Etat doit respecter son agenda officiel afin que ses collaborateurs ne prennent pas certaines libertés ».
Tout compte fait, à son arrivée comme à son retour de France, le dispositif d’accueil de Paul Biya à l’Aéroport d’Orly et de Yaoundé-Nsimalen s’est prêté à la controverse. L’absence du Pan à l’aéroport jeudi dernier survient surtout au moment où des informations rapportées par les hebdomadaires L’œil du Sahel et Repères font état de manœuvres dans les rangs des pontes du septentrion pour l’abandon du perchoir de l’Assemblée nationale et la reconquête du poste de Premier ministre, « stratégiquement profitable et perdu il y a 21 ans ».