Achille Wouagoum : L’avenir est incertain
Achille Wouagoum : L’avenir est incertain
Le délégué des étudiants de niveau 3 en géographie à l’université de Dschang dit avoir fait face à plusieurs tracasseries.
Qu’est
ce qui vous a poussé à postuler pour le recrutement de 25000 jeunes
diplômés à la fonction publique, à partir de la région de l’Ouest ?
Je
suis ici [à Bafoussam] pour devenir fonctionnaire. Candidat à ce
recrutement de 25 000 jeunes diplômés, je suis étudiant de géographie, à
l’université de Dschang. Ma spécialité, c’est l’environnement et
développement.
Un recrutement comme celui-ci glane une
affluence assez considérable et visiblement incontestée. Ce qui amène
les officiels à procéder par enregistrement et par distribution des
tickets numérotés. Alors, quelle position occupez-vous ?
Le bout
de carton qu’ils m’ont remis mentionne que j’occupe le 1191ème rang pour
le compte de la journée du mercredi, 16 mars 2011. Parce que chaque
jour, il y a des listes que l’on façonne à l’attention des postulants.
Donc, j’attends encore mon tour, parce que sur la liste des candidats
qui ont été enregistrés la veille, le lecteur a amorcé le 600ème nom.
Pourquoi
avoir choisi de se jeter à l’eau pour ce recrutement, alors que vous
êtes encore sur les bancs ? N’est-ce pas précoce de vouloir à tout prix
travailler ?
J’ai opté pour ce recrutement, parce que l’avenir
est incertain. Je ne sais pas si au moment où j’obtiendrai ma licence,
on pourra encore lancer un tel recrutement. Je me dis que, si je suis là
[à la Fonction publique], ou tout au moins, si l’on pouvait me
recruter, plus tard, avec mon diplôme de licence, je pourrai faire autre
chose, en sachant que mon avenir est assuré.
Avez-vous déjà fait des concours ?
J’ai
déjà fait beaucoup de concours d’entrée à la Fonction publique, sans
succès. Environ sept au total, j’en veux pour preuve, des récépissés de
certains d’entre eux que je détiens actuellement. Depuis 2003, et ce
jusqu’en 2005, j’ai fait le concours de la Gendarmerie. Puis s’en sont
suivis respectivement : les examens d’entrée au Centre national de
jeunesse et des sports (Cenajes), les Greffiers adjoints (Ga), les
Cadres d’appui au ministère de la Santé publique, et j’en oublie
certainement.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées jusqu’ici ?
Tout
a commencé à la délégation régionale des enseignements secondaires,
pour le retrait des diplômes, de la promotion 2008, et je puis vous
assurer que cela n’a pas du tout été chose facile, au vu du monde qui
s’y est retrouvé. Malgré l’organisation et la discipline mises sur pied,
pour faciliter le retrait du parchemin, je m’en suis tiré presque aux
environs de 16 heures (avant-hier, mercredi). C’est un véritable
parcours du combattant.
Face à cette pléthore de candidats, vous êtes un postulant plutôt découragé avant la lettre ?
Pas
du tout. Se décourager, alors qu’on est loin de soupçonner les choix
qui seront opérés, c’est trop dire. Je pourrais être le meilleur, mon
profil pourrait être compétitif. Et en plus de cela, même pour le fait
de se décourager, je n’en ai même pas la moindre intention. Car, cette
opération étatique pourra constituer une banque de données à l’Etat. Ce
dernier pourra à partir de là, pourquoi pas, faire des statistiques et
savoir qu’il y a par exemple tel nombre de jeunes, qui ont tel âge, et
tel niveau. De sorte que plus tard, l’on puisse les injecter dans des
projets structurants. Ou encore l’Etat peut se projeter par rapport à
l’avenir des jeunes, en créant d’autres formations en sachant qu’il y a
des jeunes en attente, et les orienter même pour des formations. Parce
que, aujourd’hui, lorsqu’on dit par exemple être titulaire d’un Bepc +
un diplôme en secrétariat, cela ne peut dépasser personne. Surtout qu’il
faut savoir que tout cela peut ouvrir des portes.
Propos recueillis par Robert Nkaké (stagiaire)