Adamaoua: 18 chantiers publics abandonnés

Yaoundé, 23 Août 2013
© Adolarc Lamissia | Le Jour

 

Ils sont à l'arrêt depuis trois ans, sous le regard impuissant des populations et des autorités locales.

Au lieu-dit «Ancien marché de bœufs» à Ngaoundéré, un immeuble envahi par les herbes surplombe le quartier. Lundi, 19 août dernier, un homme est couché sur une natte devant un préfabriqué à l'entrée de l'immeuble. C'est Marcel, le gardien du chantier. Marié, deux enfants, il veille sur le chantier abandonné depuis octobre 2011. L'immeuble est censé abriter les services régionaux du Minesec. Hélas, les travaux lancés en 2001 sont suspendus. Ils étaient prévus pour durer 24 mois. Les Ets Kamga Simplice, en charge de l'ouvrage, ont quitté le site. A une dizaine de mètres de là, un autre bâtiment d'un niveau est submergé par des herbes folles. Ce qui devrait abriter la délégation régionale de la Culture et des Arts, a englouti 180 millions de FCFA, avant d'être abandonné. 

En contre-bas, l'école publique du «Marché de bœufs» attend depuis 2012 d'être achevée. La construction de la salle des travaux du lycée technique de Ngaoundéré est aussi à l'arrêt depuis plusieurs mois. La délégation régionale des Travaux publics a vu ses travaux de finition bloqués depuis 2010. La litanie des chantiers publics lancés en grande pompe et stoppés de manière inattendue est longue: la délégation régionale des Faunes et Forêts, le complexe multisports de Ngaoundéré, la case de passage de la gendarmerie à la compagnie de gendarmerie de Ngaoundéré, la route Ngaoundéré-Belel, la voirie urbaine de Ngaoundéré, la voirie urbaine de Meiganga, la salle des fêtes de la région, le projet d'électrification rurale de l'arrondissement de Bankim, les bâtiments de l'école publique de Bagogo. 

A qui la faute? «Chaque année, nous saisissons le Ministre des Travaux publics et celui du Développement urbain pour dénoncer l'abandon des projets. Nos réclamations sont restées, pour la plupart, vaines» expliquait il y a quelques mois Bobbo Hamatoukour, le Président du Comité régional du suivi du Bip dans l'Adamaoua. 

A la délégation régionale des Marchés publics, on a recensé 09 projets dont la gestion échappe aux responsables locaux. On reconnaît ici que la gestion de certains projets par les services centraux à Yaoundé est pour beaucoup dans ces abandons. De fait, certaines entreprises peu fiables, forte de leurs connexions dans les services centraux, fondent dans la nature, une fois l'avance de démarrage du chantier perçue et les premiers coups de proche donnés. Même les administrations qui auraient pu faire reculer les entrepreneurs véreux n'y échappent pas. Cas du chantier de la Cour d'appel de l'Adamaoua, sauvé in extremis par une entreprise plus crédible, appelée à la rescousse. «Nous sommes en train de voir comment relancer certains de ces projets. Les appels d'offres ont été passés pour certains chantiers», rassure le chef du service régional des contrôles à la délégation du Minmap. 

Pour l'année 2013, 225 millions de FCFA sont consacrés à la relance partielle des chantiers abandonnés. C'est le cas de la délégation régionale de la Santé, du complexe sportif de Ngaoundéré, de l'électrification rurale dans le Mayo Banyo, pour une enveloppe totale de 135 millions de FCFA.



25/08/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres