Depuis
quelques jours les réseaux sociaux et les médias nationaux sont
submergés de messages dithyrambiques à la gloire de Monsieur Joël Nana
Kontchou, nouvellement nommé à la tête de la filiale camerounaise du
fonds britannique ACTIS. Cette campagne de communication tous azimuts
est l’œuvre de quelques thuriféraires d’un nouveau genre tapis dans
l’encadrement sortant, en quête d’une promotion professionnelle ou d’un
maintien à leurs postes de responsabilités.
Les réactions dubitatives que suscite la diffusion de ces déclarations hystériques sur les compétences supposées ou réelles de ce compatriote, démontrent un désintérêt total du public pour cette actualité. Pour les consommateurs abusés et désabusés depuis plus d’une décennie, victimes de délestages et d’autres désagréments, il n’y a rien de nouveau sous le soleil du secteur de l’électricité au Cameroun. C’est tout simplement un non-évènement. Et lui-même (Joël Nana Kontchou) de déclarer - lundi 11 août 2014 à l’endroit de quelques uns de ses nouveaux collaborateurs: « …Nous allons nous fixer comme priorité numéro 1, le client. La satisfaction de ce dernier doit être le souci permanent de chacun de nous. Car celui qui paye pour notre service doit pouvoir en profiter. Rendre l’électricité disponible à nos clients et en récolter la juste contrepartie doit, plus que jamais, être notre mission quotidienne. Nous devons partager avec nos clients l'effort indispensable pour mettre à leur disposition une énergie régulière et de qualité. Nous avons besoin de leur soutien et ils doivent en tout temps savoir où nous en sommes… ».
C’est exactement avec la même rhétorique emprunte d’empathie et le même baratin redondant que Monsieur Jean David Bile Massuke - assurant la même fonction de directeur général - s’est adressé aux consommateurs durant près de 10 ans. Au final, rien n’a fondamentalement changé dans le quotidien des usagers de l’électricité. Au contraire, au fil des années, le prix du kWh n’a pas cessé d’augmenter et la qualité du service de se dégrader. L’ayant déjà dit par ailleurs, nous sommes persuadés que, comme ce fût le cas pour Sieur Bile Massuke « le Centralien », les talents «d’ingénieur polytechnicien de l’ENSPY hors paire », de « manager chevronné » et tous les autres qualificatifs saugrenues dont les flagorneurs de tous bords affublent Monsieur Nana Kontchou, vont très vite se heurter à la logique spéculative et du maximum de profit qui semble être le leitmotiv du fonds d’investissement britannique ACTIS (son patron et le véritable donneur d’ordres). Par conséquent, pour les consommateurs d’électricité la sortie du tunnel n’est malheureusement pas pour demain.
Les délestages sauvages, devenus emblématiques des années AES au
Cameroun, vont certainement se poursuivre. Pendant ce temps et comme par
le passé, nous serons invités à continuer à nous rendre sagement chaque
mois devant les guichets bondés pour payer nos quittances
malicieusement surfacturées, attendant durant plusieurs mois la
réalisation d’un banal branchement, se contentant d’apprécier la
distribution des milliards de Fcfa de bonus annuels aux dirigeants
d’ACTIS et contemplant sans broncher ses résultats financiers radieux
colportés par les médias nationaux et internationaux. Bref, les
consommateurs n’attendent absolument rien de la nomination de Monsieur
Joël Nana Kontchou à la tête de cette entreprise. Pour la simple raison
qu’être ingénieur - fût-il brillantissime - n’est pas un prérequis
suffisant pour juguler les maux qui minent le secteur de l’énergie
électrique au Cameroun.
Comme son prédécesseur, du fait qu’en réalité il n’a aucune marge de manœuvre personnelle, il sera forcément et exclusivement au service des intérêts de ceux qui l’on désigné à ce poste. Mais, pour le RACE (Réseau associatif des consommateurs de l’énergie), ce calvaire continuel des usagers n’est pas une fatalité. Tout d’abord, nous les exhortons à ne pas se laisser distraire par le tintamarre de cet étrange concert d’éloges et ce bal des hypocrites autour de la personne de Monsieur Joël Nana Kontchou.
Ensuite, nous leur rappelons qu’en vertu de la loi et du Règlement du service, chaque consommateur est de facto (directement ou indirectement) lié par un contrat commercial avec cet opérateur - concessionnaire de fait et de droit, depuis le 23 mai 2014, du service public de l’électricité. Les consommateurs doivent par conséquent user sans retenue de ce cadre juridique pour dénoncer individuellement ou collectivement la moindre entorse aux engagements commerciaux et règlementaires.
D’ailleurs le RACE et d’autres organisations de défense des consommateurs se proposent de les accompagner gratuitement dans d’éventuelles procédures devant les tribunaux. Enfin, nous ne le dirons jamais assez, après avoir enrichi les fonds de pensions américains - actionnaires du groupe AES Corporation - pendant plus de 13 ans, nous refusons de renflouer le fonds d’investissement britannique ACTIS sans une juste contrepartie. L’accès à l’énergie est un droit essentiel et inaliénable !