Henriette Ekwe, Hillary Clinton et Michelle Obama - USA 2011
Photo: © HE
Les journalistes, les fans et les membres de la famille d’Henriette
Ekwè, sont venus nombreux hier soir, pour réserver un accueil le plus
chaleureux à la lauréate africaine du prix féminin. L’Airbus Air France
au bord duquel se trouvait la journaliste, a touché le tar mark de
l’aéroport international de Douala à 19h35. Elle a été reçue en grande
pompe par ses confrères venus nombreux, lui exprimer leur reconnaissance
au motif de cette distinction que vient de lui conférer le département
d’Etat américain la semaine dernière. Elle a reçu le 8 mars dernier,
des mains de la première dame des Etats-Unis, Michelle Obama, et le chef
de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, le prix du secrétaire
d’Etat américain. Cette cérémonie coïncidait avec la journée
internationale de la femme, qui n’avait pas meilleure occasion de
reconnaître et porter au goût du jour l’œuvre d’une combattante de la
liberté et de l’émancipation des couches sociales défavorisées.
Henriette Ekwe, journaliste, directrice de la publication de
l’hebdomadaire Bebela, a donc reçu ce jour à Washington, le Prix du
courage féminin (International Women of courage) du secrétaire d’Etat
américain.
Henriette Ekwe, Hillary Clinton et Michelle Obama - USA 2011
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Sélectionnée à travers dix femmes à travers le monde pour recevoir
ce prix, Henriette Ekwe, aux dires de l’ambassadeur des Etats-Unis au
Cameroun, Robert Jackson, «a été choisie en raison de son courage
exceptionnel, son engagement et son leadership dans la promotion de la
démocratie, de la transparence, des droits de l’homme et l’état de droit
au Cameroun. Elle est un témoignage vivant du courage des femmes à
travers le monde qui se battent pour la justice sociale et la liberté
politique. Le Cameroun devrait être fier d’elle. Nous espérons que ce
prix va inspirer d’autres camerounais à participer activement dans
l’évolution démocratique du Cameroun.» le comité d’accueil constitué
essentiellement des journalistes de la presse privée, a démontré autant
qu’il pouvait, aux yeux de nombreux curieux et de fins limiers venus
pour la circonstance, que cette femme de poigne et digne de
respectabilité méritait une reconnaissance aussi bien de la société
civile, des hommes politiques que de l’Etat. Après quelques échanges
avec échanges avec ses confrères, elle a pris la direction de Bonabéri
où l’attendait son père âgé aujourd’hui de 100 ans. C’est après cette
chaleur paternelle qu’elle devait son domicile au quartier Bonakamouang.
Ce prix a été lancé en 2007 par Condoleezza Rice, alors secrétaire
d’Etat américain, le Prix du courage féminin du Secrétaire d’Etat
américain, et a déjà honoré des dizaines de femmes à travers le monde
qui ont su faire preuve d’un courage exceptionnel, d’une force et d’un
leadership dans la défense des droits de l’homme, de liberté, de la
justice sociale, de l’égalité et l’émancipation des femmes. Il est
important de rappeler que c’est la première fois qu’une camerounaise est
sélectionnée pour ce prestigieux prix et que Henriette Ekwe est
l’unique lauréate originaire d’Afrique. Les autres récipiendaires
viennent de Chine, Biélorussie, Hongrie, Jordanie, Afghanistan,
Pakistan, Kirghizstan, Mexique et Cuba.
Journaliste puis chroniqueur à «La voix du Cameroun», organe de
propagande de l’Upc et à la Nouvelle Expression puis au Front,
Henriette Ekwe a créé le 11 juin 2008 son hebdomadaire qu’elle baptise
Bebela, «la vérité »
Henriette Ekwè: «J’ai porté la voix de ma profession aux Etats-Unis»
La lauréate du prix féminin du courage décerné par le département
d’Etat américain revient sur les moments forts de son séjour américain.
Vous revenez des Etats-Unis où vous avez reçu un prix. Quel sentiment vous anime en ce moment ?
Pendant la cérémonie, j’étais très émue parce que le drapeau
camerounais était à tous les niveaux, vraiment au plus haut niveau, à la
Maison Blanche aussi. Mais on n’a pas rencontré le président Obama,
parce qu’on disait que c’était le jour où Kadhafi était prêt à partir,
donc il était un peu occupé. Mais il y a eu cette cérémonie au
département d’Etat. Après, nous avons été invitées à la Maison Blanche
par la première dame. A la cérémonie, il y avait six femmes simplement
parce qu’il y en a qui ne sont pas venues, notamment la Cubaine et la
Russe ; et j’ai été chargée par Mme Hillary Clinton de remercier le
département d’Etat au nom de toutes les femmes. C’est pour cela que vous
m’avez vue lire le discours.
Décrivez nous cette cérémonie du pays de l’Oncle Sam ?
Disons qu’il y a quelques clichés qu’on connaît de notre presse
là-bas. En dehors de feu Pius, ils ont l’impression qu’il n’y a plus de
journaux, qu’il n’y a plus de batailles et je leur ai dit que la presse
camerounaise est une presse intrépide qui, avec très peu de moyens, fait
un très grand travail de transparence dans notre pays.et qui fait
avancer le processus démocratique. Ceux qui m’entourent à mon arrivée
sont les journalistes et je m’en réjouis énormément. Je dis que ce prix
est aussi le leur.
A qui dédiez-vous ce prix ?
Je dédie ce prix à mon père qui a cent ans et qui, même quand
j’étais en prison, à quatre-vingt ans, venait me voir tous les matins.
Je le dédie aussi combattants de l’Upc qui se sont battus, qui sont
morts dans l’anonymat et à tous mes confrères de la presse pour le
travail qu’ils ont fait ces 20 dernières années. Et là c’était très
important, on a discuté et demandé les moyens qu’on peut mettre en jeu
pour développer la presse. J’ai porté la voix de ma profession aux
Etats-Unis. Je vous dédie ce prix parce que de temps en temps, nous
étions en situation inconfortable.